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La
guerre Airbus - Boeing
Textes rédigés en septembre 2005 |
Un peu d'histoire |
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Dans les années
70, Boeing dominait le marché de l'aviation civile avec ses
modèles connus de tous: B707, B727, B737 et B747. Douglas arrivait en
seconde position
avec ses DC8, DC9 et DC10 alors que Lockheed lançait son "Tristar", un
produit unique, lointain héritier des "Constellation". Enfin l'Europe
pointait le bout de son nez avec l'Airbus A300, gros porteur moyen
courrier qui s'est appelé un temps Air-Bus. Un projet né de l'alliance
de "petits" constructeurs, obligés d'imaginer un véritable
puzzle pour construire les différentes pièces de leur avion. |
Airbus faisait sourire les Américains avec son unique
produit qui venait après l'échec retentissant du "Concorde" victime de
l'augmentation brutale du pétrole, mais aussi des multiples
tracasseries administratives américaines dans le seul but de lui
interdire les liaisons transatlantiques supersoniques. Les Américains
n'ont pas hésité à utiliser de basses œuvres
uniquement dans le but de casser les reins d'un concurrent au dessus de
leur propre technologie. Les commandes de "Concorde" ( 76 ) ont toutes été
annulées par les compagnies clientes. |
Mais l'A300 ne portait guère à l'optimisme, les commandes
n'affluaient pas à Toulouse. L'A 310, dérivé amélioré
et qui devait
conforter les parts de marché d'Airbus, restait lui aussi à des niveaux de
commandes faibles. Le marché était réduit et aucun de ces deux avions ne menaçait vraiment la
gamme des
appareils américains. De chaque côté de l'Atlantique, chacun restait sur ses positions et ses
certitudes, les Américains dominant le marché et les Européens avec de
petites ambitions, ayant surtout à digérer les énormes investissements
et les revers du
projet "Concorde". |
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Fut alors lancé le projet A320 avec comme objectif de détrôner le quasi monopole des DC 9 et
leurs dérivés MD80 ainsi que des B737 et B727 courts moyens
courriers de 150 places, un marché très important à conquérir. Mais pour
être crédible, il fallait un produit meilleur, donc réaliser un bond
technologique. L'informatique balbutiante fut alors choisie pour piloter
l'avion. Un pari osé pour la technologie de l'époque (1984) mais qui
pourrait rapporter gros si le projet était mené à terme, car après les déboires du "Concorde" aux USA, la
méfiance était de mise en Europe. Alors, avec l'A 320, la guerre commerciale
serait-elle aussi féroce qu'avec "Concorde" ? |
Si Boeing avait lancé avec succès les B767 et B757 pour
contrer l'A310, l'A320 se retrouvait sans concurrent réel face au
B737 vieillissant. Le
succès commercial du dernier né devenait donc essentiel, primordial
même, et tout le monde était prêt à tout pour assurer sa réussite.
L'Europe aéronautique jouait son va-tout. Et puis, incroyable pour un
avion du vieux continent, l'A320 alignait près de 500 commandes de la
part de compagnies aériennes des cinq continents à l'époque de son
premier vol, plus que les A300 et A310 réunis. Aucun autre avion jamais
conçu en Europe n'avait connu un tel succès. Il n'était pas question de
rater un tel démarrage commercial. |
A travers les accords commerciaux
internationaux du GATT, les Américains commencent alors à attaquer le
financement des avions européens. Un système basé sur des avances
remboursables dès lors que l'avion atteint un niveau de production
rentable. En dessous de ce seuil, les "prêts" des états sont classés en
pertes et profits. De leur côté, les Américains utilisent aussi le
financement public, mais plus indirectement, à travers l'octroi
d'importants marchés militaires ou certaines recherches techniques
prises en charge par des organismes d'état comme la NASA. Chacun met en
avant les lois de la concurrence pour dénoncer le financement
"inadmissible" de
l'adversaire. |
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Et s'il n'en reste que
deux ? |
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Depuis le lancement de l'A320,
aucun mot n'est assez fort pour qualifier les échanges verbaux Airbus -
Boeing et Europe - Etats-Unis. Les expressions guerrières
volent bas dans la presse et les communiqués des deux côtés de l'Atlantique. Des accords
sont négociés, signés et aussi rapidement remis en question.
L'incompréhension est totale, ce sont deux cultures qui s'affrontent. De
plus les enjeux se chiffrant en milliards de dollars, tous les coups
sont permis. |
Cette guerre fait des morts, bien
évidemment. Lockheed le premier jette l'éponge, son Tristar, dépassé, ne se vend
plus. McDonnell-Douglas résiste un peu plus longtemps, mais faute de produits
nouveaux, est contraint de se soumettre à Boeing malgré le maintien
artificiel de la chaîne des DC10 via une commande massive de l'USAF pour
des KC-10 ravitailleurs. Airbus et Boeing se retrouvent donc seuls en lice,
chacun avec sa gamme: B737
contre A320, B767 contre A300/A310 et B777 contre A330/340. |
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Sur la planète
aéronautique, d'anciens noms très célèbres, souvent pionniers de
l'aviation disparaissent aussi au fil des ans dans les segments des avions de
plus petite capacité. Ainsi après plusieurs décennies de succès, des
noms comme Fokker, Saab, Hawker, Avro ou Dornier quittent la scène. Tous
se sont trompés lors de la conception de leur dernier avion. Enfin
émergent sur le marché de nouveaux constructeurs comme Embraer au
Brésil ou Bombardier au Canada pour les avions de moins de 100 places. |
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Boeing - McDonnell-Douglas connaît alors un premier échec
en voulant poursuivre malgré tout la mise au point et la fabrication du
Model 90 sous le nom de B 717. Héritier et ultime dérivé des
McDonnell-Douglas DC9/MD80 dans sa version 100 places. Il agit comme un
greffon sur la gamme de Boeing. Durant des années pourtant, le chiffre 7
avaient porté chance à la firme américaine, mais la chaîne
s'arrête bientôt faute de commandes. Airbus ne réussit guère mieux avec
son propre avion de "100 places", l'A318, dérivé extrême de
l'A320, qui se vend très peu. Mais les
enjeux sont ailleurs. Airbus rêve depuis des années de construire un
très gros porteur, concurrent du B747. Un gigantisme qui a de tout temps
fait fantasmer les avionneurs de tous les pays.
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En 1995, les deux constructeurs se retrouvent avec une gamme similaire
et d'agressifs échanges comparatifs de chiffres sont quasi quotidiens.
Celui qui va le plus loin, qui consomme le moins, qui transporte le plus
de passagers ou qui est le plus économique. Mais les bases de calcul
sont différentes et chacun peut se vanter d'être le meilleur, le temps
d'un communiqué de presse. Pour les ventes, les gammes A320 et B 737
font jeux égal, mais la concurrence est rude sur les longs courriers.
Boeing lance des versions améliorées de son triple 7 et Airbus revoit la
motorisation de son A 340 aux pattes trop courtes. L'atout d'Airbus est
sans conteste la standardisation de son poste de pilotage qui permet des
économies de formation de pilotes, mais Boeing profite d'une image de
fiabilité et de pragmatisme dans ses conceptions qui compensent aux yeux
des utilisateurs. |
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Les gros
porteurs et l'avenir |
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Les ventes et la
concurrence se jouent autour des B777 d'une part et des A340 d'autre
part. Airbus vante les mérites de son quadriréacteur pour son économie
puisqu' il effectue tous les vols en direct, sans limitations, alors que
le biréacteur de Boeing ne peut s'éloigner de plus de 2h 30 mn d'un aéroport
de secours, ce qui l'oblige à suivre des routes plus longues au dessus
des océans ou des déserts. Mais
Boeing fait modifier la réglementation internationale à 3 h et vole dès
lors sur les mêmes trajectoires que l'A340. Match nul entre les deux
constructeurs ! |
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Enfin Airbus affirme que le marché du transport aérien
est demandeur d'un très gros porteur, ce qui justifie donc le lancement
de l'A380. Mais l'analyse du constructeur ne découle-t-elle pas de sa
décision de construire à priori un gros porteur ? Afin d'étudier le marché
et les formules possibles, les deux constructeurs s'associent même pour des recherches en commun
sur un futur gros porteur. Une entente de façade qui ne va durer que
très peu de temps avant que chacun ne revienne à ses propres
conceptions. |
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Boeing lance alors l'idée d'un 7X7 "Sonic Cruiser" volant
à près de Mach 1, un avion à mi-chemin d'un successeur du "Concorde",
mais les difficultés techniques arrêtent le projet. Les guerres de
communiqués reprennent au moment où Boeing lance son nouveau 7E7
"Dreamliner" qui correspond selon le constructeur américain au besoin
vital des liaisons point à point entre aéroports secondaires, sans
passer par les hubs des grands aéroports. Airbus rétorque en niant ce
principe pour soutenir son A380 étudié au contraire pour les liaisons à fort trafic entre hubs. |
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Mais devant l'engouement des compagnies aériennes pour
l'avion de Boeing rebaptisé entre temps B 787 "Dreamliner", Airbus change
son fusil d'épaule pour lancer l'A350. Incidemment, Airbus se
fait concurrence à lui même puisque les deux avions A380 et A350 se
retrouvent opposés en termes de conceptions pour le transport aérien futur. Le
nombre de passagers n'étant pas extensible, ceux-ci vont utiliser soit l'un,
soit l'autre. A moins que les deux concepts ne se partagent le marché qui n'est plus dès
lors aussi important pour l'A380. |
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Autres concurrents pour les projets de longs courriers
d'Airbus et de Boeing, leurs petits avions aménagés en
versions VIP longs courriers. Le B737 "BBJ" et l'A319 "ACJ" prétendent à
des vols transatlantiques directs avec l'exactitude et le confort exigés
par une clientèle à haute contribution, loin de files d'attente et des
foules de la classe ECO. Aménagés en quelques dizaines de sièges de
grand confort, ces avions grignotent des parts de marché des "Premières"
et des "Classe Affaire" des compagnies régulières, celles qui rapportent
le plus. |
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Si Boeing n'a manifesté aucune
revendication auprès du GATT durant la période de mise au point de l'A380,
comme s'il voulait laisser Airbus s'engouffrer totalement dans ce créneau, il se
réveille aussitôt qu'Airbus émet l'idée de lancer son A350, basé sur un A330
notablement amélioré pour concurrencer le "Dreamliner" de Boeing.
Pour financer les nouvelles technologies nécessaires, un
financement public des états européens s'avère primordial après les dépenses
énormes liées à la construction et la mise au point de l'A380. |
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Les buts de Boeing et de
l'administration américaine sont clairs: Si les instances du GATT empêchent
Airbus d'engranger les habituelles avances remboursables, l'A350 ne pourra
être un véritable concurrent du B787, faute de nouveaux apports
technologiques suffisants, laissant ainsi le champ libre sur le marché
mondial au "Dreamliner". Et comme Boeing est convaincu que l'A380 n'aura
qu'une faible production car il ne correspond pas à une demande du marché,
c'est la fin programmée du concurrent européen. |
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En attendant, c'est une concurrence
acharnée de tous les instants et sur tous les fronts, une véritable guerre
où tous les moyens sont bons pour rafler un contrat ou gagner un marché.
