Dans l’enquête judiciaire qui dura
huit années, les experts jouèrent un rôle déterminant dans
l’appréciation que la Justice se fit de ce dossier. Comment
aurait-il pu en être autrement dans un dossier d’une technicité
telle que même des pilotes de ligne peinent parfois à y retrouver
leur latin.
Du fait de cette part cruciale
qu’eurent ces experts, il est tout à fait normal que leurs travaux
soient examinés avec la plus grande rigueur, car il faut rappeler
que la liberté et l’honneur des accusés de cette affaire en dépend
et tout particulièrement ceux du Commandant ASSELINE.
Sur la première expertise des experts
AUFFRAY et BOURGEOIS, le Juge d’instruction GUICHARD a souligné leur
« laxisme procédural » et nous n’en dirons pas plus. La suite
de l’enquête fut confiée aux experts VENET et BELOTTI, pour la
refaire complètement.
Ces nouveaux experts ont joué un rôle
essentiel, qui a orienté les décisions finales prises par le Juge d’Instruction,
puis celles des magistrats du Tribunal Correctionnel et de la Cour
d’Appel. Au départ, ils avaient bénéficié d’un préjugé d’objectivité
favorable, lorsqu’ils présentèrent au Juge un document appelé
« condensé de l’existant », dans lequel ils faisaient part des
critiques nombreuses et justifiées que l’on pouvait faire sur la
façon dont avait été menée l’enquête avant qu’ils n’interviennent,
tant sur le plan procédural que de la technique aviation. Tous les
espoirs de voir effectuée une enquête pugnace étaient donc légitimes
et en particulier celui de voir examinée sans complaisance
l’hypothèse d’une machination.
Au cours de leur enquête, on les vit
se rapprocher de la thèse étatique proclamée dès le lendemain de
l’accident, qui voulait accréditer que l’avion était irréprochable
et le pilote seul coupable.
Avant de mener une contre-expertise
minutieuse, nous avions tout d’abord pensé que la distorsion entre
leur approche initiale et leur rapport final était due à leur intime
conviction d’une absence de falsification, acquise au gré de leur
enquête.
C’était leur droit le plus strict,
mais nous devons signaler que le Juge GUICHARD, dans une déclaration
faite en janvier 1997, déclarait que : « la loi ne demande pas à
l’expert s’il a une intime conviction, celle-ci étant réservée aux
Juges, qui apprécient souverainement, en interprétant dans la
plupart des affaires les données qui sont fournies par les
experts ».
Déclaration qui semble bizarre pour sa
dernière partie, puisqu’elle implique que les Juges peuvent ne tenir
aucun compte d’expertises qui établiraient la vérité !
Des expertises conduites par des professionnels
juges et partie
Au moment où les experts VENET et
BELOTTI ont repris l’enquête, une très forte suspicion de tromperie
existait, alimentée par le laxisme judiciaire précédent et les
anomalies techniques qui s’étaient fait jour.
Dès lors, il ne restait que l’exercice
d’expertises rigoureuses pour asseoir la certitude d’une
non-falsification.
Comment pourrait-on s’étonner de voir
apparaître des critiques sur l’indépendance d’appréciation de
certaines expertises engagées, lorsque l’on voit à qui les plus
essentielles ont été confiées par le Juge d’Instruction et ses
experts :
- alors qu’il existait un doute majeur
sur la participation de certains membres du CEV et d’AIRBUS à une
falsification, c’est à deux membres de ce CEV (Centre d’Essais en
Vol de BRETIGNY) que l’on confie l’analyse de l’authenticité de la
bande de l’enregistreur de paramètres du DFDR.
SCHLUMBERGER est le distributeur en
France des enregistreurs FAIRCHILD, et donc le fournisseur d’AIRBUS,
et ce sont trois ingénieurs de cette entreprise qui sont nommés pour
vérifier qu’il n’y a pas eu falsification !
- c’est toujours au même CEV qu’est
confiée l’analyse des accélérations de l’avion.
- alors qu’il existait un doute sur le
fonctionnement correct des réacteurs de l’avion accidenté, c’est à
CFM International que l’on confie l’expertise du fonctionnement
correct des moteurs, alors que cette entreprise en est le fabricant,
conjointement avec GENERAL ELECTRIC.
- alors que les liens très étroits
entre la Direction Générale de l’Armement et l’Etat sont établis
depuis longtemps, c’est au Centre d’essais des propulseurs que l’on
confie l’étude des divers dépôts qui subsistaient à la surface des
boîtiers enregistreurs. Ce centre et le CEV étant par ailleurs tous
deux des appendices de la DGA !
- alors qu’un souci d’indépendance
rigoureux aurait voulu que cette analyse fût faite à l’étranger dans
un laboratoire vraiment indépendant de l’Etat français, c’est au
Chef du département d’acoustique de la Gendarmerie Nationale que
l’on confie l’expertise de l’enregistreur de conversations.
