Le jour de l’accident, l’AIRBUS
A.320 est en ligne depuis trois semaines à AIR FRANCE, naturellement
compagnie de lancement de cet avion qui apporte une révolution dans la
conduite du vol.
Sur les avions de ligne précédents, les manches à balai des pilotes
étaient reliés par des câbles aux vérins hydrauliques qui actionnaient
les commandes de vol (profondeur, ailerons, direction). Les moteurs
étaient aussi reliés par câbles aux manettes des gaz des pilotes.
Sur ce nouvel avion, les câbles de
commande sont supprimés et remplacés par des informations provenant
d’ordinateurs qui élaborent les ordres de commande du pilote et les
transmettent par des fils électriques aux vérins des moteurs ou des
commandes de vol. D’où l’expression « Fly by wire » pour
désigner ce type d’avion.
Les Américains ont un retard de
plusieurs années sur AIRBUS, puisque le premier avion à commandes
électriques que sortira BOEING sera le B 777 en 1996. Lors de
l’accident, il y a plus de 500 commandes de A.320 et sa certification
est en cours aux USA. Dans ce contexte, une défaillance du nouveau
système de commandes de vol ou de celui de contrôle électronique de la
poussée des moteurs serait une catastrophe industrielle nationale.
On prend donc la décision de masquer
cette défaillance éventuelle, puisque le Commandant ASSELINE a déclaré
dès sa sortie de l’avion en feu que « les moteurs n’étaient pas
repartis normalement ».
Pour ce faire, il faut disposer des
enregistreurs authentiques de l’avion et donc les remplacer par des
leurres, ce qui donnera du temps pour les examiner et modifier leur
contenu, si nécessaire.
Il est hors de doute que les
organisateurs de la substitution sont persuadés qu’ils travaillent
pour la défense des intérêts supérieurs nationaux. Les enjeux
économiques sont considérés comme tels que le fait de faire porter à
l’équipage la responsabilité totale d’un accident est jugé
indispensable, afin d’innocenter l’avion.
En
FRANCE, on appelle cela la raison d’État.
Dans les pays de droit, c’est un crime |