Pour Airbus, ce sont les pays à forte population comme ceux d'Asie qui sont
visés pour le transport de masse avec son A380 alors que Boeing joue une
carte plus soft avec toujours les liaisons point à point, mais avec des
modules plus petits. |
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Autant Boeing ne soutient guère son
B747, autant Airbus ne joue l'A350 qu'en second marché. Les années à venir
seront décisives pour l'avenir des deux géants et peut-être terrible pour
celui qui se sera trompé d'objectif. Si l'avenir de
l'A350 est sur la sellette aujourd'hui avec l'offensive actuelle des
Américains devant le GATT, demain ce sera Boeing qui aura besoin de soutien
financier pour renouveler toute sa gamme de B737 vieillissante. |
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Première mise à jour: 10 avril 2006
- L'A350, un avion au rabais |
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Il se
confirme ce que nous disions il y a quelques mois, la mouture de l'A350 présentée actuellement est un
avion "au rabais" face au "Dreamliner" de Boeing. Les patrons d' ILFC
et de GECAS
viennent de l'annoncer sans détour: Airbus doit revoir sa copie! N'en
déplaise à Noël Forgeard qui s'en est déclaré outré. Les faits sont là,
Boeing a longtemps muri son projet de 787 alors qu'Airbus s'est
précipité pour lancer le sien, courant pour ainsi dire derrière
l'Américain. |
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De
n'avoir pas suffisamment anticipé la hausse du prix du pétrole vient
de créer le deuxième problème chez Airbus: l'A340. Le report de
la commande de 20 A340-600 par la compagnie d'"Emirates", s'il est
médiatique, n'est que la partie émergée d'un l'iceberg puisque c'est
depuis de nombreux mois que la mévente de l'A340 est significative: 15
appareils en 2005 face à 150 B 777. Et cela malgré qu'il s'agisse de la version
de l'A340 la plus récente et la plus économique. |
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Mais comment
lutter en termes de dépense de carburant lorsqu'on a 4 moteurs face
à la concurrence qui n'en a que deux. Il est vrai que cette crise du pétrole n'était
guère prévisible au moment du lancement de l'avion. C'est, toutes
proportions gardées, la même que pour le "Concorde" en 1973 au
moment du premier choc pétrolier. Quand à l'A330, il subit le
lancement de l'A350 et voit ses commandes diminuer au profit de son
petit frère. |
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Certaines
voix se font à présent entendre pour "conseiller" à Airbus de
reprendre totalement le programme A330/A340 sur de nouvelles bases
technologiques. Mais le coût de ce nouvel avion serait presque
équivalent à celui de l'A380 et arriverait sur le marché bien après
le B787. Un choix délicat
alors que se pointe inexorablement l'échéance du remplacement
des A320 avec à la clef
des investissements énormes. Une situation très difficile à gérer
qui ne laisse plus de place aux faux-semblants. |
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Pour succéder
à son 737, Boeing risque de rencontrer moins de problèmes s'il
dérive, comme probable, un nouveau modèle de la technologie déjà
développée pour le 787. Avec les modules déclinés, il se retrouvera
alors avec une gamme complète standard à l'instar d'Airbus
actuellement, mais avec l'avance technologique que le constructeur
américain est en train de prendre avec le "Dreamliner". Si Airbus
choisit de suivre, il aura toujours une longueur de retard. Il lui
faut refaire la même opération qu'à l'époque avec l'A320: un nouveau
bond technologique. La parité des prochaines années est à ce prix. |
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Mise à jour 17 mai 2006 - Un
nouvel A350 ? |
Face aux pressions de ses clients,
Airbus a décidé une réflexion qui pourrait, pourquoi pas,
déboucher sur une remise à plat de son projet A 350. Le coût ferait alors un bond
important pour atteindre 8 milliards d'€, à comparer aux 10/11 milliards du
programme A380. Une vitesse supérieure, une nouvelle aile plus performante,
de nouveaux moteurs et un fuselage plus large se rapprochant du B777, le
tout intégrant plus de matériaux composites, à l'instar du B787. Plus rien à
voir donc avec l'A330. |
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Mais la mise en service subirait alors un nouveau décalage
pour n'arriver qu'en 2010 pour la première des trois versions imaginées, la
dernière deux, voire même trois ans plus tard. Même si l'avion est
excellent, il aura de 2 à 4 années de retard sur le "Dreamliner", de quoi
orienter la clientèle vers la concurrence. Autre aspect, le prix du
programme qui pourrait mettre les finances d'Airbus à sec pour les années
suivantes, au moment du lancement du successeur de la gamme A320. |
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Le 17 mai, on apprend
qu'Airbus a décidé d'envoyer l'A350 aux oubliettes et de lancer l'étude d'un
nouvel appareil avec un nom différent et une avancée technologique
importante pour les ailes, le fuselage et les moteurs. Surement très cher,
tout ça, mais beau et bon. Il restera à mesurer le retard de la mise en
ligne par rapport au 787 et à trouver de l'occupation entre temps pour les
techniciens fabriquant actuellement les A330 et A340, un peu délaissés par
la clientèle. |
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Mise à jour 23 mai 2006 |
Quels clients pour l'A350 ? |
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Quelle vont être les
réactions des compagnies clientes qui ont commandé un certain type d'avion à
un certain prix à une certaine date ? Dans leurs prévisions opérationnelles,
tout va bien évidemment se trouver modifié. Avec un décalage de 4 ou 5 ans,
certains appareils ne seront plus justifiés aussi le maintien du nombre
d'achats ou d'options risque fort d'être remis en question et le carnet de
commande de l'A350 devrait diminuer dans de fortes proportions, voire être
transféré sur d'autres appareils. L'effet
psychologique sera loin d'être négligeable. |
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Autre aspect à
considérer: les performances. En l'état de la technologie actuelle, Airbus
comme Boeing sont presque au maximum des améliorations techniques possibles
et les gains seront "à la marge". Plus question de bond technologique ou
qualitatif comme par le passé et les futurs A360 ou A370 ne se
différencieront que très peu par rapport au B787 tout en arrivant sur le
marché 4 ou 5 ans plus tard. Alors, lancer aujourd'hui un nouveau programme
d'améliorations ou bien de nouvelles recherches pour un futur autre programme dans les années à
venir devient l'enjeu majeur du constructeur: Rester sur scène demain comme utilité
ou revenir après-demain comme premier rôle. |
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On apprend par ailleurs qu'Airbus, après avoir proposé un
premier transfert technologique à la Chine concernant l'aile de l'A320 ainsi
qu'une chaîne de montage, vient de proposer une participation de 10% dans le
futur programme du successeur de l'A320. Au vu de la croissance du marché
asiatique, cela peut sembler normal, même pertinent, mais n'est- ce pas
accélérer le rattrapage technologique d'une industrie qui déjà possédait un
atout de taille avec ses prix de fabrication ? Pour une rentabilité à court
terme, ne brade-t-on pas une avancée technique qui reste notre dernier
bastion ? D'autant que les Chinois ont depuis longtemps fais la preuve qu'il
savent "s'adapter" très vite aux nouveaux produits. |
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Mise à jour 17 juillet 2006
- Le XWB est arrivé ( Pardon, vous avez dit quoi ?) |
Ca y est, le nouvel
A350 XWB est arrivé, via le salon de Farnborough. XWB pour Extra Wild
Body. En plus, ce n'est pas un, ni deux, ni trois, mais quatre nouveaux
avions qui sont lancés simultanément. Les A350-800, 900, 1000 et cargo.
Vous avez noté que jamais un constructeur n'avait encore retenu une version
"1000" (sauf BAE). Airbus l'a fait! Le prix de ce projet: 10 milliards €,
une bagatelle qu'il va bien falloir trouver sous forme d'avance remboursable
auprès des gouvernements européens. Et là, Boeing attend au tournant.
Comme Airbus annonce que l'A350 nouveau est nettement
meilleur que le 787, il y a fort à parier que Boeing ne va pas se laisser
faire. |
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Exit donc l'A350
ancien, mais exit aussi à très moyen terme les A340 et A330, les clients
seront plus tentés par la nouvelle génération. Il reste toutefois un
avenir militaire possible pour l'A330, même aux US.
Mais en annonçant un marché de 6000
avions pour les B787 et A350 XWB, le nouveau PDG d'Airbus Christian
Streiff, ne condamne-t-il pas de fait le choix fait de la formule "hub to hub"
de l'A380 ?
La sortie de crise va
être dure pour Airbus pour convaincre les clients qui se
précipitent chez Boeing depuis le début de l'année.
Il n'en reste pas moins qu'un avion en service et qui vole
bien attire l'attention et...les clients. Alors attendons la mise en service
de l'A380. |
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Dreamliner à main gauche XWB à main droite
Il y a comme qui dirait un air de ressemblance entre les
deux, ce ne serait pas à nouveau le coup du "Concordsky"? |
Mise à jour septembre 2006 |
A l'occasion du salon
de Farnborough, les commentateurs de la presse française se gargarisent des
commandes d'Airbus et annoncent comme à contre cœur celles de Boeing.
Vraiment dérisoire!
Aujourd'hui, l'objectif est la remise à niveau de l'outil
industriel d'Airbus, la définition exacte des caractéristiques des modèles
prévus et des gains de productivité sur les modèles délaissés pour les
remettre au goût du jour. |
Les carnets de
commandes d'Airbus et de Boeing sont suffisamment remplis pour qu'aucun
n'ait à courir après des commandes. L'avenir est aux nouveaux avions et
surtout aux matériaux composites. Utilisés de plus en plus sur les
futurs programmes, ils vont nécessiter des études et des tests importants.
L'accident du vol AA 587 ou de l'A310 d'Air Transat sont là pour rappeler
les limites des composites.
Aucun faux pas n'est permis! |
Boeing va très
prochainement lancer son nouveau B747-800 pour concurrencer l'A380 et Airbus
lance son nouvel A350 face au B787 et au B777.
Match nul!
Pour le plus grand intérêt des compagnies aériennes et des
consommateurs. Logiquement le marché est à 50/50 et l'hégémonie de l'un ou
de l'autre est à mettre aux oubliettes. Qui s'en plaindrait ? Cette crise
aura peut-être permis la disparition d'une l'esbroufe qui n'avait rien de
rationnel. |
Mise à jour 3 octobre 2006
- Le Crash de l'A380....et d'Airbus se dessine |
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La situation
s'aggrave pour Airbus qui repousse pour la troisième fois les dates de
livraison de son A380. Quasiment 2 ans de retard au total. Non seulement les
pénalités à verser aux clients vont atteindre des sommes faramineuses, mais
c'est en même temps des paiements absents pour les avions restés sur chaîne. Les
comptes d'Airbus passent dans le rouge sombre. Comment dans cette situation
trouver les quelques 10 milliards € pour lancer le nouvel A350 ?
Et si certains clients annulaient leurs commandes ? |
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Comme à chaque fois
que les affaires vont mal, la tension entre partenaires se tend un peu plus
et là, les Allemands risquent fort de recentrer la production et de
réorganiser les chaînes selon leurs propres conceptions après avoir laissé
les Français le faire depuis le début de l'aventure Airbus. Les enjeux
politiques, économiques et technologiques sont si importants qu'il n'y a
aucune place pour un quelconque sentimentalisme. Durant des années, la
rationalisation est passée bien après la gloriole et la frustration
d'Outre-Rhin est palpable. |
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La succession de
l'A320 qui se rapproche inexorablement va obliger Airbus à trouver
aussi son financement, du même ordre que pour l'A350. Au moins 10 milliards
€ sous peine de faire un avion au rabais à l'image du premier projet A350. A
qui faudra-t-il ouvrir les portes pour trouver l'argent ? Russes ?
Chinois ?
Car les Américains sont à l'affût de tout subside
gouvernemental alors que Boeing vient d'annoncer pour les 9 premiers mois de
l'année 2006 la vente de 666 avions face à 226 pour Airbus.