En suggérant au Juge
d’instruction de confier les expertises les plus cruciales à des
experts au service de l’Etat, MM. VENET et BELOTTI l’ont
délibérément engagé sur une voie où il était très improbable de
trouver quoi que ce soit d’anormal, et l’on comprend alors
parfaitement les déclarations à la presse de ce même Juge « sur
l’impossibilité d’établir la vérité si des fonctionnaires étaient
mis en cause ».
On n’en sera pas pour autant
satisfait.
Bien entendu, nous ne contestons pas
l’appel à des experts adjoints dans une expertise aéronautique
évidemment très complexe. Bien qu’ils fussent des Commandants de
bord chevronnés, les experts judiciaires VENET et BELOTTI ne
pouvaient pas être au niveau requis par des expertises diverses et
poussées en informatique, moteurs, chimie, acoustique, ou
électronique.
Toutefois, il est évident que le
souci d’obtenir des résultats irréfutables impose de faire appel à
des experts adjoints qui aient toute indépendance dans la marche de
leur entreprise ou leur carrière pour mener à bien leurs
investigations. Ce n’est
évidemment pas le cas dans les expertises citées ci-dessus.
Pour garantir cette indépendance, les
laboratoires compétents sont nombreux de par le monde. Les experts
se sont contentés d’interroger le seul Bureau d’enquête accident du
CANADA, qui a décliné. Et ils se sont arrêtés là dans leur
prospection.
Pourtant, ce pays n’est pas le seul
pays Outre-Atlantique capable d’expertises réellement indépendantes
de l’Etat français et de toute la nébuleuse d’organismes et sociétés
qui s’y rattache. Il est hors de doute aussi que l’on pouvait
trouver en Europe des interlocuteurs très compétents en
informatique, chimie, analyse de CVR ou de DFDR ou bien de moteurs,
et qui n’auraient eu cure que les rouages de l’Etat français soient
impliqués ou non dans un accident.
Nous avons amené la démonstration
de cette indépendance avec l’expertise confiée au laboratoire de
Police Scientifique et Criminelle de LAUSANNE, qui fut exemplaire
de rigueur scientifique.
Si une volonté avait existé de
trouver de tels experts, ils auraient évidemment été trouvés.
Il est singulier de voir AIRBUS
protester sur le fait que des expertises pourraient être menées à
l’étranger, sous le prétexte qu’elles pourraient être partiales et
au service de la concurrence.
Est-il donc si évident que la
vérité va jaillir du puits lorsque des expertises sont confiées à
des organismes d’Etat, alors que c’est justement ses services qui
sont sur la sellette ?
Bien entendu, si des experts adjoints
à l’indépendance assurée, avaient été choisis, ils auraient eu
nécessairement des contact avec AIRBUS, le CEV ou le fabricant des
moteurs CFM, puisque ceux-ci ont une connaissance évidente de leurs
matériels et des procédures d’utilisation.
- c’est une chose qu’un organisme
strictement indépendant des parties impliquées les interroge pour
éclaircir des points techniques. Etant à même de juger de la
pertinence des explications qu’on leur fournit, ces experts peuvent
rendre ensuite un avis éventuellement tout à fait différent de celui
qu’auraient souhaité les organismes ou fabricants impliqués.
- c’est une autre chose de voir
l’expertise confiée à des organismes et entreprises qui sont juges
et partie dans une affaire où l’engagement de leur responsabilité
aurait eu des conséquences extrêmement graves.
Leurs compétences ne leur permettant
pas d’apprécier seuls la pertinence de certains des rapports fournis
par des experts-adjoints qui étaient juges et partie, les experts
VENET et BELOTTI étaient condamnés à se voir servir d’éventuelles
sornettes, sans avoir les connaissances nécessaires pour les
contrer.
Imaginerait-on que dans une
enquête criminelle, on confie une expertise sur l’arme d’un crime
à l’armurier qui serait soupçonné de ce crime ?
Dans le cas d’HABSHEIM, parlons net et
supposons par exemple que les experts adjoints chargés de vérifier
si leur organisme ou société n’est pas impliqué dans une
falsification avaient trouvé que malheureusement leurs collègues
n’étaient pas irréprochables et qu’ils le signalent dans leur
rapport.
Quelle aurait été leur carrière
ensuite ? A-t-on déjà vu un expert judiciaire mettre en cause sa
société dans une enquête judiciaire dont il serait en charge ? Il
est inconvenant que le Juge d’instruction ait mis des experts
adjoints dans cette situation cornélienne.
Dès le début de l’enquête, et au vu
des doutes qui s’installaient chez les pilotes de ligne, le
Président du bureau AIR FRANCE du SNPL, auteur de ce rapport, avait
écrit le 19 septembre 1988 au Président de la Commission d’enquête
de l’Administration une lettre récapitulant des interrogations et
qui concluait: « L’ensemble de ces observations conduit à des
doutes qui doivent être absolument levés dans cette enquête...Nous
demandons une nouvelle analyse complète de la bande DFDR dans des
conditions préservant la validité des résultats, c’est à dire dans
des services indépendants du constructeur et de l’Administration ».
