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Le 29
octobre 2018, le Boeing 737 MAX 8 PK-LQP de la compagnie Lion Air,
vol 610, avec 189
personnes à son bord, s'est abîmé au large des côtes indonésiennes et a
coulé en mer 12 minutes après son décollage de Jakarta à destination
de Pangkal Pinang, une ville de l'île de Bangka, au large de
Sumatra.
L'appareil était entré en service au mois d'août précédent et n'avait
effectué que 800 h de vol. 3 minutes après le décollage, le pilote
avait demandé à revenir à l'aéroport de la capitale, signalant des
problèmes de commandes de vol, peu avant que le contact ne soit
rompu avec le contrôle aérien. |
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Les
enquêteurs indonésiens ont indiqué que l’appareil avait eu des
problèmes techniques au cours de ses quatre derniers vols, dont un
vol marqué par des problèmes simultanés des capteurs d’incidence et
de l’anémomètre (qui mesure la vitesse). Au cours d’un vol entre
Bali et Jakarta, le dernier avant le crash. Les deux capteurs
d’incidence de l’appareil (AOA) montraient une différence de 20 degrés,
alors qu’ils auraient dû indiquer la même valeur, a indiqué Soerjanto Tjahjono, chef du comité de sécurité des transports
indonésien.
Les
mécaniciens avaient remplacé les deux sondes AOA à Bali avant de
renvoyer l’avion vers Jakarta, mais l’anomalie s’était produite de
nouveau, entraînant l’avion dans un piqué que les pilotes avaient pu
maîtriser et réussi malgré ce problème à faire atterrir l’appareil à
Jakarta, après avoir volé à une altitude plus basse que celle
programmée. L’avion avait fait l’objet de réparations avant d’être
remis en service.
La sonde
défaillante du vol Bali-Jakarta, qui avait été remplacée, sera
envoyée au constructeur pour examen. |
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Le FDR récupéré par les plongeurs |
14 novembre 2018
Selon le "Wall Street
Journal" (WSJ),
Boeing aurait passé sous silence
des informations sur des dangers potentiels liés au système
anti-décrochage de ses 737-MAX 8 et 737-MAX 9, qui pourrait avoir
contribué à l'accident meurtrier de Lion Air fin octobre.
Le WSJ, citant des experts de la sécurité
impliqués dans l'enquête, des responsables de la Federal aviation
administration (FAA) et des pilotes de ligne, indique que le système
automatisé pour éviter le décrochage des 737-MAX 8 et 737-MAX 9 peut
"dans des conditions (de vol) inhabituelles" faire piquer du nez
l'avion "de façon si brusque que les équipages ne seraient pas en
mesure de rattraper l'avion" et l'entraînerait ainsi dans un piqué et un
potentiel accident.
Un tel scénario aurait été évoqué
seulement une semaine après l'accident, selon le WSJ, relevant la
"surprise de nombreux pilotes" d'apprendre une telle nouvelle alors
qu'ils n'ont pas été entraînés à l'éventualité d'un tel
dysfonctionnement technique.
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14 novembre 2018
La FAA a
publié d'urgence
une consigne mettant en garde les pilotes qu'un ordinateur du 737
MAX était susceptible de contraindre l'appareil à descendre à toute
vitesse pendant une période pouvant aller jusqu'à 10 secondes et ce
même en cas de pilotage manuel, ce qui, le cas échéant, rend le
contrôle de l'avion difficile.
Les
pilotes peuvent empêcher cette réponse automatique de l'avion en
appuyant sur deux boutons en cas de comportement inhabituel du
système, a précisé la consigne. Mais la question se pose aujourd'hui
pour savoir si les pilotes sont suffisamment formés pour bien réagir
à ce type de situation et de combien de temps ils disposent pour le
faire. |
Ainsi, Boeing, imitant en
cela Airbus, a installé discrètement des systèmes de
sécurité informatiques complexes pour "protéger" les
pilotes d'une erreur. Comme Airbus qui n'estimait pas
nécessaire d'informer les pilotes de particularités
techniques qu'ils n'ont pas à connaitre n'étant que de
"simples chauffeurs de bus", Boeing n'a pas expliqué aux équipages du
B737 MAX le piège dormant qu'il avait installé sur ses
avions. Eliminer ainsi le pilote de la boucle ne laisse
aucune chance de survie au cas où "HAL 9000" dérape et n'en
fait plus qu'à sa tête.