666 n'est-il pas le chiffre du démon! |
Mise à jour 9 octobre 2006 -
Le prix du dédit |
Selon "The
Observer", les premières
demandes d'indemnisation sont tombées chez Airbus: 30M€ pour "Virgin",
60 M€ pour "Quantas"
et 223 M€ pour "Emirates" qui annonce en même temps la commande de 20
Boeing 747-8 cargo (10 fermes et 10 options). On peut penser que cette
compagnie, le plus gros client de l'A380 version passagers avec 43
exemplaires aurait pu standardiser sa flotte en commandant des A380 cargo. Alors, est-ce une manière de faire
pression sur Airbus ou bien des annulations sont déjà dans les cartons ?
Concorde avait reçu
76 commandes avant de les voir toutes annulées. |
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Pour le concurrent Boeing, c'est
l'assurance du succès de son projet 747-8 lancé à un coût moindre que l'A380
et qui remet en selle une gamme complète d'avions un temps menacé par le
gros porteur d'Airbus. C'est aussi la preuve qu'un modèle sain, comme
d'ailleurs le modèle 737, peut être modernisé avec succès très
longtemps sans recourir à des projets complètement nouveaux et...très
coûteux. Cette ingéniosité de l'américain est absente chez Airbus qui pourrait
malgré tout bien s'inspirer de cette politique pour
l'A320 plutôt que de lancer un avion totalement nouveau. |
Mise à jour 20 octobre 2006 -
L'amortissement du programme A380 s'éloigne |
Et l'on apprend qu'à
la suite des demandes de compensations financières des compagnies clientes
suite aux retards de l'A380, ce n'est plus 200, mais 420 exemplaires qu'il
va falloir vendre pour amortir le programme. Sincèrement, qui a cru un seul
instant qu'un investissement de plus de 10 milliards d'Euros pouvait être
amortis avec la vente de seulement 200 avions ? Surtout quand on connait le bradage des premiers
avions de série auprès des clients de lancement.
Il y a quelques mois,
nous n'étions pas nombreux à nous interroger sur la justesse du choix
stratégique et économique d'un très gros porteur face au B787 (voir plus haut dans cette
page). A présent, de nombreuses voix se font entendre pour s'interroger sur le
choix d'Airbus. Facile et déplacé pour ces apôtres de la 11ème heure. De
plus, la bataille perdue, c'est en vue de la prochaine qu'il faut se
mobiliser.
Il n'en reste pas
moins que l'A380 n'est pas encore en ligne, qu'il n'a pas encore son
certificat de navigabilité et qu'il n'a pas prouvé sa rentabilité en ligne.
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Comme j'ai été abusé
sur les problèmes de fabrication et les dates de livraison, j'ai des
doutes sur pas mal d'autres points dont il ne vaut mieux pas trop parler,
car l'Omerta existe toujours. Mais certains signes ne trompent pas et la
"méthode Coué" a vécu. Ainsi que le dit un proverbe populaire, celui qui a
menti une fois n'est plus crédible à jamais.
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Mise à jour 23 octobre 2006 -
A380, le bon choix ? |
Le "Concorde" qui a fait rêver tant de gens à
travers le monde, avait atteint jusqu'à 76 commandes chez les plus
importantes compagnies aériennes des 4 continents avant qu'une annulation
générale ne se produise. L'avion arrivé au mauvais moment était aussi en
deçà des performances annoncées!
Aujourd'hui l'A380 avec 159 commandes n'est
pas à l'abri du même phénomène, amplifié par la gestion plus rigoureuse des
compagnies aériennes. L'A380, comme le "Concorde" ne risque-t-il pas d'être
victime du prix des carburants et d'arriver sur un marché qui n'est pas
demandeur d'un tel produit ? Lancé en 1991 par la volonté impérieuse d'avoir
un "gros navion" dans son catalogue, le projet d'Airbus est né dans les
années d'euphorie et aux limites de la technologie. |
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L'annonce de 2017 comme année du seuil de
rentabilité, 26 ans plus tard, ne rassure personne surtout que rien ne
permet d'en être sûr après le laborieux démarrage de la production et la
stagnation du carnet de commande que nous connaissons. Des améliorations
nécessaires ou des mises au point indispensables ne vont-elles pas aussi
renchérir les investissements ?
Et à présent, quelques clients se mettent à
réfléchir à l'instar d' "Emirates" qui envoie ses techniciens vérifier les
affirmations d'Airbus quand aux délais annoncés. Du jamais vu! La confiance
ne règnerait-elle plus ?
Certains se souviennent peut-être d'une
époque où la même commande était annoncée 3 fois par Airbus pour occuper
plus souvent la Une des journaux. |
Mise à jour 9 novembre 2006 -
Annulation de commandes |
Non,
Airbus ne va pas se séparer de 80% de ses sous-traitants tout simplement
parce qu'alors, il ne pourrait plus construire aucun avion. Non, Airbus veut
rationaliser des contrats souvent passés en doublon voire plus puisque
chaque site ou presque, même en France, traitait ses propres commandes avec
des sous-traitants choisis par lui. Une véritable gabegie!
Mais à l'heure
où tout va mal pour le constructeur, les nouvelles de ce genre sont souvent
rendues plus noires que noires.
Autrement plus sérieux, l'annulation par FedEx de 10 cargo A380. Les
remplacer par 15 B777 n'est pas équivalent puisque la capacité unitaire
n'est pas la même. Alors, n'est-ce pas plutôt le refus d'acquérir des Airbus;
une crise de confiance ?
La
capacité de l'A380 est peut-être en cause, ce qui serait un moindre mal et
d'autres clients n'auraient pas de raisons de suivre l'exemple. Mais si les raisons
de l'annulation sont plus intrinsèques à l'avion ou au constructeur, la
malaise devient drame. |
Reste toujours le lancement hypothétique de l'A350 XWB que le
récent conseil d'administration du 6 novembre devait décider. A 10 Milliards
d'€ au moins, le financement va être difficile à trouver, même si c'est un
investissement sur le long et très long terme puisque les études
consécutives à ce projet devraient profiter aussi au futur A320 XXX.
L'A350 XWB sera en
composite pour une bonne part, une technologie à développer avec des moyens
humains et financiers encore à trouver.
En effet,
la moitié des fonds nécessaires a disparu avec les pertes liées au report
des livraisons de l'A380 (6,5 Md€) et l'ambition du projet A350 XWB va
reporter sa mise en service de plusieurs années, probablement pas avant
2014. De quoi donner des cheveux blancs aux actionnaires.
Airbus vient aussi d'enregistrer les
premières pertes depuis l'an 2000. Seul le programme A320 maintient les
finances du constructeur à un niveau acceptable.
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Mise à jour 2 décembre 2006 -
Lancement de l'A350 XWB |
Après une valse-hésitation de plusieurs mois, l’A350 XWB
(c'est son acronyme pour l'instant) a été enfin lancé le 1er
décembre 2006. L’entrée en service est prévue en 2013,
soit 5 ans après le B787 qu’il doit concurrencer. Le marché, selon Airbus,
est de 5700 avions dans cette catégorie et devrait pouvoir absorber les deux
modèles concurrents. Quel changement de point du vue chez Airbus en quelques
années !
En conservant l'appellation A350 pour un avion totalement
nouveau, AI veut-elle faire oublier
l'existence même d'une première version avortée?
EADS annonce vouloir miser sur le confort, avec un fuselage plus large
et sur l’économie d’exploitation grâce à des moteurs Rolls Royce améliorés.
3 versions (800, 900 et 1000) plus un cargo ainsi qu’un dérivé très long
courrier (ER) sont prévus.
Le gain de performances devrait être trouvé comme pour le
Boeing 787, grâce à l’utilisation importante de matériaux composites, 60% de
prévus, y compris pour des panneaux de fuselage entiers.
Le tout pour un coût de 10 milliards d’€ ,annoncés être
trouvés sur fonds propres ainsi que sur les économies prévues
dans la réorganisation de l’entreprise et probablement sur les futurs bénéfices attendus des
ventes de l'A380. |
Les partenaires et sous-traitants seront aussi mis à
contribution pour le financement d'une part importante de R & D. La possibilité d’une augmentation de capital et l’arrivée
d’investisseurs nouveaux demeure l’autre solution pour trouver les fonds
nécessaires même si cet aspect n'est pas (encore) d'actualité.
La Russie n'a pas caché désirer plus que ses 5% pour améliorer les
compétences de sa propre industrie aérospatiale. Les pétrodollars du
Moyen-Orient ne demandent qu’à être réinvestis et les chinois ont des
excédents de devises à ne plus en savoir qu’en faire. Alors que la nouvelle
chaîne d'assemblage d'A320 leur a déjà fait mettre un pied, voire plus, à
l'étrier du fleuron de la technologie européenne, des idées ont déjà du germer dans
la tête des champions de la copie.
Boeing, de son côté, fort de ses 430 commandes pour le 787, a
déjà menacé devant l’OMC qu’il n’accepterait aucune subvention étatique
européenne.
Sur sa gamme, Airbus se retrouve dorénavant à la traîne de
Boeing pour de nombreuses années car le lancement de l’A350 empêche tout
autre projet de moyen/court courrier de décoller avant longtemps.
Avec en parallèle la fin de mise au point de l’A380, toutes
les ressources humaines, techniques et financières d’Airbus vont être
mobilisées.
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Mise à jour 13 décembre 2006
- Big is not beautiful |
Moins de deux ans après son premier vol, le 12 décembre 2006, l’A 380 obtient sa certification
européenne et américaine, puisque dorénavant, les deux organismes officiels,
AESA et FAA,
travaillent de pair. Tous les tests exigés ont eu lieu, du moins
officiellement, pour satisfaire les normes de sécurité prévues pour le transport de
passagers.
Il
n’en reste pas moins que les essais ont été partagés entre plusieurs avions
prototypes et qu’aucun n’a subit la totalité des tests. Qu'en est-il des
résultats d'un test sur le suivant ? Ce ne sera en fait
que l’expérience qui dira si l’avion surmonte bien les aléas d’une
exploitation commerciale et seules les compagnies aériennes feront les
essais en grandeur nature pour de vrai !
Airbus nous a promis que les premiers exemplaires auront été totalement mis
au point par les essais constructeurs. Gageons qu’avec ses 18 mois de
retard, il en sera bien ainsi. Ce temps aura pu ainsi être mis à profit pour
parfaire les derniers réglages.
Parmi les beaux discours le jour de la remise de la certification, on a pu
entendre encore vanter la taille de l’avion, "le plus grand du monde"
chanté sur tous les registres.
Le
« Goose » de Howard Hugues, les « Princess » ou « Brabazon »
étaient aussi les plus grands de leur époque, mais n’ont jamais
été les succès escomptés par leurs concepteurs car démesurés.
Ce
sont d’autres arguments, plus économiques qui doivent primer pour démontrer
à l’usage la justesse des vues d’Airbus par rapport à celles de Boeing et de
son « Dreamliner ». Mettre en avant l'argument du plus beau ou du plus grand
n'est que poudre aux yeux et n'a d'impact que sur une frange minime du grand public.
Après le premier vol et aujourd'hui la certification de l’A 380, c’est l’artillerie lourde d’Airbus qui vient de se placer en position d’attaque du marché mondial.
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Mise à jour 21 décembre 2006 |
Airbus semble être à la fête en cette fin d’année puisque
Singapore Airlines vient de confirmer les options d’une commande de 9
A380. La première depuis plus d’un an. Et pourtant, si on examine d’un peu
plus près cette « affaire », les conditions de prix restent
« confidentielles ». Comme le sont aussi les conditions d’une autre commande
complémentaire de Thai Airways pour 6 A380.
Le légendaire sens des affaires asiatique a du jouer un rôle
majeur dans la négociation de ces contrats.
Mais à force de « faire des prix » sur les ventes de son
« jumbo », le seuil d’amortissement s’éloigne toujours un peu plus. De 220,
il est déjà passé à plus de 400, pour l’instant !
