Tous les ténors des compagnies à bas
tarifs rendent hommage aujourd'hui à ce précurseur.
Ryanair, EasyJet, Virgin lui doivent d'avoir créé un
précédent il y a 40 ans déjà, à une époque où les
"Majors" régnaient en maître et sans partage sur le
marché du transport aérien mondial. Aujourd'hui,
plusieurs de ces mêmes "Majors" acharnées à la perte de Laker ont disparu de la scène comme British Caledonian,
Pan Am, Sabena, UTA, Swissair ou le constructeur Mc
Donnell Douglas.
Mais gardons nous
d'oublier que très rapidement, Sir Laker allait faire des
émules et la relève n'allait pas tarder à arriver même en France avec des
pionniers presque oubliés aujourd'hui. Je voudrais vous
en rappeler deux. |
Créée en 1975 par un ancien pilote de
chasse du groupe "Lafayette" durant la 2GM, la compagnie
"Minerve" va rester cantonnée dans les vols moyens
courriers à attendre 5 ans le feu vert de la DGAC pour
opérer des vols longs courriers vers les DOM-TOM, chasse
gardée de UTA et Air France. Chaque acquisition de
nouvel avion va requérir l'aval d'une administration
plus portée à protéger les intérêts des grandes
compagnies régulières qu'à offrir une alternative aux
passagers.
Malgré les autorisations officielles
enfin obtenues, les tracasseries administratives vont
continuer afin de décourager toute concurrence
franco-française, à l'exemple de ce télex envoyé par
R.F. Meyer à la DGAC.
En voulant élargir sa clientèle,
Minerve va s'associer avec le Club Med qui finira par
devenir majoritaire dans le capital. RF Meyer va perdre
les commandes de sa compagnie qui va fusionner avec AOM
pour devenir...AOM (Air Outre-Mer Minerve) avant de
s'associer cette fois avec "Air Liberté" pour devenir "Air Lib"
et finir par disparaître.
A l'origine, en 1965, il y a une bande
de copains qui veulent voyager moins cher, l'exemple de
Laker va bientôt leur montrer que c'est possible.
L'association "Le Point Mulhouse" est créée et prend
très vite de l'ampleur en Alsace, mais aussi à Paris,
Lyon ou Marseille. Elle affrète des vols vers l'Afrique,
l'Inde ou l'Amérique du Sud auprès de compagnies charter
régulières comme "Balair" en Suisse. Mais lasse de dépendre des autres, en 1976
l'association va créer une compagnie charter long courrier
et un B707 est acheté en pool avec la chambre de
commerce des Antilles, mais c'est l'échec financier.
Maurice Freund, le président du Point
Un second B707 va permettre au Point de
lancer des vols vers Ouagadougou 5 fois moins cher que
UTA ou Air Afrique qui détiennent alors le monopole. Le
tourisme solidaire se porte bien et créé un flux de
passagers vers plusieurs pays africains impossible à
transporter aux tarifs des vols réguliers. Mais "Le
Point" gène de plus en plus de monde. "Point Air" est
officiellement créé en 1981.
Trop bruyant pour certains aéroports, les B707 sont abandonnés
pour le DC8. A partir de 1982, les ouvertures de lignes
se succèdent vers La Réunion et les Antilles depuis
l'aéroport de Bâle-Mulhouse. L'autorisation de vol de la
DGAC exige comme condition express de
transporter 50% d'étrangers, Suisses ou Allemands. (!)
Les deux DC8 du "Point Mulhouse" sur le parking de
l'Euroairport (aéroport de Bâle-Mulhouse)
D'autres projets sont dans les cartons
pour les quelques 700 000 membres de l'association "Le
Point Mulhouse" avides de voyager. Par exemple
Paris-Figari à 680 F l'AR contre 1600 F par Air France.
Pour le vol retour, certains sièges sont même offerts
plutôt que de rester libres.
Les succès des vols de "Point
Air" lui valent même une grève chez Air France, jalouse
de son monopole. Alors les grands moyens sont employés
pour tuer "Le Point". Des "contrôles inopinés" des
fonctionnaires de la DGAC sont effectués sur les avions du Point et concluent à des infractions à la sécurité. Les 2 DC8 sont
immobilisés au sol durant 6 semaines, le temps de couler
les finances de l'association qui doit rapatrier ses
voyageurs sur des vols réguliers au plein tarif, bien
évidemment.
La compagnie aérienne Point Air ainsi
que l'association Le Point Mulhouse vont déposer leurs
bilans en 1988 et les avions seront vendus. Quelques
avoirs seront repris par Minerve qui va créer une
filiale sur l'aéroport de Bâle-Mulhouse: "Jet Alsace".
Elle va durer quelques années avant de disparaître aussi.
De son côté Maurice Freund va prendre
du recul, écrire un livre et...retourner en Afrique. Au
début des années 2000, il va créer une nouvelle
association, selon les mêmes idées que
, c'est
avec la compagnie
aérienne
, histoire de découvrir la
réalité africaine autrement qu'avec les circuits
traditionnels. Un vœux pieu, une volonté farouche ou un
besoin réel ? L'avenir seul jugera si à 30 ans d'écart,
l'idéal humaniste des "68 hards" (!) survit
encore aujourd'hui. Une adresse à consommer sans
modération:
http://www.point-afrique.com/