L'espoir
fantastique du rêve de suprématie explose en plein vol
Deux
De Havilland DH 106 "COMET" explosèrent en
plein vol , à
quelques semaines d'intervalle. Le G-ALYY et le G-ALYP. Après avoir
immédiatement interdit de vol tous les "COMET", les débris du Yoke Peter
furent repêchés en mer Méditerranée et rassemblés dans un hangar. Un fuselage
pris sur la chaîne de montage fut testé
dans un bassin d'eau et soumis à des surpressions et des dépressions plusieurs semaines durant. Une
expérience qui aboutit à une rupture le long d'une
antenne à côté d'un hublot supérieur.
La faiblesse des matériaux était en cause.
L'erreur
de conception venait de la simple extrapolation des techniques connues pour les appareils
de la génération précédente à hélice et non pressurisés.
L'espoir britannique de
dominer le ciel s'effondrait. Boeing allait sortir le 707 conçu avec de
nouvelles technologies.
Un procès eut lieu et l'on
a pu entendre
cette oraison funèbre pour les victimes de la part d'un des concepteurs du "COMET":
" Cet
accident est du à l'esprit aventureux et précurseur de notre race. Bien sûr,
nous avons du donner des otages au destin, mais il n'y a rien, dans toute
cette affaire, dont on puisse avoir honte. C'est la métallurgie et non
l'aéronautique qui est sur la sellette."
Deux vues du "Comet" en couleur
ne sont pas de trop pour admirer la ligne pure de cet avion conçu à
la fin
des années 40, juste après la seconde guerre mondiale, ne l'oublions pas. Une véritable
révolution pour l'époque.
Les anglais avaient débuté les études
et parié sur les avions à réactions alors que le guerre faisait
toujours rage.
Lorsque l'on parle du crash du YP c'est la dénomination "Yoke
Peter" que l'on utilise, car jusqu'au début des années 50,
les
Anglais ont conservé l'alphabet hérité de la RAF et utilisé
durant la 2 GM. Voici les correspondances.
Code NATO
Code RAF
Code NATO
Code RAF
Alpha
Able
November
Nam
Bravo
Baker
Oscar
Oboe
Charlie
Charlie
Papa
Peter
Delta
Dog
Quebec
Queen
Echo
Easy
Romeo
Roger
Foxtrot
Fox
Sierra
Sugar
Golf
George
Tango
Tare
Hotel
How
Uniform
Uncle
Indian
Item
Victor
Victor
Juliet
Jig
Whisky
William
Kilo
King
X-Ray
X-Ray
Lima
Love
Yankee
Yoke
Mike
Mike
Zulu
Zebra
La
minute de vérité - Le crash du Comet
On remarque la grosse roue
du train principal sur les prototypes, une formule
abandonnée par la suite au profit d'un diabolo.
Le COMET est une telle
nouveauté et ses lignes sont si révolutionnaires qu'il
attire des foules de curieux à chacune de ses
présentations à l'instar du CONCORDE des années plus
tard.
Les premiers avions de série du "Comet" avec le "Yoke Peter" au premier plan.
La forme du nez et de la verrière sont novatrices et ne sont pas sans
rappeler d'autres avions.....
comme la "Caravelle" qui en a emprunté le design.
Le G-ALYP (Yoke Peter) part pour son
premier vol commercial le 9 janvier 1951.
Les COMET 1 et 2 sortent
de chaine, commandés par plus d'une dizaine de
compagnies aériennes d'Europe, d'Asie ou d'Amérique
et les études des modèles améliorés 3 et 4 sont
lancées. Les gains de temps et de confort dus à
l'altitude et à la vitesse sont appréciés du public.
Les deux
premiers accidents ont lieu lors de
décollages trop cabré suite à un décrochage du
bord d'attaque de l'aile, mais imputés à des fautes
de pilotage.
A Rome en 1952 (en haut)
et à Karachi en 1953 (en bas).