Fabriquer des avions, c’est bien, les vendre encore mieux,
mais gagner de l’argent sur les contrats n’est-il pas la raison d’être d’une
industrie ?
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Mise à jour 18 janvier 2007 -
La menace Dreamliner |
En ce début
2007, Boeing redevient le premier constructeur mondial devant
Airbus en termes de commandes : 1024 (57%) contre 790 (43%). A
Toulouse, on fait grise mine surtout que l’année 2006 a été une
année bien noire pour Airbus qui a collectionné les ennuis. Une
série noire comme l’aviation en connaît parfois.
Par deux fois, la sortie des exemplaires de série
de l’A380 a été retardée et l’A340 a confirmé sa mévente et le
désintérêt des clients. Les commandes de l’A330, par manque
d’une version cargo et confronté à la concurrence du B787 ainsi
qu’au futur A350, végète.
Pire, les premiers clients de l’A350 dénoncent
le manque d’ambition du projet, simple amélioration de l’A330 et
Airbus est obligé de revoir sa copie face aux menaces
d’annulations.
Le nouvel avion, baptisé A350 XWB va coûter 10
Mds €. Ajoutés aux 12 milliards déjà dépensés pour l’A380 et
aux 6 exigés par les clients pour compenser ses retards,
amènent l’avionneur européen dans une passe financière
difficile. Les Russes entrent bien pour 5% dans le capital
d’Airbus, mais les tutelles politiques françaises et allemandes
refusent d’aller plus haut. On parle bien d’actionnariat de
certain pays du Moyen-Orient, mais pour le démentir aussitôt.
Après les retards de l’A380, la chute importante
de l’action EADS a secoué les croyances en la toute puissance
d’Airbus et la vente d’importantes quantités de titres quelques
jours auparavant par des cadres supérieurs de la société
permettent même de soupçonner un délit d’initié. |
Le cockpit du B787 et le futur A350
XWB
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Parallèlement, pour améliorer sa position en Chine face à
Boeing, Airbus a concédé un important transfert de technologie
en installant une chaîne de montage d’A320 dans le pays du matin
calme. Une aubaine pour une industrie encore embryonnaire mais
qui affiche clairement l’ambition de construire son propre avion
de 200 places d’ici 10 à 15 ans. Le constructeur européen
n’a-t-il pas cédé son droit d’aînesse pour un plat de
lentilles : une centaine de commandes d’A320 ?
Dans l’immédiat, pour redresser la barre et
rationaliser un outil industriel devenu tentaculaire au fil des
ans, le plan « Power 8 » lancé par l’éphémère PDG Christian
Streiff et repris par son successeur Louis Galois ne promet que
des économies de l’ordre de 2 milliards par an, dans le meilleur
des cas. Cela suffira-t-il pour financer toutes les obligations
ainsi que les projets quand les Américains restent totalement
opposés au système d'avance remboursables ?
De leur côté, les syndicats manifestent leur
inquiétude pour l’emploi et l’avenir voire le maintien de
certains sites de production. Sûrement pour tâter le terrain, on
parle de construire le futur A350XWB à Toulouse et pour calmer
les Allemands, de transférer l’ensemble de la production des
monocouloirs A318, A319, A320 et A321 ainsi que leur très
lointain successeur à Hambourg.
Après une année 2006 qui aura vu les comptes
d'Airbus passer pour la première fois dans le rouge, les mois à venir seront importants pour l’avenir
du constructeur européen sachant que certains analystes ne
craignent pas d’annoncer que le pire n’est pas encore passé. |
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Mise à jour 28 janvier 2007 -
5000 exemplaires d'A320 commandés |
Le 26 janvier 2007,
Airbus a annoncé avec fierté avoir vendu son 5000ième
A320 et avoir livré le 3000ième
exemplaire. Une performance unique en Europe si l'on se réfère au passé
aéronautique des grands constructeurs du continent. Jamais aucun avion n'a
atteint un tel niveau de production depuis les débuts de l'aviation. Pour le
moment, l'A320 est encore loin de rattraper le Boeing 737, mais a déjà
enfoncé les niveaux de production des B707 et 727 ainsi que des DC9 avec ses
variantes. Lors des hésitations pour le lancement de l'A320 en 1985/86,
personne au monde n'aurait parié un seul kopek sur un tel chiffre et un
succès aussi massif, pas plus d'ailleurs que sur le moteur CFM56 marié à
l'avion. |
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Si les géniteurs de
l'A320 ont su être présent avec leur produit au bon moment avec une
technologie novatrice, l'effet de surprise ne va plus jouer demain pour son
successeur qui doit être lancé dès à présent. Mais dans l'amélioration des
performances, on a atteint aujourd'hui l'asymptote des technologies connues.
Le moindre progrès va se payer au prix fort comme à faire la révolution des
matériaux composites bien au delà des "essais" actuels, mais c'est un autre
pari risqué. Boeing le tente avec son modèle 787 et Airbus va devoir suivre
sous peine d'être décroché technologiquement. Comme pour le passage vers le
métal puis vers le réacteur, les dégâts collatéraux ne vont pas manquer. |
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Mise à jour 2 février 2007 -
Manifs en série |
Inimaginable il y a encore un an, cette série de manifestions
sur la plupart des sites d'Airbus dans toute l'Europe. En
France, (seulement quelques centaines), en Grande-Bretagne, mais
surtout en Allemagne dans la région de Hamburg et de Bremen,
c'est un total de près de 25 000 salariés, selon les syndicats, qui est
descendu dans la rue pour clamer son refus des licenciements
prévus dans le plan d'économies de 5 milliards sur les 3
prochaines années. Les syndicats parlent de la suppression de 10
000 emplois et craignent que l'Allemagne ne soit la plus
touchée.
Les
sous-traitants ne sont pas épargné par la crise et s'associent
"aux Airbus" dans leurs craintes pour l'emploi. |
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Les
syndicats d'outre-Rhin ne mâchent pas leurs mots: "Si nous
constatons que nous ne parvenons pas à nos fins, l'entreprise
devra revoir ses prévisions de livraisons pour 2007", a
déclaré Rüdiger Lütjen, président du conseil d'entreprise
d'Airbus Allemagne. "Nous n'allons certainement pas rester
sans rien faire une fois que les mesures de réduction des coûts
auront été décidées."
Jutta
Blankau, responsable régionale d'IG Metall, a dit pour sa part
que le syndicat pourrait appeler à de nouvelles actions une fois
connu le plan d'économies, qui doit en principe être présenté le
20 février. L'ensemble des sites et des salariés d'Airbus
pourrait alors être touché par un mouvement de grève de grande
ampleur. |
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Mise à jour 6 février 2007 -
Mésentente franco-allemande |
La question qui se pose dans la crise chez Airbus
est avant tout historique, n’en déplaise aux amnésiques de
l’histoire. Les débuts d’Airbus ont d’abord été un partenariat
franco-allemand. Tous les autres pays, alors attentistes, ne se
sont ralliés qu’après les premiers succès. En Grande-Bretagne,
par exemple, c’est l’industriel avant le gouvernement qui a
rejoint Airbus.
Il serait dramatique de ne pas en tenir compte et
de renier une entente au dessus du Rhin qui aux heures les plus
sombres de l’industrie aéronautique européenne, a permis de
créer Airbus, aux antipodes de « l’entente cordiale »
franco-britannique pour le Concorde.
Aujourd’hui, chaque partenaire a pu acquérir de
l'importance dans son domaine : britanniques, espagnols ou
belges pour ne citer que les plus importants.
Mais dans la crise, il est bon de se souvenir des
ouvriers de la onzième heure face aux pères fondateurs. Il est
bon aussi de respecter un équilibre voulu dès l’origine. |
Une prééminence française ou allemande
n’apporterait que dissensions, rancœurs et créerait un climat
peu propice à la sortie de crise actuelle où tous doivent se
serrer les coudes.
Déjà, le mécano infernal pour produire à tout
prix l’A380 à Toulouse n’a pas été de bon augure, qui plus est
faisant suite à une volonté obstinée du partage de la production
des monocouloirs entre deux sites. Enfin, les accusations
réciproques d'incompétence n'ont apporté de l'eau qu'au moulin
de la discorde.
Lorsque l’on regarde l’histoire franco-allemande,
les Dornier, Junkers ou Messerschmitt n’ont rien à envier aux
Latécoère, Bloch ou Bréguet. Chacun a eu son heure de gloire et
a participé à la saga de l'aviation sous les cieux des 5
continents.
Aujourd’hui, la réussite dans la compétition
mondiale acharnée avec Boeing aujourd'hui, avec d’autres
demain, ne sera possible que si les passionnés d’aviation et
d’Europe bien sûr, peuvent prendre le pas sur les technocraties
bureaucratiques totalement incompétentes pour gérer la crise
actuelle. |
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Mise à jour 20 février 2007 |
Plan
Power 8 |
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La nouvelle est tombée : Airbus va licencier
10 000 employés.
Signe qui ne trompe pas, c’est le Premier
Ministre Dominique de Villepin qui a confirmé l’information
alors qu’EADS la veille encore, reportait sine die l’annonce,
refusant d’entrer dans le jeu politique. Ce sont encore le
Président Jacques Chirac et la Chancelière Angela Merkel qui ont
discuté de certaines modalités la semaine passée pour adoucir
les soupçons allemands accusant les Français de vouloir tirer la
couverture à eux.
Depuis quand le torchon brûle-t-il entre les deux
principaux partenaires ?
Jamais les communiqués d’autosatisfaction
d’Airbus au fil des ans n’ont permis de discerner ouvertement
cette méfiance réciproque étalée à présent au grand jour. Jamais
personne n’a osé ou n’a voulu dire que l’entente n’était que de
façade entre les Français prêts à tout pour rester le pôle
majeur et les Allemands désireux de regagner le terrain perdu
depuis 60 ans.
Malgré
les belles déclarations, les attributions successives des parts
dans le puzzle Airbus ont accentué les désillusions au fil des
ans.
Airbus
était synonyme de Toulouse |
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Demain, selon le plan d’assainissement
« Power8 », Hambourg devrait se contenter de la seule chaîne
d’assemblage des monocouloirs A320 et de ses dérivés, laissant à
Toulouse les deux « fleurons » l’A380 et l’A350 XWB, générateur
de haute technologie. La promesse de récupérer un jour le
successeur de l’A320 n’est qu’un vœu pieux pour l’instant et
l’industrie aéronautique d’outre-Rhin veut avant tout rester
dans le peloton de tête en matière de recherches.
Le drame, c’est bien qu’aujourd’hui encore et
malgré le statut de la société Airbus, l’avionneur n’est que
l’addition des savoir-faire d’industries nationales. Madrid,
Londres, Berlin ou Paris voient d’abord leur emploi national
avant l’avenir global d’une industrie aéronautique européenne.
Boeing a traversé il y a peu une crise
équivalente. Des mesures draconiennes prises par un seul patron
ont assaini la société, les commandes et les bénéfices sont
revenus.
Les Européens sont tous dans le même bateau, les
anciennes rivalités malheureusement bien entretenues dans
certains milieux, doivent impérativement faire la place à une
franche collaboration.
La gloriole n’est plus de mise. |
Mise à jour 23 février 2007
La 2 GM est-elle bien finie dans l'esprit de certains ? |
Alors que la guerre est finie depuis
plus de soixante ans, certains milieux français
continuent d’entretenir une rancœur tenace vis-à-vis
de l’Allemagne. Qu'ils admettent enfin l'évidence
que quasiment tous leurs anciens ennemis d’hier sont
à présent décédés et que les jeunes générations de
part et d’autre du Rhin et qui n’ont pas connu cette
période noire de l’histoire n’ont qu’une l’envie,
que l’Europe se fasse au-delà des antagonismes
d’hier.
