Indonésie: Crash perdu ADAMAIR

 
 

Le 1er janvier 2007, le Boeing 737-400 PK-KKW de la compagnie indonésienne ADAMAIR disparaît des écrans radar au cours d'un vol entre Surabaya dans l'île de Java et Manado dans le Sulawesi (Célèbes).

102 personnes sont à bord, 96 passagers dont 4 enfants et 6 membres d'équipage.

Quelques heures plus tard, un communiqué officiel annonce la découverte de l'épave par des villageois dans une région boisée et difficile d'accès. Une douzaine de survivants a même été vu. Le repérage de la zone du crash aurait été facilité par deux messages de détresse lancés par les pilotes. Déjà des secouristes sont en route et parmi les familles éplorées qui attendent à l'aéroport, l'espoir renaît de voir son parent se trouver parmi les 12 survivants annoncés.

De nouvelles heures s'écoulent quand un véritable coup de tonnerre éclate. L'épave n'est pas à l'endroit annoncé! Elle n'a jamais été repéré. C'était une fausse information, comme les survivants présumés, comme les signaux de détresse des pilotes. Les plus hautes autorités indonésiennes présentent des excuses publiques et tentent de comprendre comment une telle information, évidemment non vérifiée, a-t-elle pu être diffusée dans tout le pays, puis dans le monde entier.

Le mensonge éclate aussi à l'aéroport où attendaient toujours anxieusement les familles!

Les recherches reprennent de plus belle sans aucune délimitation de zone cette fois car l'avion volait à autre altitude et aucun message de détresse ni d'alerte de panne n'a été lancé. Seule une mauvaise météo avec des vents de 150km/h a été constaté. Avec la dérive, le crash peut autant se situer en mer qu'à terre où la végétation très dense peut également dissimuler l'épave.

A partir de 4 janvier 2007, plus de trois jours après la disparition de l'avion, des avions civils et militaires patrouillent en force sur l'axe de vol pressenti. Un avion singapourien et un américain participent aussi aux recherches.

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Voici un dossier très complet sur la compagnie AdamAir ainsi que sur les mœurs dans l'aérien en Asie du Sud-est:

http://www.securiteaerienne.com/guest-post-adam-air-vol-574-la-chute-incomprise/

 

 

Deux vues du Boeing 737-400 immatriculé PK-KKW disparu.

 

L'Indonésie, un pays aux 13000 îles. Sulawesi (archipel des Célèbes) est en grande partie inexploré. Une végétation luxuriante et un relief tourmenté peuvent rendre la découverte du Boeing 737 très longue, difficile, voire impossible.

 

Seul le signal d'une balise aurait pu  permettre de repérer l'épave dans les premières 48h avant que les piles ne soient vides. Reste le signal émis par les "boîtes noires" durant environ un mois à condition qu'elles ne soient pas détruites.

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Les moyens aériens militaires et civils poursuivent leurs recherchent plusieurs jours après la disparition, mais c'est comme chercher une aiguille dans une meule de foin.

       

Survol de la région                                                Un embarquement à bord d'un B737 de la  compagnie ADAMAIR

                              

Les médias du monde entier se font une obligation de parler de la disparition de l'avion, mais sans épave à montrer, les seules images diffusées restent celles des familles éplorées.

On s'interroge bien évidemment sur les raisons et l'identité des personnes qui ont lancé ces fausses informations sans réfléchir à l'impact psychologique sur les familles.

   

Le pire reste tout de même qu'une information capitale a pu être diffusée dans le monde entier sans que les autorités locales ou les journalistes ne l'aie vérifiée.

Si le besoin pressant d'être rassuré après un drame est bien dans la nature humaine, il ne doit tout de même pas empêcher les responsables des infos de garder leur sang-froid.

 

A l'aéroport de Djakarta, une gerbe de fleurs blanches a été déposée devant le comptoir de la compagnie.

Le Président indonésien a ordonné qu'une commission se penche sur l'état gravissime du fonctionnement des transports dans le pays où les accidents  aériens et maritimes meurtriers se succèdent.

Espérons que la dite commission pourra remplir son rôle dans un pays miné par la corruption.

 

Le 8 janvier, soit une semaine après la disparition du Boeing 737, aucun indice n'est apparu.

Ce sont à présent 2700 policiers, militaires et secouristes qui participent aux opérations de localisation sur terre, sur mer et par air.

La météo est difficile en cette saison dans la région et dégradent souvent la visibilité quand elles n'interdisent pas tout décollage.

«Nous avons élargi les zones où nous effectuons des rotations dans la mer» dans la région de l'île de Célèbes, également appelée Sulawesi, a indiqué Ikhsan Tatang, directeur général du ministère des Transports.