Le premier accident
( G-ALYV )grave a lieu le 2 mai 1953 lorsque le COMET
G-ALYV de la BOAC s'écrase par temps orageux six minutes
après son décollage de Calcutta, tuant les 43 personnes à bord. Des témoins ont vu l'avion, ailes
arrachées et en feu plonger dans l'océan Indien.
Les enquêteurs commencent à suspecter
une défaillance structurelle.
Deuxième accident G-ALYP
Un an plus tard, le 10 janvier 1954,
20 minutes après avoir décollé de
Rome, un premier COMET, le G-ALYP ( Yoke Peter ) se désagrège en
plein vol et s'écrase dans la Méditerranée au large de l'île
d'Elbe. Les 35 personnes à bord sont
tuées et il n'y a aucun témoin. La BOAC cloue volontairement au
sol sa flotte de COMET en attendant les résultats de l'enquête.
Celle-ci conclut qu'un incendie est la cause la plus probable du
crash et plusieurs modifications de protection contre le feu
sont effectuées mais aucun défaut apparent de l'avion n'est
trouvé. Le prestige de l'industrie aérospatiale britannique
ainsi que l'impact financier de l'arrêt des vols entrainent
la fin de l'enquête sans investigation supplémentaire.
Les vols du COMET reprennent le 23
mars 1954.
Pendant l'enquête, la "Royal Navy"
a détecté l'épave et commencé a remonter des pièces puis
commencé le travail de reconstruction.
Troisième crash G-ALYY
: Le 8 avril 1954, le COMET en vol de Rome vers Le
Caire s'écrase dans la Méditerranée près de Naples, tuant les
21 passagers et l'équipage. La
flotte de COMET est immédiatement clouée au sol une nouvelle
fois et un grand bureau d'enquête est formé. Le certificat de
navigabilité du COMET est retiré et la production est suspendue,
tandis que la flotte de la BOAC est clouée au sol et stockée
sous cocon.
Le premier ministre
Winston Churchill ordonne à la Royal Navy de localiser et
de récupérer l'épave afin que la cause de l'accident soit
déterminée. « Le coût nécessaire pour résoudre le mystère du
COMET ne peut être calculé ni en argent ni en main-d'œuvre. »
dira-t-il.
Le cockpit du " Comet "
Le
métal a cédé aux angles des hublots, un point faible qui n'avait pas
été imaginé par les ingénieurs de De Havilland
La technologie de construction des années 40
avait été appliquée au "Comet" alors que les performances de
l'avion en faisaient déjà un avion du futur. Une leçon en a
toutefois été tirée : installer des enregistreurs de vols dans
les avions pour aider à comprendre les causes des accidents. En 1953
était créée la première "boite noire".
La zone du fuselage autour de
l'antenne du toit, là où tout a commencé.
Le première amorce de rupture des rivets, puis du revêtement de
l'avion avant l'arrachement général.
Les vols commerciaux du COMET ne
vont reprendre qu'en 1958 avec le modèle 3 puis le 4, plus
performant. Le COMET fut le premier jet à traverser
l'Atlantique sans escale, mais uniquement dans le sens
Ouest-Est. Moins d'un an plus tard le B707 faisait de même
dans les deux sens suivi rapidement par le DC8. Même la BOAC
finit par commander des B707 en remplacement de ses COMET.
Moins d'une centaine de COMET 3 et 4 furent vendus. Plus
tard, les Vickers VC10, BAC1-11 ou HS Trident ne connurent
que des succès d'estime et le Concorde ne connut pas de
ventes.
L'industrie aéronautique
britannique a transformé un rêve en cauchemar et le COMET a
été son chant du cygne.
La dernière
version du COMET sera le "Nimrod" avion de surveillance
maritime de la "Royal Navy". Il faut reconnaitre que ses
lignes sont loin, très loin même, de la pureté de celles du
COMET!