A quoi sert donc et qui a intérêt à
poursuivre cette haine qui a entrainé tant de
guerres fratricides entre nos deux pays ?
Les Allemands ont des qualités
indéniables et les Français sûrement autant dans
d’autres domaines.
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L’alliance des deux peuples est
source de succès à la condition de dénoncer
violemment les imbéciles rancœurs entretenues par
des sectaires nostalgiques.
L’Europe s’est créée grâce à la
clairvoyance de dirigeants qui avaient souffert dans
leur chair des évènements de la seconde guerre
mondiale. Aucun des décideurs d’aujourd’hui n’a ce
triste passé comme excuse pour ne pas construire
entre la France et l’Allemagne ce magnifique
challenge qu’est Airbus.
Le respect mutuel est indispensable
comme il aurait déjà du l’être depuis bien
longtemps. Seuls les éternels crétins rêvent encore
de faire payer aux gamins d’aujourd’hui les erreurs
de leurs pères ou de leurs grands-pères. |
Mise à jour 1er mars 2007-
Power 8 est tombé! |
3700 + 4300 = 8000 suppressions
d’emplois en Allemagne et en France. Les
sous-traitants fourniront les 2000 autres pour
arriver au compte rond de 10 000 postes annoncés. Un
drame pour le fleuron du savoir-faire du vieux
continent.
Aujourd’hui, incrédules devant ce
crash, bien des commentateurs posent la question :
Comment en est-on arrivé là ?
Comme point de repère, ils remontent
un peu dans le temps, à l’époque bénie des
« hourrah » qui ont salué le premier vol de l’A380,
devant 4 chefs d’état européens et retransmit en
direct et en grande pompe à la télévision, il y a
moins de deux ans.
Pourtant, la lucidité porte à
reporter les explications de la crise bien plus loin
en arrière. Ce n’est pas le gros cigare fumé la
veille qui a déclenché un cancer du poumon ni les
quelques bouteilles de grand cru bues au dernier
repas qui sont la cause d’une cirrhose.
Déjà, au début des années 80, Airbus
traversait sa première grosse crise et la mévente
s’installait. Les « queues blanches » s’alignaient à
Toulouse et le moral était en berne. Mais quelques
années plus tard avec le lancement de l’A320,
générateur du plus gros succès commercial jamais
enregistré en Europe, le consortium allait mieux et
Airbus grandissait d’une mensuration face à Boeing.
Aussitôt, la fierté de cette réussite allait enfler
l’encéphale et créer une véritable surdité aux
critiques chez la plupart des dirigeants d’Airbus.
Lors du procès du crash du mont
sainte Odile, en 2006, de nombreux pilotes sont
venus témoigner qu’à la fin des années quatre-vingt,
le constructeur n’écoutait que ce qu’il voulait bien
entendre et que les critiques à l’encontre d’Airbus
ne pouvaient venir que de « mauvais français ».
Côté journalistes aussi, la pression
était là et seuls les adeptes fidèles des
communiqués de presse du constructeur avaient le
plaisir d’accompagner les vols de livraison aux
clients lointains.
Airbus ne se privait pas de vanter
ses succès en procédant par affirmations souvent
partiales ou simplistes alors que la contradiction
était difficile car rapidement et obligatoirement
trop technique. L’euphorie du succès étalé n’était
pas propice à la lucidité.
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Ainsi, au fil des
ans, sous la houlette de dirigeants à très forte
personnalité s’est installé une véritable « omerta »
qui claironnait comme réussite ce qui l’était moins
et occultait les erreurs ou les choix contestables.
Le système d’une gestion multinationale prêtait
d’autant plus à une opacité des responsabilités et
des prix de revient. Rappelez-vous, personne ne
connaissait alors les coûts réels des sous-ensembles
fabriqués dans les différentes usines.
Pendant cette période
de vaches grasses, l’ensemble des autruches,
syndicats, politiques et journalistes, gardaient
bien profondément la tête dans le sable. La fuite en
avant était la règle et aucun de ceux qui savaient
les choses déraper ne voulait être « le premier qui
allait dire la vérité ».
Les demi-succès ou
les échecs, A340, A318 et A350 n’ont jamais été
analysés par les spécialistes ou les états
actionnaires qui se passaient pour ainsi dire le mot
et entretenaient un silence de connivence.
Durant les années 90,
dans les bureaux et les ateliers d’Airbus à
Toulouse, à chaque détour de phrase apparaissait le
nom de Boeing. L’objectif ultime, l’ennemi juré, le
concurrent à dépasser, le leader à détrôner dans
chaque segment du marché. Ce qui avait bien réussi
avec l’A320 était en passe de l’être avec le duo
A330/A340. Il ne restait que le sommet de la gamme à
attaquer avec l’A3XX.
Devenu l’A380,
n’était-il pas le projet pharaonique de trop pour la
grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le
bœuf en obérant pour longtemps les finances du
constructeur européen dans le silence complice de
ceux qui pourtant avaient compris et vu la dérive ?
Mais l’A380 était
alors montré par les dirigeants d’Airbus comme le
symbole de la volonté de réussite de l’Europe face à
l’Amérique. La faiblesse de l’argumentaire technique
et commercial était remplacé par le politique que
peu osaient critiquer. Les avions, d’ailleurs
presque toujours présentés comme sortis des seuls
ateliers de Toulouse, étaient déjà les meilleurs du
monde et la conception de l’A380 n’était qu’une
formalité pour les demi-dieux qui allaient le
concevoir. |
Les causes de la crise chez Airbus
émanent surtout de cette arrogance, le terme martelé
par les parties civiles de tous bords lors du procès
du mont sainte Odile, de cette volonté de faire
taire toute critique en prétendant faire toujours
les bons choix techniques ou industriels.
Les accidents d’Airbus ont ainsi à
chaque fois permis au constructeur d’affirmer que la
cause ne pouvait être qu’une erreur humaine. Sous
entendu une faute de pilotage puisque l’erreur
humaine n’existe pas chez Airbus.
Avec le plan Power 8 est malgré tout
avancé un certain nombre d’arguments comme le dollar
trop bon marché face à l’Euro. Mais dans le passé,
le dollar avait déjà joué au yo-yo, étant passé de
moins de 4 francs à plus de 10. De plus, Airbus a
toujours avancé que la moitié de la valeur de ses
avions était américaine avec des équipements ou des
moteurs libellés en dollars, sans parler des
matières premières achetées elles-aussi avec des
billets verts.
Symbole de la construction Airbus, le
puzzle géant de fabrication et de transport entre
les usines européennes était une bonne idée en soi,
d’ailleurs même Boeing l’a repris pour son futur
787, mais le système a atteint l’incohérence avec le
circuit le plus complexe qui soit afin de
transporter les éléments de l’A380 pour la seule
raison de construire le géant à Toulouse plutôt qu’à
Hambourg.
Concernant le lancement avorté de
l’A350, c’est la grande certitude, encore elle,
d’avoir cru à des compagnies aériennes captives et
permit le lancement d’un avion « au rabais »
décrédibilisant un peu plus le constructeur face au
marketing bien organisé de Boeing.
Aujourd’hui, Airbus est plongé dans
une crise grave. L’argent manque autant que la
logique industrielle. Aucun produit nouveau n’est
vraiment porteur d’avenir. L’A380 n’est qu’un
espoir, l’A350 un projet et le futur A320+ une
évocation.
7 années de vaches maigres se
dessinent et le bout du tunnel ne sera visible
qu’avec une rigueur et une approche des problèmes
humains plus réaliste que par le passé.
Après des années de dogmatisme et de
certitudes, voilà à présent l’ardoise à régler. |
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Mise à jour 4 mars 2007
- Fin de l'A380 cargo |
Après l’abandon de l’A380F, Airbus
n’a plus d’avion cargo gros porteur face aux
B747-800 et B777. Pour le constructeur américain, le
champ est libre durant de longues années. Le futur
A330 cargo rivalisera plutôt avec le B767 cargo,
rien de bien grave pour Boeing.
Quand au futur long courrier B787, là
encore, le champ est libre pour de longues années.
Dans le meilleur des cas, l’A350XWB ne sortira que 5
ans après. Et l’on peut avancer que basé sur des
recherches de nouvelles technologies, le projet
européen n’est pas sûr du tout de tenir les délais
annoncés.
Enfin, après la mise au point du « Dreamliner »,
en extrapoler une version réduite sur une base de
recherche identique pour lancer le successeur du
B737 ne tardera pas outre-Atlantique. Airbus devra
suivre la même progression logique à partir de
l’A350 et continuera donc de conserver du retard. |
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Boeing va se retrouver avec une gamme
entièrement renouvelée et basée sur une communauté
de cockpit et de pilotage, deux arguments qui ont
fait la force d’Airbus durant des années.
Tout a donc basculé en moins d’une
année et ce n’est pas en taillant dans les œuvres
vives du constructeur, en licenciant ou en
pré-retraitant les plus anciens d’Airbus, ceux qui
ont porté l’entreprise sur les fonds baptismaux, que
l’on résoudra les problèmes actuels.
Les techniciens de la première heure,
ceux qui n’ont compté ni leur temps, ni leur sueur
pour créer la gamme actuelle emporteront
probablement avec eux un peu de la foi qui a soulevé
des montagnes, celle qui a permis de crédibiliser
Airbus contre l’avis de la plupart des « voix
autorisées ».
Avec le plan « Power 8 », Airbus a
consacré sa place de numéro 2 de l’aéronautique
mondiale. Reste à connaître avec quel pourcentage
face à Boeing. |
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Mise à jour 15 mars
2007 - Menaces à l'Est |
Au 23 mai 2006, nous l’écrivions ici,
la menace d’un concurrent chinois se fera bientôt
jour. Eh bien, cela se précise, des responsables
importants de l’Empire du Milieu viennent d’annoncer
la mise au point de projets d’avions commerciaux
made in China pour dans moins de 15 ans. Un délai
très court à l’échelle aéronautique.
Il est vrai que les ingénieurs
chinois ne commenceront pas toutes les recherches à
zéro puisque grâce au transfert de technologie de la
part d’Airbus pour fabriquer l’A320 sur place, il ne
restera qu’à copier le produit en l'améliorant un peu
voire même un
peu plus. Alors, même si le savoir-faire va
probablement accuser un léger retard technologique
en 2020, les coûts de production feront le reste.
Le 13 mars 2007,
Steven Udvar-Hazy, fondateur et PDG de International
Lease Finance Corp (ILFC) basée à Los Angeles,
le
plus grand loueur d’avion avec plus
de 1000 appareils en portefeuille, prévient Airbus
et Boeing qu’une nouvelle concurrence arrive aussi
de Russie, d’Inde et du Japon |
Steven Udvar-Hazy avait été à
l’origine du refus du premier projet de l’A350 et
il suggère aux deux ténors de ne pas s’endormir sur
leurs lauriers actuels.
Il paraît dès lors bien vain de
s’arcbouter sur le sauvetage actuel de 10 000 postes
de travail alors que l’on courre tout simplement le
risque de la pérennité d’Airbus. Aussi indécents,
injustes et inhumains que soient ces licenciements,
après les erreurs passées, les fondations mêmes de
l’entreprise avec plusieurs dizaines de milliers
d’autres emplois et l’avenir même d’une industrie de
pointe sont en jeu.
En voulant sauvegarder l’immédiat, on
a toutes les chances de condamner l’avenir. D'autres
technologies de pointe acquises par ces nouveaux
concurrents sont là pour nous alerter sur ce risque.