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Une analyse complète au
15 novembre 2018 par un ancien CdB et expert, Christian Roger
http://www.jumboroger.fr/scandale-boeing-a-dissimule-aux-pilotes-un-logiciel-mortel-lors-du-crash-lion-air/ |
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29
novembre 2018 - Le rapport préliminaire officiel (78 pages):
http://knkt.dephub.go.id/knkt/ntsc_aviation/baru/pre/2018/2018%20-%20035%20-%20PK-LQP%20Preliminary%20Report.pdf |
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29
novembre 2018, extraits du rapport:
- Le "Washington post"(trad)
https://www.washingtonpost.com/ résume ainsi un aspect du rapport:
L’enquête a révélé que,
pendant des jours avant l’accident, le 737 MAX avait eu des
problèmes avec un capteur qui mesurait «l’angle d’attaque» de
l’avion, essentiellement en fonction de son inclinaison, de son
basculement ou de son plan. Le capteur défectueux est la clé du bon
fonctionnement du MCAS, chargé de détecter et de corriger les
blocages dangereux.
Le rapport suggère que le
MCAS a agi comme si l'avion avait décollé parce qu'il recevait des
informations incorrectes du capteur défectueux. Chaque fois que
l'équipage a ramené le nez à l'horizontale, quelques secondes plus
tard, le MCAS l'a fait basculer vers le bas.
- Sur le site
https://www.journal-aviation.com, on peut lire:
Le MCAS est bien
la cause des actions du trim automatique ne cessant de vouloir
réduire l'angle d'incidence de l'avion (pilotage manuel, volets
rétractés) alors que l'appareil pense être en décrochage (données
d'incidence anormales).
- Le 737 MAX avait rencontré le même problème lors de chacun de ses
quatre vols précédents, problème réglé par la désactivation du trim
automatique à l'aide des deux switchs protégés dédiés.
- Différentes opérations de maintenance avaient été réalisées, y
compris le changement de l'une des sondes d'incidence à Denpasar,
sans que cela ne résolve le problème.
- L'équipage n'aurait pas dû poursuivre son décollage, et son vol,
avec un vibreur de manche se déclenchant dès la rotation.
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29 novembre 2018,
analyse sur le site
http://www.air-cosmos.com :
Trois facteurs ont contribué au crash du
Boeing 737 MAX de Lion Air, le 29 octobre dernier.
Les causes qui ont entraîné la mort de 189
passagers au cours du vol JT610 du Boeing 737 MAX
de la compagnie indonésienne Lion Air sont
identifiées. Trois facteurs principaux sont mis en lumière dans le
rapport préliminaire du NTSC, l'organisme indonésien en charge de la
sécurité des transports. Trois facteurs qui ont semble t-il
fortement contribué à l'accident du Boeing 737 MAX
de Lion Air.
Le premier réside autour d'une erreur
potentielle de conception du nouvel équipement anti décrochage du
système de contrôle de vol MCAS (Manoeuvring Characteristics
Augmentation System, littéralement Système d'augmentation des
caractéristiques de manœuvre) du Boeing 737 MAX et d'un manque de
communication aux compagnies aériennes concernant l'utilisation de
ce dernier et surtout sur les moyens de le rendre inopérant.
Il apparait que dès les manœuvres de
taxiage de l'appareil pour gagner la piste, le manche s'est mis à
vibrer pour avertir les pilotes d'un décrochage. A partir du moment
où l'équipage a rentré les volets aux alentours des 3 000 pieds
d'altitude (environ 900 m), les deux pilotes ont lutté pendant plus
de dix minutes contre le nouvel équipement anti décrochage du
système de contrôle de vol du Boeing 737 MAX qui n'a cessé de
modifier l'assiette de l'appareil avec de forts mouvements en
tangage, soit en adoptant une assiette à piquer -26 fois au total,
selon l'enregisteur de vol- avant que l'équipage ne perde le
contrôle de l'appareil.
Le second est relatif aux pilotes de Lion
Air, qui se sont révélés incapables d'identifier ce qui s'est
produit et se sont retrouvés dans l'incapacité de couper ou de
rendre inopérant le système fautif.
Le précédent équipage avait été victime du
même problème mais avait sû trouver la commande de désactivation du
MCAS (Manoeuvring Characteristics Augmentation System, littéralement
Système d'augmentation des caractéristiques de manœuvre), sous
forme de deux interrupteurs standard. Le reste du vol s'est déroulé
normalement, avec le tangage contrôlé manuellement, l'appareil
s'étant posé en toute sécurité à destination.
