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Crash du Mont Sainte Odile |
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mise à jour: 15
janvier 2016 |
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Le crash du Mont Sainte
Odile
Le
record toutes
catégories de lenteur d'une enquête judiciaire |
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20 janvier 1992:
Un A320
d'AIR INTER assurant la liaison Lyon - Strasbourg
s'écrase lors de son approche au dessus des Vosges
faisant 89 morts et 9 blessés. Une polémique surgit
aussitôt sur la lenteur des secours qui ne
découvrent l'épave que près de 5 heures plus tard .
Les moyens des secouristes sont dérisoires et
retardent encore l'évacuation des blessés.
Survivant de l'horreur, Romain le tout jeune
rescapé demande dans les yeux aux autorités :
POURQUOI?
Pourquoi l'A320 est-il tombé ?
Pourquoi avez-vous tant tardé pour venir à mon secours ?
Si l'enregistreur CVR (conversations dans le
cockpit) est récupéré intact, la bande du DFDR
(enregistreur de paramètres) est "en bouillie" selon
le juge d'instruction. Mais, par un coup de chance
extraordinaire, au milieu des débris de l'épave, un
gendarme découvre la fragile cassette du QAR...intacte.
Elle enregistre les mêmes paramètres que le DFDR à
l'intention des mécaniciens de la maintenance.
L'enquête va donc pouvoir commencer. Paul Quilès, le
ministre des transports prononce le lendemain de
l'accident la formule consacrée: "une enquête transparente, indépendante
et rapide", mais le 20 janvier 2005, 13 ans après le
drame, l'enquête n'est toujours pas close et les
familles des victimes sont écœurées par les
expertises successives qui se contredisent toutes.
D'abord une erreur des pilotes qui n'auraient pas
suffisamment dialogué et se seraient trompés de
bouton de descente, puis un dérèglement latéral des
instruments de bord, ( l'épave se trouve à 1,5 Km à
côté de son axe norminal de descente ) enfin un dérèglement en
distance qui aurait fait croire à l'équipage qu'il
se trouvait plus près de la piste, l'incitant à
commencer une descente rapide au dessus des Vosges
qu'il croyait avoir dépassé.
L'approche vers la piste de l'avion d'Air Inter
s'est effectuée avec les instruments VOR-DME. Un
système alors interdit d'utilisation pour les A320
chez
Lufthansa, British Airways et Iberia entre autre pour
un manque de précision constaté. De
plus Air Inter avait renoncé à installer le GPWS, un
instrument d'alarme sonore qui retentit lorsque l'avion se rapproche du
relief.
Le juge Guichard va mettre en examen 6 personnes au
fil des ans, 2 cadres d'Air Inter, 2 cadres
de la DGAC ainsi que le contrôleur aérien de service
le jour du crash. Quelques mois plus tard, le
directeur technique d'Airbus Industrie le sera à son
tour.
En 2002, le juge Guichard va abandonner le dossier
en quittant Colmar, alors que la seconde
contre-expertise ( par un 3 ième collège d'experts)
est toujours en cours. Son successeur, le juge André
Schmidt va finalement conclure. La fin de
l'instruction est prononcée en juin 2005 et le
procès est décidé quelques mois plus tard. Ce sera
en mai 2006 à Colmar, 14 ans et demi après
l'accident.
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Les
suites juridiques
Le procès se tient enfin 14 ans après le crash du 2 mai au 27 juin 2006 durant
34 jours. Les six prévenus sont relaxés, mais Airbus
et Air France sont reconnus responsables.
Un second procès en Appel va se tenir, toujours à Colmar, du 16
octobre au 28 novembre 2007. L'Arrêt tombe trois mois plus tard,
le 14 mars, relaxant toujours les six prévenus, mais cette fois, aussi
Airbus. Plusieurs indemnisations pour les familles des victimes sont annulées dont celle de 500 000 €
pour
l'association ECHO. La colère des familles est
tangible.
L'association et nombre de ses membres se pourvoient
alors en Cassation.
La Cour de cassation tient son audience le 8
septembre 2009. Le 22
septembre 2009, elle rejette la demande de réexamen de
l'association ECHO.
Le dossier
judiciaire est alors définitivement refermé.