Que les politiques, si souvent
pompiers-incendiaires, cessent dorénavant
de se mêler de ce qu’ils connaissent le moins :
la gestion saine d’une entreprise. |
|
Mise à jour 30
mai 2007 Menaces de l'Empire du milieu |
Le PDG de
Boeing,
Jim
McNerney, a estimé fin mai 2007 qu'un troisième
avionneur, probablement chinois, viendrait concurrencer le
duopole
Boeing-Airbus
dans les prochaines décennies.
Alors que sa firme a accompli une restructuration
mondiale et engrange de nouveaux succès chaque jour, il doit
rêver devenir le numéro un du futur trio, hésitant entre Airbus
et la Chine pour la seconde place.
Comme le constructeur européen a bradé son
savoir-faire à l’empire du milieu et que l’avance technologique
qu’il pense devoir garder sur la sous-traitance chinoise se
réduit comme peau de chagrin au vu des faibles financements
disponibles pour les recherches en amont, les paris sont ouverts
pour la place de numéro deux ! |
Le marché intérieur chinois, l’eldorado qu’Airbus
envisageait de conquérir, risque fort de revenir aux chinois
eux-mêmes, dès lors qu’ils sauront construire les A320 avec le
retour à la maison des ingénieurs de Toulouse.
Après avoir transmis le savoir-faire des TGV,
puis des Airbus, demain des centrales nucléaires, il ne restera
à la France que les yeux pour pleurer en affirmant regretter « que les
chinois ne jouent pas le jeu ».
Il faut être naïf imbécile et sénilement précoce pour
penser que les Chinois ont pu un jour « jouer le jeu ».
Comme tous les peuples conquérants, la fin justifie les moyens
et la considération qu'ils peuvent avoir pour l'Occident sur le
déclin n'est guère flatteuse pour nous. |
On est loin de l’époque où le monde entier pensait
et disait qu’Airbus « is big and beautiful » et où
toute critique était proscrite. Alors que le projet
A350 a été fortement contesté par les clients au
point d’obliger le constructeur à revoir sa copie de
fond en comble, la nouvelle version XWB n’est pas
non plus à l’abri de critiques et semble même être
remise en cause comme la première au motif d’un
manque d’innovation face à son concurrent « Dreamliner ».
Si l’américain a misé sur une construction
généralisée en composite, Airbus, en prenant le
train en marche, n’y est allé que par petites
touches au point de poser de sérieux problèmes de
maintenance dans le véritable « patchwork » du
fuselage de l’A350 XWB.
Le dilemme d’il y a 3 ans redevient
d’actualité : reprendre nombre d’études à la base
avec le surcoût consécutif ou faire l’impasse sur
les matériaux composites au risque de décevoir les
clients. Toutes les études sur l’avion risquent dès
lors de se révéler inutiles.
Et les dénégations de l’avionneur ne
changent rien à la situation.
C’est un peu comme au poker, lorsque
l’on n’a pas les atouts en main, ne vaut-il pas
mieux attendre une nouvelle donne que de s’entêter
avec de mauvaises cartes ?
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Mise à jour 15 juin
2007 Salon du Bourget: le chant du
cygne ? |
Au moment ou s’ouvre le salon du Bourget 2007, le
bilan des commandes de l’aviation civile est très nettement à
l’avantage de Boeing qui se restructurait d’une manière
importante il y a deux ans à peine. Une remontée spectaculaire
de l’américain face à la chute brutale de l’Européen Airbus.
Le verdict est sévère : le choix du module de
moyenne capacité long courrier a été le bon, celui du très gros
porteur le mauvais ainsi que le bimoteur face au quadri.
Près de 600 commandes pour le B 787 avant son
premier vol alors que pour l’A350 XWB, son concurrent direct
lancé depuis peu, la montée en puissance des commandes est
significative,
preuve d’un avion correspondant au marché.
Et en
face, l’A380 stagne malgré ses nombreux vols promotionnels.
Prochaine étape, dans un monde aéronautique où
les nouveautés se font rares, chacun attend avec impatience le
roll-out du Boeing B787 le 8 juillet prochain, 7-8-7 selon les
dates américaines.
Les enjeux qui se dessinent sont bien évidemment
la maîtrise des matériaux composites, clés de l’allègement des
structures, mais aussi les coûts de production |
Salon du Bourget 2007 |
. Boeing a
diversifié ses fournisseurs dans le monde entier, une véritable
révolution pour lui, et Airbus sous-traite en Asie, demain
probablement en
Russie.
La question qui se pose à présent : pourquoi
faut-il à tout prix baisser drastiquement les prix de
production, quitte à détruire un savoir-faire unique aux USA
comme en Europe, afin de vendre toujours plus d’avions encore moins chers ?
Plus d'avions, c'est aussi plus de pollution et des nuisances
sonores en augmentation sans éviter la saturation du ciel et des
aéroports pour certaines liaisons dont la rentabilité voire même
l'utilité est parfois
posée.
L’aviation n’a-t-elle pas dépassé son point
d’équilibre au-delà duquel plus rien de rationnel n’est pris en
compte et ou la fuite en avant pour des raisons uniquement
capitalistiques va mener droit dans le mur ?
Rappelons l'objectifs des principales compagnies
aériennes réunies en séminaire début juin. Zéro pollution
en....2050. Et en 2051, on rasera aussi gratis peut-être ? |
Airbus-Boeing: la course en tête
Mise à jour 23 juin
2007 |
Premier
bilan du salon du Bourget |
|
728 commandes dont 425
fermes pour Airbus durant le salon du Bourget contre seulement 66 pour
Boeing. Un écart impressionnant à mettre toutefois en regard
d’un bilan très différent pour les 6 premiers mois de l’année.
(Début juin, Boeing : 429, Airbus : 201)
C’est de bonne guerre,
Airbus a stocké les contrats pour frapper un grand coup dans un
salon français, qui plus est, à Paris et au moment où les médias étaient le plus
disposés à entendre ces chiffres flatteurs. Sans oublier que
plusieurs options devenues entre temps commandes fermes ont été
annoncées plusieurs fois.
Reste les prix. |
Au titre des
compensations pour les retards de livraisons de l’A380, bien des
sacrifices financiers ont déjà été faits depuis
le début de l’année pour les clients déçus
et lésés. Quand au lancement de l’A350XWB, crucial
pour Airbus, il se devait de décrocher impérativement suffisamment de commandes
pour devenir crédible à quelques semaines de la sortie, en
grande pompe le 8 juillet n’en doutons pas, du « Dreamliner » de
Boeing. Alors, pour « encourager » quelques prises de décisions au moment
où les projecteurs étaient allumés, la tentation de négocier les
prix a du être très forte.
Et plus que les
clients, cette fois, c’était Airbus le demandeur.
|
Cmme
en période de soldes,
depuis quelques mois, plusieurs compagnies ont du fait le détour par
Toulouse pour faire de bonnes affaires au grand marché de
l’aviation.
Sauf ILFC, le plus grand loueur d'avions, qui ne s'intéresse
qu'au B787.
Mais pour le grand
public, Airbus se devait de reconquérir les esprits, voilà qui
est fait.
Quand aux financiers et
aux compagnies aériennes clientes ou futures clientes, le moment
de vérité tombera bientôt, lors de la mise en service de l’A380
à partir d’octobre prochain et avec la
transformation de l’avion papier A350XWB en avion réel, conforme
ou pas aux promesses hardies déjà faites, des promesses pas
électorales, espérons-le ! |
|
|
|
Une autre information passée presque inaperçue au
salon est l'annonce presque conjointe de Boeing et d'Airbus pour
le lancement du futur 150 places, successeur du B737 et de
l'A320. Il y aurait accord tacite, tant économique que
technologique pour ne rien faire avant 10 ans au moins. Pour
Airbus, après l'étude, le lancement et la mise au point de
l'A350XWB, c'est sûrement le délai nécessaire pour respirer. |
|
Mais pour Boeing, de qui peut venir la surprise,
les échéances sont différentes puisque dans deux ou trois ans
déjà, après la fin de la mise au point du B787 et des nouvelles versions
du B747, les bureaux d'étude devront s'intéresser à de nouveaux
produits. Pourquoi pas alors le successeur du B737, surtout que
la maitrise des matériaux composites, clefs du futur, aura été
acquise avec le B 787.
Alors bluff ou pas? |
Une nouvelle génération d'avions est née ce 7.8.7 (juillet.08.2007)
Lors du roll-out du « Dreamliner », Boeing a mis
l’accent sur la conception et la fabrication mondiale de
l’avion, par delà les frontières et les continents.
Ainsi, le
« Dreamliner », est un peu le rêve des hommes réunissant leurs
compétences pour fabriquer le meilleur avion possible. Un bon
coup de pub et un soin remarquable pour une image de marque qui
risque fort de coller à la peau de Boeing pour son plus grand
bien.
Airbus l’européen n’a pas su faire aussi bien
avec son A380 qui n’était vanté que comme un succès européen, et
même franco-français en France, qui plus est soulignant les
antagonismes du vieux continent. La « victoire » sur le B747
n’intéresse personne sur la planète aéronautique et seul le rêve
passionne les foules.
L’A380 n’est pas un « Dreamliner », loin
s’en faut, pas plus d’ailleurs que l’A 350 XWB à l’acronyme
barbare que nul futur passager ne va retenir.
|
L’âpre bataille que vont se livrer Airbus et
Boeing quand à leurs concepts de transport différents et à
l’impact de leurs produits va aussi se jouer avec des effets de
marketing et Boeing vient de prendre une longueur d’avance.
Pourtant par le passé l’imagination n’a jamais
manqué en Europe et les noms de baptême de nombreux avions ont
charmé plus ou moins nos oreilles. "Concorde", "Caravelle",
"Mercure" et même le
"Point d’interrogation" sont restés dans les mémoires mieux
que le XWB.
Alors pourquoi ne pas remettre à la mode du jour
des noms ou des surnoms pour les Airbus. Eurocopter, du
moins lorsque c’était encore l’Aérospatiale a su aussi baptiser les
Alouette, Fennec, Puma, Gazelle et autres machines de noms que l’on
retient sans peine.
Et
puis, les passagers ont aussi besoin de voler dans des avions de
rêve, des "Dreamliner". |
Mise à jour 14 juillet
2007 |
|
|
677 commandes le jour de son "roll out"! Le
Boeing 787 bat tous les records avant un premier vol. De son
côté, Airbus a engrangé près de 200 commandes pour son XWB.
L'alternative point à point ou hub à hub n'existe
plus, le très gros porteur a perdu son pari. Les concepteurs
d'Airbus se sont lourdement trompés en voyant trop gros et
ont obéré les possibilités de développement de l'entreprise
pour plusieurs années. De plus, l'image du constructeur
européen est écornée par le faux départ de l'A350 autant que
par l'échec du lancement industriel de l'A380. |
Airbus
et Boeing, c'est un peu comme dans la fable où la grenouille
a voulu se faire aussi grosse que le bœuf, Airbus a payé
cher une ambition inutile. Certes l'A380 est le plus gros et
transporte plus de passagers, mais face à la multiplication
de vols directs qui évitent les gros aéroports encombrés et
inhumains, le marché se restreint singulièrement pour le "big
Airbus". Reste que l'ego de certains dirigeants d'Airbus a
pu être satisfait entre temps. Leur obsession de construire
un "gros avion" ne date pas d'hier et était devenu la raison
de vivre de certains. |
Demain,
c'est le successeur de l'A320 et du B 737 qui va décider
définitivement de la hiérarchie entre les deux
constructeurs. On peut facilement imaginer qu'un petit
Dreamliner n'est pas long ni très compliqué à fabriquer
alors que le successeur de l'A320 n'est même pas encore
concevable.
