Le 8 juin 2004, 27 minutes après son décollage de Libreville
pour Franceville, un des deux moteurs de l'unique HS 748 de "Gabon Express"
s'arrête.
L'avion se retrouve aussitôt en panne complète car sur l'autre
moteur, la génératrice électrique et l'arbre d'entraînement du
système hydraulique avaient été démonté. Incontrôlable, l'avion
s'écrase en mer et se brise en morceaux à quelques dizaines de
mètres du rivage.
Des unités de l'armée stationnées à
quelques centaines de mètres de là vont mettre 3 heures pour
intervenir. Ce sont les habitants et les pêcheurs locaux qui
seront seuls à se précipiter avec leurs pirogues et repêcheront
les survivants échappés de la carlingue. Les secours officiels
interviendront enfin.... pour écarter les bénévoles.
Le bilan fait état de 19 morts
parmi les 30 passagers du HS 748.
La presse africaine ne ménage pas
ses mots devant l'incurie des autorités: "Si le président Bongo
est prompt du verbe, il n'en a pas été de même pour les secours et
les journalistes étaient là avant eux....En conseil des ministres,
des obsèques nationaux ont été décidé pour les victimes, mais la
population les a refusés...."
La justice gabonaise est plus
rapide puisque sont inculpés aussitôt d' "Homicides et blessures
involontaires" et mis sous mandat de dépôt le secrétaire général de
l'Aviation civile gabonaise, le directeur général de "Gabon
Express" et le responsable régional de l'organisme de
certification Veritas ainsi que le pilote.
Accusé de manquements, un
responsable de la compagnie affirme que le contrat d'assurance est
"valable" et "parfaitement en règle" malgré des primes impayées
depuis plusieurs mois.
Gabon Express a été créé par un
ancien mercenaire congolais, associé à un homme d'affaire gabonais
qui a "régularisé" la compagnie. Mais rien, au fil des ans n'a
empêché une certaine corruption d'être érigé en système de
fonctionnement avec les changements d'immatriculation réguliers
des avions pour échapper aux contrôles techniques. Les licences
des PNC et PNT relevaient aussi d'une certaine fantaisie pour leur
octroi.
L'enquête se déroule d'une manière
étrange:
Les boîtes noires n'ont été
remontées que quatre ou cinq jours plus tard, puis placées dans
une glacière avec de l'eau du robinet. Elles sont probablement
inutilisables. "La seule pièce sur laquelle repose l'inculpation
est un rapport non daté, établi de façon non contradictoire par
une commission d'enquête établie par le ministère des
Transports, présidée par le secrétaire général de l'Aviation
civile, actuellement inculpé, et un représentant de Veritas,
dont le directeur est également inculpé» affirme l'avocat du
pilote et les parties civiles regrettent que le juge ait refusé
d'auditionner le ministre des Transports de l'époque, seul
habilité à signer le certificat de navigation.
On reparle de l'ouverture du procès
au mois d'août 2005 au moment de l'apparition des "listes
noires" de la sécurité aérienne.
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