La procédure est toutefois décrite dans le
manuel de vol de l'appareil, mais il est probable que les pilotes
aient été perturbés par le mouvement de vibration du manche ainsi
qu'une alerte lumineuse sur le tableau de bord leur précisant que
les deux capteurs d'angle d'attaque de l'appareil relevaient des
valeurs différentes concernant la vitesse et l'altitude.
Le troisième concerne la compagnie Lion
Air et plus précisément son déficit de maintenance. L'appareil a
réalisé quatre vols dans les trois jours précédant l'accident avec
des problèmes d'indication de vitesse et d'altitude. Deux jours
avant l'accident, un des capteurs d'angle d'attaque a été remplacé
et testé, sans que le problème ne soit toutefois solutionné. |
30 novembre 2018, le "mea
culpa" de Boeing
Selon des sources proches du dossier,
Boeing pourrait apporter une mise à jour au système de contrôle
automatisé de l'assiette de l'avion, baptisé MCAS (Maneuvering
Characteristics Augmentation System), d'ici six à huit semaines.
Mais cette décision n'est pas encore définitive.
Cette mise à jour du logiciel pourrait
être destinée à rendre inactif le MCAS lorsque le commandant fait
une manœuvre dans la direction opposée, ont dit à Reuters ces
sources informées des propositions émises par Boeing. |
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13 janvier 2019
Des plongeurs découvrent enfin
le Cockpit Voice Recorder
(CVR) |
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20 mars 2019: le CVR parle
Selon l'agence Reuters, l’enregistrement des dialogues des pilotes
du Boeing de LionAir a dévoilé leurs tentatives désespérées pour
trouver une solution à la défaillance des systèmes de bord.
Le commandant de bord et le copilote ont mis beaucoup trop de temps
à chercher frénétiquement dans le manuel la raison pour laquelle
leur appareil était en chute libre et ont été induits en erreur par
les informations du système.
Alors que
le système informatique de l'avion avertissait l'équipage d'un flux
d'air trop faible au-dessus des ailes (potentiel décrochage) et a
donc tenté de faire plonger l'appareil automatiquement à l'aide d'un
compensateur (le trim), le commandant de bord a quant à lui tenté de
faire monter l'aéronef.
«Ils
semblaient ne pas savoir que le compensateur descendait. Ils ne
pensaient qu'à la vitesse et à l'altitude. C'était la seule chose
dont ils parlaient», a déclaré l'une des sources à l'agence Reuters.
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On ne
peut s'empêcher de faire un parallèle avec le vol AF447 où là aussi,
l'équipage était désemparé face aux indications erratiques des
systèmes de bord. Là encore, il est nécessaire de comparer deux
avions soumis à des caprices informatiques non prévus par les
bureaux d'études des constructeurs et qui tentent par tous les
moyens de s'exonérer de leurs défaillances. Soulignons aussi
que le manque de formation des équipages a accentué le risque de ces
accidents. |
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3 avril 2019 - Un capteur
d'incidence mal réparé ?
Selon les conclusions préliminaires des
enquêteurs indonésiens dévoilées par l'agence Bloomberg, un capteur
d'angle d'attaque défaillant avait été réparé juste avant la
catastrophe chez "XTRA Aerospace", un atelier de maintenance de
Floride. Il avait été remonté sur le Boeing fatal la veille de
l'accident. L'avait-on testé avant de l'installer comme c'est la
règle? |
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3
avril 2019 - un expert canadien explique
Un expert en aéronautique canadien, Gilles Primeau
explique les paramètres du vol:
Après chaque manœuvre répétitive à piquer du MCAS, les
pilotes tentent de redresser la trajectoire en agissant à leur tour sur le
trim en sens inverse, ce qui entraine un fonctionnement quasi continu du
moteur d'entrainement de la vis sans fin de commande du PHR, hors des
limites d'utilisation prévues. Le moteur a surchauffé et n'a plus réagit
après plusieurs minutes comme l'indique les paramètres. Dès lors, il est
devenu inopérant et a précipité la chute de l'avion devenu impilotable.
Des témoins au sol ont vu de la fumée et même des flammes
s'échapper de la queue de l'avion qui chutait, ce qui confirmerait le début
d'incendie du moteur du trim.
Au cours du vol précédent, plusieurs témoins dans la
cabine affirment avoir senti une odeur de caoutchouc brûlé au cours du vol. |