Pour le moment, il ne reste que les ultimes
"cocoricos" de la presse franco-française qui s'évertue
encore à faire croire à ses lecteurs qu'Airbus reste
toujours le premier. Comme d'habitude en France, le réveil
risque d'être douloureux! |
Mise à jour 19 juillet
2007 |
Chaises musicales - Sarko et |
Merckel s'emmêlent |
L’entrevue Sarkozy-Meckel a semble-t-il,
réglé la question de la hiérarchie d’Airbus.
En fait, à part l’impression d’un jeu de
chaises musicales pour les dirigeants, rien de bien nouveau
sauf…que les syndicats français n’ont pas craint d’affirmer
qu’Airbus avait été vendu aux Allemands. Ont-ils
complètement tort ?
Thomas Enders
prend bien la direction d’Airbus après que Lutz Bertling
ait pris celle d’Eurocopter, Stefan Zoller celle de
la division sécurité et défense et Rüdiger Grube
celle du conseil d’administration d’EADS.
Que reste-t-il aux Français ? Astrium, la
division espace pour François Auque et la direction
générale d’Airbus avec Louis Gallois. |
|
Les Espagnols se sont discrètement emparés du
programme A400 alors qu’ils sont loin de l’alimenter par
leurs commandes propres.
Que penser de tout cela ?
Mécontents d’une hégémonie française depuis
plusieurs décennies, les Allemands ont repris la majorité
dans l’organigramme d’EADS. Leurs succès industriels et
économiques dans d’autres secteurs face à la stagnation de
l’économie française a certainement joué dans les
tractations. L’histoire de « Caravelle » et « Concorde » n’a
pas pesé bien lourd face à un pragmatisme économique vérifié
par la balance des paiements. |
La
France n’a pas pu jouer de son passé « glorieux » face à
une Allemagne qui a démontré ses capacités et sa compétence
face à l’avenir. C’est la note qu’a du payer la patrie de
Molière pour plusieurs décennies d’incohérences économiques
qui ont été la risée de la planète.
D’avoir imposé un circuit digne de Dédale pour construire à
tout prix l’A380 à Toulouse plutôt que logiquement à
Hambourg n’a pas permis au pragmatisme français de
s’affirmer, au contraire. De céder au compte goutte la
fabrication des dérivés de l’A320 à l’usine de Hambourg tout
en conservant en France la chaîne des A330/A340 n’a pas non
plus permis de démontrer l’équilibre entre les deux
principaux associés. |
N’en doutons pas, cette conception bien
française du partage est un héritage de la seconde guerre
mondiale et du rapport de force qui a découlé de la victoire
de 45. Surtout celle des autres, d'ailleurs! Triste qu’au bout de tant d’années, les Français
n’aient pas pu outrepasser ces préjugés pour collaborer
sainement d’égal à égal avec leur meilleur partenaire en
Europe.
Maintenant que notre continent n’est plus coupé en
deux depuis près de 20 ans, il serait temps que d’anciennes
idéologies qui ont prévalu alors, cessent définitivement de
semer la discorde entre les deux plus grandes nations
d’Europe dont la complémentarité est le meilleur gage de
succès face aux grands d’Amérique et d’Asie. |
Alors
que les investisseurs étrangers se pressent à la porte
d'Airbus comme la Russie ou Dubaï, en attente
d'autres, préserver le noyau dur de l'avionneur devient une
nécessité impérieuse à l'heure des nouveaux défis. La Chine
est le prochain concurrent et Boeing a repris le leadership
mondial. A ce moment, perdre son énergie à des luttes fratricides
est suicidaire pour l'Europe aérospatiale. L'efficacité doit
bien rester le maître mot.
L'avenir passera aussi par le départ de tous ceux qui n'ont
conçu l'aventure Airbus que comme une sorte de revanche du
destin en vivant les étapes successives plus comme un
épisode guerrier que comme une aventure industrielle. Les
règlements de compte ne sont plus de mise à l'heure de
vérité qui sonne aujourd'hui. |
Mise à jour 7 septembre
2007 |
Le
moral baisse |
|
Les organigrammes d'EADS et d'Airbus ont été chamboulés sur
fond de concurrence franco-allemande.
Pourtant, les intérêts de l'Allemagne et de la France, sans oublier
ceux d'autres pays impliqués dans les programmes Airbus, ne
sont-ils pas liés pour le meilleur et pour le pire ?
Mais
toujours et encore se greffent les états d'âmes de
politiciens frustrés et déconnectés des réalités
industrielles pour empêcher les accords techniques
pragmatiques et logiques de se mettre en place.
Le
plan "Power 8" tant décrié et qui a même poussé à la
démission son auteur Christian Streiff, maintenant engagé
chez PSA, va être appliqué comme seule solution possible à
la survie d'Airbus selon Thomas Enders. |
|
En
attendant l'action EADS continue de baisser de 22,5 % depuis
le début de l'année 2007 et la banque russe VTB, actionnaire
à 5 % depuis quelques mois à peine envisage de se
désengager.
Coté
commandes, rien de neuf du côté de
l'A380. Les espoirs mis en Chine ne se concrétisent pas.
Seule la compagnie "Emirates", déjà plus gros client avec 55
avions laisse entendre le doublement de sa flotte, mais
seulement après l'aménagement de l'aéroport de Dubaï pour
les recevoir.
L'optimisme n'est pas de rigueur car il est toujours malsain
sur le long terme de mettre tous ses œufs dans le même
panier.
Côté livraison, le premier appareil destiné à
Singapore Airlines est prêt, enfin. |
|
Alors
que la parité € / $ continue de favoriser la monnaie
américaine, pour réduire ses frais de fabrication, Airbus
envisage d'augmenter la sous-traitance en Chine,
quitte à communiquer encore davantage de secrets de
fabrications à l'industrie aéronautique chinoise émergeante.
On peut douter de la pertinence de ce choix
alors que plusieurs scandales viennent d'éclater au sujet de
la qualité et de la fiabilité des fabrication chinoises.
Boeing repousse de son côté le 1er vol de son
B787 de plusieurs semaines. Tout n'est pas si simple! |
|
Mise à jour 19 septembre 2007 |
Boeing en tête |
|
Après les superlatifs et les
« cocorico » au salon du Bourget pour porter aux nues les
commandes « raz de marée » enregistrées par Airbus et un
sourire condescendant pour le bilan de Boeing, la presse française
est beaucoup plus discrète en ce mois de septembre.
Pour les 8 premiers mois de l’année,
Boeing annonce 841 commandes contre 713 à Airbus, mais il
faut chercher l’info dans les pages intérieures des
journaux. Pourtant, nous étions quelques-uns à dénoncer les
effets artificiels du salon qui ne pouvaient pas
correspondre à une tendance générale. Un bilan ne s’établit
pas sur une série de « coups ».
|
En toute logique, Boeing se positionne
devant Airbus tout simplement parce que sa gamme est plus
complète et mieux adaptée en ce moment avec ses différents
modèles.
La vente des quadrimoteurs est
quasiment au point mort, inadaptés qu’ils sont à un marché
qui cherche avant tout à faire des économies de carburant et
achète prioritairement des bimoteurs moins gourmands. De
plus, les compagnies "low-cost" en plein essor commandent en
masse des appareils de 150 places pour élargir ou se créer
des parts de marché.
Ce sont des faits et il ne sert à rien
de se lamenter.
|
Mais Boeing n'a pas pour autant un boulevard
devant lui. La mise au point d'une nouvelle technologie ne
se fait pas en quelques jours et d'un seul coup de baguette
magique. En leur temps, les "Comet", B707, B747, ainsi que
les Airbus A320 et A380 ont vérifié cet adage et le B 787
n'échappe pas à la règle.
Selon des indiscrétions à vérifier encore,
les matériaux composites qui forment l'essentiel de la
structure du " Dreamliner" poserait quelques problèmes de
sécurité.
L'A350 qui compte suivre le même chemin devra
en tenir compte s'il s'avèrent réels. |
Mise à jour 24
septembre 2007 |
Attention danger Dreamliner |
|
Un
ancien employé de Boeing accuse le B 787 d’être dangereux à
cause de sa construction en matériaux composites qui
résisteraient moins bien à un crash. De plus, en se
déchirant et en éclatant plutôt que de se plier comme les
tôles d’aluminium, cette structure permettrait au feu de pénétrer plus
facilement dans la cabine tout en émettant de très nocives
fumées.
En un mot comme en cent, il faut proscrire
cet avion plastic, un concept trop dangereux en
aéronautique.
Boeing s’en défend, bien sur, et affirme que
des tests ont lieu pour assurer toute la sécurité voulue.
Les matériaux composites sont connus et
utilisés depuis longtemps sur tous les avions de conception
récente. Certes pour des parties limitées de la cellule ou
des ailes, mais sans que personne n’y ait trouvé à redire.
Par exemple, depuis 1988, tous les Airbus ont une dérive et
souvent un plan horizontal en carbone, les deux remplis de
carburant d’ailleurs, et avec chaque nouveau modèle d’avion,
la part d’aluminium a diminué. Dans l'A380, c'est un quart
de la structure qui est en matériaux composites notamment le
caisson central de voilure, les volets d’ailes et tout le
tronçon arrière du fuselage ainsi que l'empennage. |
|
Pourtant, plusieurs incidents sur la dérive
composite des Airbus ont jalonné son exploitation, le plus
dramatique est la cassure nette de l’A300-600 d’American
Airlines à New York en novembre 2001. L’enquête du NTSB n’a
pas stigmatisé ni la conception ni les matériaux.
Avec le Dreamliner, Boeing vient de franchir
un pas important en construisant la plus grande partie de la
cellule et des ailes en composite, mais ce bond
technologique ne ressemble t-il pas à la mise en service des
ordinateurs de bord et des commandes de vol tout-électrique
sur l’A320 il y a 20 ans ?
Pour son projet A350 et à la demande de
plusieurs clients, Airbus vient de décider de remplacer
certaines parties en aluminium et d’augmenter ainsi dans de très
importantes proportions la part du composite dans son nouvel
avion.
Mais alors, la piste composite sera-t-elle une voie
sans retour ? Les investissements très importants ne
risquent-ils pas d’empêcher toute marche arrière même en cas
de découverte de faiblesses structurelles ?
Les
avoueraient-on d’ailleurs face aux
enjeux industriels ? |
Mise à jour 1er
octobre 2007 |
BA se fiance avec Airbus |
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British Airways vient de commander 12 A380 assorti de 7
options et 24 B787 avec 18 options. Ne sachant pas ce que
demain sera fait dans le voyage aérien, le transporteur
britannique joue donc sur les deux tableaux: les liaisons
haute densité de hub à hub et celles de point à point chères
à Boeing.
A
Toulouse, on se réjouit de la commande de ce client souvent
allergique à Airbus et plus porté sur les avions équipés de
moteurs Rolls-Royce que sur les produits européens.
Souvenons-nous des 10 premiers A320 hérités de British
Caledonian, seuls Airbus dans une flotte tout-Boeing en
1988.
Il a
fallu attendre 10 ans pour que British Airways étoffe son
parc moyen-courrier avec une commande de 59 A320/A319/A321. |
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En ce
mois d'août 98, chez Airbus, la satisfaction est au plus
haut, mais selon le journal "Libération" un analyste
anglo-saxon ne prétend-il pas que le rabais a été de 40%
pour enlever la commande, annulant tout bénéfice sur ce
contrat ? Simultanément, Boeing décroche la commande de 16
B777 équipés .... de moteurs Rolls-Royce.
Alors, pour ajouter British Airways à son palmarès, de
combien Airbus a baissé, ou a bradé le prix de son
A380 ?