«Et même sur terre, nous avons étendu les zones de recherche, par exemple d'un rectangle de 10 sur 20 kilomètres à un rectangle de 20 sur 40 kilomètres», a-t-il ajouté.

Une équipe d'experts en aviation américains assiste à présent les recherches. Les Etats-Unis ont également proposé d'exploiter leurs images satellite pour tenter de localiser l'appareil. Singapour a de son côté envoyé un Fokker-50 pour aider aux recherches.

Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a ordonné de poursuivre la quête de l'avion de ligne sans limite de temps.

Il semble qu'après les dégâts psychologiques causés par les premières déclarations erronées, les autorités mettent un point d'honneur à retrouver l'avion.

Cette recherche difficile d'une épave probablement réduite en miette prouve bien les difficultés à localiser un crash dès lors qu'aucune balise n'envoie de signal de position.

Il existe encore tant de zones sauvages ou très peu fréquentées sur la planète qu'il va falloir vraiment cette fois tirer toutes les conséquences de cet accident. En l'occurrence installer à bord des avions un système d'alerte de position automatique, fiable et durable à l'image des enregistreurs de bord, pour aider les secours à localiser rapidement l'endroit.

Les survivants éventuels d'un crash ne peuvent pas attendre trop longtemps sous peine de voir réduites à néant leurs chances de survie.

 

Des manifestations ont lieu à Djakarta pour dénoncer "l'avion de la mort" dont une maquette est brûlée devant le siège de "ADAMAIR"

Alors que pendant ce temps, un office religieux à la mémoire des 102 victimes se tenait dans un hangar de l'armée de l'air en présence des familles, comme ici, à droite, les épouses des membres de l'équipage.

Une semaine après ce que tout le monde considère à présent comme un crash, les proches ont perdu pratiquement tout espoir qu'il y ait des survivants.

 

   

Néanmoins les recherches continuent sur terre et sur mer appuyées par plusieurs avions CN-235, N-250 et hélicoptères "Puma"

   

Dans la journée du 9 janvier, des débris détectés sous l'eau vont orienter les recherches dans le détroit de Macassar. 

        

 

En fait, ce ne sont pas les importants moyens navals, aériens et terrestres qui vont enfin permettre de découvrir des débris du Boeing de ADAMAIR, mais un simple pêcheur, dans le détroit de Macassar, au nord-ouest de l'archipel, ont déclaré jeudi, 11 janvier 2007 des hauts responsables des équipes de recherches, confirmant la thèse du crash.  

Il s'agit d'une partie de l'aileron stabilisateur de droite de l'appareil, son numéro de série  65C25746/76, confirmé par la compagnie Adam Air, appartient bien au Boeing disparu.

La chaîne de télévision Metro a diffusé des images d'un fauteuil d'avion et d'un gilet de sauvetage orange provenant apparemment de l'appareil, découverts à proximité. La télévision a également montré le corps d'une femme rejeté sur la côte, mais a cité un médecin déclarant que le corps n'avait été dans l'eau que cinq jours.

Les recherches continuent, plus de 10 jours après la tragique disparition.

 
 

Le 23 janvier 2007, la compagnie ADAMAIR a annoncé vouloir indemniser les passagers du vol disparu, par une déclaration de son président Adam Aditya Suherman : " Tous les passagers sont assurés, mais, en témoignage de notre sympathie, nous avons décidé d'offrir un dédommagement de 500 millions de roupies qui sera versé aux héritiers." (environ 55 000 $)

Si cette somme est inférieure aux standards internationaux et à la convention de Montréal qui fixe le minimum à 135 000 $ sans faute avérée du transporteur, n'oublions pas que pour l'instant, les personnes à bord de ce B 737 ne sont pas considérées comme décédées, mais disparues.

Alors que l'épave et les boîtes noires de l'appareil étaient toujours recherchées 23 jours après la disparition, le vice-président indonésien a indiqué que ces opérations n'allaient pas durer indéfiniment. " Les recherches de l'avion disparu ont bien sûr une date limite. Il n'est pas possible de chercher continuellement pendant un an", a-t-il précisé.

Il ne reste plus qu'à espérer en un concours de circonstances favorable pour "tomber" un jour, ou jamais, sur les débris du vol "ADAMAIR".

 

Le 25 janvier 2007, un navire d'études océanographiques américain, le "Mary Sears", grâce à un sonar perfectionné, aurait détecté des signaux ultra-sons provenant des "boîtes noires" dans le détroit de Macassar. Aucune indication sur la profondeur pour l'instant.

La navire US, qui participe aux recherches depuis le premier jour, aurait  également signalé une vaste zone de débris qui pourrait provenir de l'avion. L'attente continue.