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Un
étrange destin pour l'Alsace, deux crashs d'A320 aux deux
extrémités de la région, deux extrêmes aussi pour les enquêtes, la plus rapide et la
plus lente. Un juge d'instruction unique et les mêmes
experts à l'œuvre. Et pourtant, deux crashs judiciaires! |
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Pour
de plus amples précisions sur l'accident, les enquêtes et
les causes, voici quelques éléments à consulter: |
-
Radio CoCo
-
"Le Monde"
- Rapport
d'enquête administratif du
Bureau-enquête-accident:
www.bea.aero/
- Conclusions des
juges d'instruction:
http://www.association-echo.com/
- Le site de l'association ECHO a été fermé
Les deux livres sur le crash
du Mont Sainte Odile, ICI
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La reconstitution
numérique des dernières minutes du
vol par CEFA AVIATION (cliquez sur l'image)
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L'A 320 F-GGED, accidenté au
Mt Ste Odile. Ici au roulage à l'aéroport de Bâle-Mulhouse
quelques semaines avant le crash. Il porte la première
décoration avec le logo promotionnel pour l'A 320.
Photo Moerlen |
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Le même F-GGED photographié
avant un atterrissage.
Photo VSD |
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La colline de "La Bloss" près du
Mont Ste Odile culmine à 826 m d'altitude et est situé à 1,5 km
à gauche de l'axe de la piste de Strasbourg qui se trouve à
moins de 20 km de distance.
Photo VSD |
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Voici la carte officielle du
rapport administratif d'enquête. L'avion en provenance de Lyon
fait un premier passage (en vert), puis sur ordre du contrôle,
exécute deux boucles pour rejoindre l'axe de la piste (en bleu)
qu'il ne rattrapera jamais. Au moment de l'impact, il est
en début de virage à gauche de 18°, en éloignement. On peut noter que
lors de son premier passage en provenance de Lyon, il était
décalé de l'axe de 1NM (1852 m) environ alors qu'il était sensé survoler
le point ANDLO. |
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Il
est 19h20, quand l'avion percute la montagne. Sous le choc très
violent, il se désagrège au milieu des sapins. A
bord de l'Airbus, il y a 90 passagers et 6 membres d'équipage.
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Le silence retombe sur les lieux du
drame. Une brume d'hiver cerne la montagne enneigée et il fait
plusieurs degrés sous zéro.
Photo Paris-Match |
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L'alerte est donnée dans les minutes
suivantes et les secours civils et
militaires sont mobilisés sans
synchronisation, désemparés et
attendant les ordres. Dans les 10
premières minutes, la zone probable
du crash est estimée proche du Mont
Sainte Odile par le radar militaire
de Drachenbronn.
Mais 30 minutes plus tard, "les
autorités" l'agrandisse de plusieurs km. Personne
ne comprend et nul ne sait plus où
chercher. |
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Le Directeur technique
d'Air Inter JR a précisé au Tribunal que depuis
Paris, il situait le crash sur l'un des sommets
près du Mt Ste Odile dès 19h35. Pourquoi
chercher au fond des vallées, demande-t-il. Le
Directeur de la DGAC PHG dit avoir été averti
par téléphone du crash "SUR" le Mt Ste Odile à
19h32. |
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La
balise de détresse de l'A320 ne
fonctionne pas et les forces de
secours mobilisées tournent en rond.
Quelques
journalistes, qui réfléchissent un peu plus, se dirigent
logiquement ...vers le sommet de la montagne. Guidés ensuite par
l'odeur du kérosène, ils seront les premiers à trouver l'épave
et ...DES SURVIVANTS vers 23h40, soit près de 4 h30 après
le crash.
Ici, Nicolas
est "saisi au vol" par FR3 alors qu'il descendait la pente pour
chercher un chemin et des secours.
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Valérie est évacuée,
gravement blessée aux jambes. Sa guérison et sa
rééducation seront très longues.
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Plusieurs photos ci-après sont dures mais
apportent un témoignage du drame vécu par les
rescapés du crash.
Vous
pouvez cliquer sur les miniatures pour les
agrandir |
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Le témoignage de Pierre recueilli quelques années plus tard:
http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/accident/crash-dans-les-alpes/pierre-lota-rescape-du-crash-du-mont-saint-odile-temoigne_859071.html
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Jean Noël, sa survie
relève d'un miracle, affirment les médecins. Son
témoignage:
http://www.e-alsace.net/index.php/smallnews/detail?newsId=1177
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L'improvisation est totale. Ce sont bien
souvent des bénévoles ou des soldats du
contingent, dans un grand dévouement,
mais absolument pas formés pour ce genre
d'opération qui porteront 11
rescapés vers les véhicules de secours.