La
compagnie anglaise pourtant ne pouvait guère se permettre
d'ignorer le gros porteur d'Airbus dès lors que ses
concurrents Air France et Lufthansa l'alignaient dans leur
flotte. |
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Mise à
jour 5
octobre 2007 |
Délits
d'initiés massifs |
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Chaque français, chaque européen vient de tomber de haut en
apprenant que les dirigeants d’Airbus, secondés par de plus
petits, 1200 personnes en tout, sont accusés de délits
d’initiés. En d’autres termes, ces gens se sont davantage
préoccupés de leur fortune personnelle que de l’intérêt de
leur employeur, Airbus.
Les termes clairs du rapport de l'Autorité des Marchés
Financiers accusent une vingtaine de dirigeants d'EADS de «délits
d'initié massifs».
Pourtant, il s’agit d’une entreprise montrée en exemple par
chaque Président de la République et chaque ministre depuis
des lustres comme une réussite européenne parfaite.
Durant des années, les
dirigeants d’Airbus vantaient un acquit technologique unique
au monde d’où la critique ou l’erreur étaient exclues
puisque jamais les avions Airbus n’étaient pris en faute
lors d’un crash. C’était toujours l’erreur humaine qui était
montrée du doigt par ceux-là même qui pendant ce temps
n’avaient guère de scrupules, un œil rivé sur la bourse, à
oublier de surveiller de près la qualité de fabrication d’un
autre avion qui n’avait pas encore fait la une des faits
divers. |
Le défaut de transparence dans la gestion,
l’arrogance et l’absence de toute critique d’où qu’elle
vienne, avaient caché Airbus derrière un véritable « rideau
de fer ». Avec ses entrées réservées s’était aussi créée une
clique de courtisans à la vanité minable qui confortaient le
constructeur dans ses certitudes.
Soyons réalistes, le ver était dans le fruit
depuis belle lurette, en fait depuis que les premières
décisions ont été prises en 1987/88 sur l’A320 pour « être
les meilleurs ».
A l’époque, grâce au soutien inconditionnel
des pouvoirs publics, les problèmes techniques, ceux de
management ou d’image ont pu être occultés en face de
l’intérêt supérieur de « La France » ! Airbus était « sans
reproche ». Ce qui était bon pour l'avionneur l’était pour
le pays et aussi pour l’Europe. |
Pourtant au fil des ans, les choix stratégiques ont plus
souvent correspondu à une vision et au rêve de quelques
dirigeants qu’à une étude de marché. La fuite en avant a été
de mise pendant que l’autosatisfaction affichée gommait les
réalités et les constatations des utilisateurs au point de
ne pas tenir compte de bien des alertes.
Aujourd'hui, tous les problèmes surgissent
simultanément, mais le pire de tous n’est-il pas la crise de
confiance et pour des milliers d’employés, de techniciens et
d’ingénieurs le sentiment d’avoir été trahis, trompés et
cocufiés par leur maitresse ?
Ce n’est pas comme un membre cassé que répare
une simple attelle, mais bien une blessure de l’âme
peut-être incurable.
Sans beaucoup d’efforts, Boeing aura réussi à
neutraliser Airbus pour longtemps. Le combat au sein du GATT
n’emploiera plus que des supplétifs.
En effet, face à cette grave crise de
confiance qui dérive en affaire d'état, la question des
subventions aéronautiques semble bien secondaire, même si
tout le programme A 350 XWB lui est lié. |
Mise à jour 11
octobre 2007 |
Les
ennuis du Dreamliner |
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A sa manière, Boeing aussi a eu plus
gros yeux que grand ventre. Les problèmes techniques,
nouveaux et complexes, de son modèle 787 l’amène à repousser
de 6 mois le premier vol et les premières livraisons.
Le premier vol prévu initialement fin
août 2007, déjà repoussé à fin novembre est à présent prévu
pour mars 2008. Les livraisons annoncées en mai reportées à
novembre ou décembre 2008.
Comme pour Airbus, l’Américain a été
obligé d’admettre qu’entre la théorie, les effets d’annonce
et la pratique, il y a un pas et parfois même un grand. Pour
le plus gros « navion » et maintenant pour le plus avancé
technologiquement, la ressemblance est frappante d’une
volonté de minimiser les difficultés et de laisser croire
que la création d’un nouvel avion, c’est à peine plus
compliqué que le lancement d’un nouveau biscuit fourré au
chocolat.
La cause avancée cette fois serait une pénurie de
rivets. Ah bon !
Quelle disproportion entre l’apport
technologique révolutionnaire du composite et la rupture de
stock de rivets !
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Mise à jour
15 octobre 2007 |
Le
premier A380 livré |
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Ca y est, ce 15 octobre 2007, Singapore Airlines
a reçu les clés de son premier A 380 bon pour le service. Avec
18 mois de retard sur le calendrier, ce premier et seul avion va
tenter de conforter sa place dans le ciel et auprès des
passagers qui seront gâtés. En effet, SIA a joué la carte du
confort absolu en n’installant que 471 sièges au lieu des 525
possibles dans la version tri-classe.
L’aménagement intérieur avait été gardé secret
jusqu’à la livraison lorsque des caméras nous l’on fait
découvrir. Le confort est bien le maitre-mot de la compagnie
surtout en business et en first puisque là, ce sont 17
« chambres » qui sont proposées. Le prix est bien sur
correspondant puisqu’un Paris – Sydney via Singapour coutera
14000 €. A titre de comparaison, Lufthansa en classe ECO demande
2000 €, 7 fois moins.
Surtout que même au prix fort, le gain de temps
sur le vol par rapport à la classe ECO ne se comptera qu’en
minutes, celles de gagnées en sortant en priorité de l’avion à
l’arrivée.
En direct de chez Airbus, en suivant la visite
filmée au milieu de ce luxe hors de portée du grand public, j’ai
eu comme l’impression de parcourir la cabine du Zeppelin,
réservé lui aussi aux « gens riches » des années 30.
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Toujours
pour un AR Paris/Sydney, pour les couples qui peuvent se payer
deux places en first, la facture sera de 22000 $. Les sièges
formeront alors un lit double et des pétales de fleur
accueilleront les heureux occupants.
Ainsi, après avoir péniblement décollé, l'A380 se rattrape en
permettant à ses riches occupants de monter au septième ciel.
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Toutes nos excuses pour l'interruption de
l'historique de la saga Airbus-Boeing. L'actualité
aéronautique n'est pas un long fleuve tranquille et
vous avez certainement suivi les péripéties du
"match" Airbus vs Boeing qui a mené à la conclusion
de ce jour.
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Les
années ont passé avec de multiples rebondissements
autant pour Airbus que pour Boeing, mais le 14 février
2019, jour de la Saint Valentin, Tom Enders, le patron
d'Airbus, annonce la mort de l'A380.
Il est
de tradition, lors d'un décès, d'évoquer uniquement les
qualités du défunt et d'en critiquer l'action où les
aspects négatifs serait vu d'un mauvais œil par la
famille et les fidèles rassemblés autour du cercueil.
Il est
va de même pour l'A380 où rares sont les voix qui osent
souligner aujourd'hui les germes de l'échec contenus
dans le cahier des charges dès l'origine du programme.
Faire plus gros que Boeing a aveuglé l'Europe
aéronautique au point de faire taire toute voix
dissidente et oublier toute raison. En ce jour de deuil
pour l'A380, les qualificatifs dithyrambiques
fleurissent partout, oubliant toute analyse approfondie
et préparant ainsi les échecs futurs.
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L'adieu au géant
Après un dernier virage, l'A380 a rendu les armes après seulement
234 livraisons (241 commandes à ce jour). Airbus chiffrait
pourtant à l'origine les besoins des compagnies aériennes à plus
d'un millier d'appareils. Que s'est-il donc
passé pour que le constructeur européen se soit trompé à ce
point?
Deux conceptions s'opposent
L'A380 a été conçu pour les vols entre les plus grands
aéroports, de hub à hub, avec des correspondances effectuées par
des vols secondaires pour remplir ses quelques 500/600/850
sièges. A l'opposé, Boeing avait compris que les passagers
préféraient les vols directs depuis les aéroports de plus petite
taille sans correspondance inutiles. Dès la genèse de l'A380,
ces deux thèses opposées se sont affrontées.
De son côté, Jean Pierson, l'administrateur gérant d'Airbus (GIE
Airbus puis EADS) voulait à tout prix ce gros avion pour damner
le pion au 747, l'avion dit de "la concurrence" car le nom de
Boeing était banni à Toulouse. Airbus a conçu l'A380 dans
l'ombre de ses bureaux d'étude et s'est limité ensuite à
présenter fièrement son "gros bébé" a quelques compagnies
aériennes, futures utilisatrices potentielles d'un tel très gros
porteur quadrimoteur. La cause était entendue selon Airbus,
puisque le ciel serait encombré dans quelques années, limitant
le nombre d'avion en vol.
Déjà, avec le B777, Boeing avait privilégié le bimoteur plus
économique en éliminant du marché l'A340 grâce à une
modification de la réglementation ETOPS (
Extended-range Twin-engine
Operation Performance Standards)
passant de 2h à 3h de vol sur un moteur en cas de panne. Les
bimoteurs pouvaient désormais prendre les routes plus directes.
Les quatre moteurs ne s'imposaient plus.
Mais Airbus s'entêtait avec son avion géant quadrimoteur alors
même que Boeing préparait son futur bimoteur 787 "Dreamliner"
encore plus économique et champion des vols point à point.
Si les commandes pour l'A380 ne décollaient pas, celles du B777
puis du B787 "Dreamliner" s'engrangeait par centaines. Airbus se
rendit alors compte de son erreur et lança en catastrophe
l'A330XWB, un A330 à peine modifié qui déplut aux compagnies.
Contraint de revoir sa copie, Airbus mis alors rapidement
l'A350 en chantier pour contrer autant le B777 que le B787,
mais aussi indirectement l'A380, accréditant de fait la thèse
des vols de point à point et condamnant à terme son gros
porteur.
Boeing avait sondé les compagnies aériennes avant de concevoir
et de peaufiner les caractéristiques son B777 alors qu'Airbus
était parti sur ses certitudes sans réelle étude de marché et en
"oubliant" que c'est le fret transporté en soute qui génère le
bénéfice des compagnies. Le 777 emmenait deux fois plus de fret
que l'A380. La messe était dite.
Pourquoi Airbus était-il aussi sûr de son fait?
Depuis la genèse de l'A320 dans les années 80, on était persuadé
à Toulouse d'être les meilleurs car ayant conçu un avion
supérieur tel annoncé dans son slogan," Son cerveau sort du
nôtre". Le crash de Habsheim, malgré l'apparition de plusieurs
défauts, cachés et rectifiés dans la plus grande discrétion,
n'avait pas modifié les certitudes de l'encadrement d'Airbus ni
fait surgir quelque humilité. Le choix erroné de quatre moteurs
pour l'A340 n'avait pas non plus alerté l'état major de Toulouse
malgré son modeste carnet de commandes face à l'A330 bimoteur.
L'A380 résultait surtout d'une volonté d'égaler le 747 de Boeing
en oubliant que le temps avait changé les conditions et les
habitudes du transport aérien.
Les études et l'industrialisation de l'A380 auront coûté environ
18 milliards €, loin, très loin, des prévisions de 8 milliard €
qui justifiaient le lancement du programme.
Les avions que les compagnies aériennes abandonnent maintenant
les unes après les autres ont du mal à trouver des repreneurs
sur le marché de seconde main et il est triste d'envisager à
brève échéance la démolition de nombre d'entre eux devenus des
carcasses inutiles.
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A Tarbes, les avions
servent de magasins de pièces de rechange avant d'être démolis. |
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