 

 

 

     

Confirmation fin janvier 2007, les boîtes noires reposent par environ 1.600 mètres de profondeur dans le détroit de Macassar, séparant les îles de Bornéo et de Célèbes. Ne disposant d'aucun moyen sous-marin, l'Indonésie va demander l'aide des Etats-Unis pour les remonter. Face au mystère complet du vol d'ADAMAIR, elles devraient permettre de se faire une idée sur les derniers moments du Boeing 737.

24 août 2007: Tentative de repêchage des boîtes noires 

Un navire américain équipé de petits sous-marins et de grues, spécialisé dans les travaux sous-marins et la récupération d'épaves englouties, va tenter de repêcher les "boîtes noires" du Boeing 737.

Après 24 jours de recherche, un robot sous-marin les avaient  repérées par 1700 à 2000 mètres de fond dans le détroit de Macassar, au large de Majene, mais certains experts craignent pour la conservation des données à une telle profondeur.

"Nous nous sommes clairement engagés à découvrir ce qui est arrivé à l'avion, et c'est aussi le souhait des familles des victimes", a déclaré M. Sudrajat, porte-parole de Adam Air.

Le 28 août enfin, les deux enregistreurs sont remontés. Ils étaient à 1400 m l'un de l'autre par 2000 m de profondeur.

Il se dit que le processus de recherche des boîtes noires a été retardé par des désaccords entre le gouvernement et Adam Air sur la prise en charge de son coût.

 
Le CVR tel qu'on peut l'écouter sur Youtube
https://www.youtube.com/watch?v=WLtkoQUqEHw
 

Voici les conclusions de l'enquête selon wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Vol_574_Adam_Air

L'enquête a révélé que 9 minutes après avoir atteint son plafond de 22 000 pieds, la trajectoire de l'avion a commencé à dériver et se diriger vers un orage11.

Le contrôleur aérien s'en est aperçu et a prévenu l'avion. Le copilote a demandé la position de l'avion. La dérive est alors attribuée au système de navigation par inertie (INS), dont les deux instruments donnaient des données contradictoires11.

Dans le cockpit, les pilotes commencent à consulter les check-lists de procédure en cas de défaillance de l'INS, ce qui a détourné leur attention du pilotage alors même que l'avion entrait dans une masse orageuse. De plus, le commandant et le copilote n'étaient pas d'accord sur les causes de la dérive11.

- Commandant : «L'INS est erroné.»

- Copilote « Mais le défaut doit être acquitté, commandant.» (Fault must be cleared)

- Commandant « Oui, ce n'est pas un défaut.»

- Copilote « Alors au sol, en vol. Celui-ci au sol. INS défaut 11.4.»

Le pilote pensait que son INS fonctionnait normalement. A 13:56, la visibilité était très faible et le pilote a commuté l'INS du mode navigation (qui de toute évidence déviait l'avion) en mode attitude, qui doit maintenir l'avion en palier et en ligne droite. Ce changement de mode doit être accompagné d'un maintien de l'appareil en palier pendant 30 secondes, le temps de réinitialiser le pilote automatique (AP). L'équipage fait une lourde erreur en ne respectant pas cette procédure11.

Le pilote automatique s'est alors automatiquement débrayé, mais l'équipage ne s'en est pas aperçu. La correction automatique d'assiette qu'effectuait jusqu'alors le pilote automatique s'est trouvée désactivée, et l'avion a commencé alors à pencher vers la droite, à raison d'un degré par seconde. L'équipage, spatialement désorienté, et focalisé sur la défaillance de l'INS, ne s'est pas rendu compte de cette inclinaison. Lorsqu'une alarme a signalé une inclinaison supérieure à 35°, le commandant -toujours spatialement désorienté- n'effectua qu'un léger ajustement, croyant que le pilote automatique ferait le reste, et s'est à nouveau focalisé sur l'INS.

L'appareil a continué à virer et à prendre de la vitesse jusqu'à ce qu'il soit à l'envers. Il s'est alors engagé dans une vrille tout en atteignant une vitesse supérieure de 150 km/h aux capacités de résistance de sa structure (VNE). Le pilote ne pouvait plus redresser l'appareil et, à 13:59, la carlingue s'est disloquée en vol sans qu'un mayday ait été envoyé ; les débris tombèrent dans le détroit de Makassar11.

L'enquête révéla que l'INS avait été signalé défaillant depuis longtemps, et que cette défaillance n'avait pas été réparée par la maintenance d'Adam Air qui, au lieu de le remplacer, l'avait déposé, nettoyé, remonté, et simplement testé au sol. La principale cause de l'accident fut attribuée à une série d'erreurs de pilotage révélant une formation insuffisante des pilotes d'Adam Air, notamment aux procédures en cas de défaillance de l'INS.

Un autre incident, survenant l'année suivante chez Adam Air, conduira au retrait définitif de la licence de navigation de la compagnie, ainsi que d'une cinquantaine d'autres compagnies à bas coûts opérant en Indonésie.