Les médecins, infirmiers, gendarmes, et
autres professionnels sont bloqués sur
les routes embouteillées ou retardés par
des consignes souvent contradictoires.
Le matériel aussi est absent: pas de
brancard, pas de fiches médicales, pas
de diagnostic ni de soins d'urgence. 2
blessés vont décéder durant leur
évacuation. Dans les jours suivants, une
polémique va se faire jour concernant
l'organisation et la rapidité des
secours. Mais le juge d'instruction
François Guichard s'appuyant sur
l'expertise d'un médecin légiste, en
contradiction pourtant avec les médecins du SAMU ou des urgentistes, estimera qu'il n'y a pas lieu
d'investiguer plus avant sur le sujet.
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2 enfants, Mélisande, 13 mois et
Romain, 8 ans, font partie des survivants du crash.
Frigorifiés d'avoir attendus si longtemps l'arrivée des secours,
ils désespéraient de voir la fin de leur cauchemar. Toute leur
vie, ils garderont le souvenir de ces heures terribles d'attente
dans le froid et la neige. |
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Un instant magique entre rescapés pour
Nicolas et Romain
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Laurence,
Valérie, Claude, Mélisande, Romain, Pierre et Nicolas
resteront seuls
survivants |
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Dès
le lever du jour, les hommes des services de secours
découvrent un décor dantesque de corps et de débris
enchevêtrés et disséminés dans la forêt. Chacun va alors
courageusement s'acquitter de sa tâche: chercher et évacuer.
Les état d'âme sont pour plus tard. |
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Quelques sièges sont encore fixés sur
des parties du planchers. Ils sont prévus
pour résister à plus de 9 G en décélération. Beaucoup ont
quand même lâchés à l'impact.
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L'indispensable
nettoyage du site du crash est traumatisant pour
les pompiers, les bénévoles et les jeunes
soldats pas préparés à une telle mission |
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Quelques photos du
dossier d'enquête du BEA |
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Le ministre des transports Paul
Quilles au centre de la photo avec à droite, plus petit,
Pierre-Henri Gourgeon, directeur de la DGAC, devenu ensuite
numéro 2 à Air France auprès de Jean-Cyril Spinetta, lui-même
PDG d'Air Inter au moment du crash. Dans le milieu aéronautique,
tout le monde se connaît, les passerelles sont multiples et il
est de bon ton de ne pas accabler les amis de promotion de
l'ENAC. |
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Les boutons de commande incriminés par la
commission d'enquête. Le bouton poussoir noir sélectionne le mode de
descente HDG/V/S (taux de descente) ou TRK/FPA (angle de descente) . Le
bouton sélecteur cranté gris permet alors d'afficher un chiffre, par
exemple 3.3° en mode FPA qui devient 3300
ft/mn en V/S, bien plus important. L'affichage en centaines ne met pas de zéros
ni de virgule et donne 3.3 dans un cas et 33 dans l'autre. En plus de
l'affichage assez discret HDG-V/S ou
TRK-FPA, seul le point permet de différencier les
deux taux de descente. (Sur la photo, c'est une
V/S de -800 ft/mn qui est affiché, donc -08)
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Et voilà peut-être la réponse. A
gauche, ce que les deux pilotes ont vu et fait. A droite
ce qui aurait du se passer. Durant plus d'une minute, se sachant
au dessus des Vosges, ils n'ont pas réagi à la différence
évidente du mode de descente. La question que l'on ne peut
éviter: leur descente
rapide n'a-t-elle pas été volontaire ?
Dessin Air & Cosmos |
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En Septembre 2005, le tribunal administratif de Strasbourg doit
juger de la plainte déposée 4 ans auparavant par l'association
des victimes (ECHO) contre l'état français pour lenteur
excessive. Affaire renvoyée pour manque d'information ose alors
proclamer le juge. Lire les détails ci dessous.
Le jugement sera prononcé le 9
octobre 2006 (voir plus loin ci-dessous)
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