Nous allons passer en revue les
différentes critiques que nous pouvons faire sur l’enquête de MM.
VENET et BELOTTI et de certains de leurs adjoints.
Expertise des dépôts à la surface des enregistreurs
Des traces d’extinction du feu, mais pas de traces
des fumées !
Et sur des enregistreurs qui n’étaient pas dans
l’avion !
Il y a donc un truquage qui confirme une
falsification
La présence de produits
d’extinction sur les boîtiers ne peut aller sans celle de résidus de
combustion.
Afin de déterminer la nature des
traces grasses de couleur « brun-noir » se trouvant à la
surface des enregistreurs, une expertise fut lancée par le Juge d’Instruction
auprès du laboratoire du Centre d’Essais des Propulseurs, organisme
d’Etat, s’il en fût.
Furent fournis par MM. VENET et
BELOTTI des échantillons de Skydrol, liquide hydraulique utilisé sur
les AIRBUS, et d’un émulseur chimique utilisé par les pompiers de
COLMAR pour combattre des feux d’hydrocarbures.
Les résultats de cette expertise sur
les dépôts prélevés à la surface des enregistreurs montrèrent
qu’ils :
- présentent de grandes similitudes
avec le spectre infrarouge du fluoroprolydol (émulseur des liquides
d’extinction de feux d’hydrocarbures)
- contiennent des esters de même
nature que ceux entrant dans la composition du Skydrol LD4. (Ndr :
ce qui est normal, puisque dans le compartiment des enregistreurs
circulent des tuyaux hydrauliques qui ont pu être affectés par
l’accident.)
- portent aussi des traces de diverses
poussières. (Ndr : ce qui ne surprendra personne !)
Ni l’expert de la DGA, ni les
experts ne se sont étonnés de ne pas trouver de résidus de fumées
de l’incendie de l’avion sur les enregistreurs.
Et pourtant :
- le Colonel des pompiers SCHNEBELEN a
signalé que l’un des enregistreurs portait des traces de suie
(audience Correctionnelle de COLMAR).
- l’arrivée de produits
d’extinction sur les enregistreurs n’était possible que si
l’accident avait créé une ouverture dans le compartiment où ils
étaient logés. Dans ces
conditions, la chaleur et les fumées devaient atteindre aussi les
enregistreurs.
D’après M. LEJEUNE (chef sur service
dépouillement au CEV) témoignant devant la 11éme Cour d’Appel,
« la peinture des enregistreurs commence à cloquer à 100°» et
l’on conviendra que dans un incendie d’avion, cette température a pu
être atteinte sur les boîtiers !
Outre les traces de chaleur très
possibles sur la peinture, la fumée aurait dû à coup sûr laisser
des dépôts de suie contenant des résidus de combustion de
peinture, matières plastique, Téflon, pétrole, etc....
Aucun de ces résidus de
combustion n’a pas été décelé par l’expertise !
Des fumées qui s’arrêtent
opportunément à l’entrée du trou de l’avion par lequel passe la
mousse des pompiers.
On a déjà vu quelque chose du
même genre lors de TCHERNOBYL, où les fumées radioactives
s’étaient arrêtées officiellement aux frontières de l’hexagone,
tout en laissant dans nos campagnes des traces que l’on retrouve
dix ans après !
Il est incompréhensible que les
experts VENET et BELOTTI n’aient pas été interloqués par cette
absence de résidus de combustion.
La présence impossible de
produits d’extinction et de liquide hydraulique sur des boîtiers qui
n’étaient pas sur l’avion d’HABSHEIM
Nous avons apporté la preuve formelle
que les boîtiers aux mains du Tribunal ne sont pas ceux prélevés sur
l’avion.
Comment pourraient-ils donc porter
des traces de liquide hydraulique et de produits d’extinction ?
Il a donc fallu que quelqu’un ait la
malhonnêteté de frotter les enregistreurs leurres avec les produits
que l’on voulait retrouver à la fin de l’expertise. Cet individu n’a
pas pu frotter avec des produits de combustion, puisque ceux-ci
n’étaient évidemment plus disponibles. Qui est-ce ?
On notera que les produits retrouvés
par l’analyse des dépôts sont identiques aux échantillons
qu’ont fournis les experts VENET et BELOTTI.
Dans ce contexte, comment donc
obtenir les résultats de l’expertise que nous venons de décrire, sur
des boîtiers qui n’étaient pas sur l’avion d’HABSHEIM ?
Nous constatons donc que cette
expertise a été truquée.
L’absence de perception de ces
énormités par MM. VENET et BELOTTI laisse perplexe. C’est un
élément de plus à verser au dossier de la falsification.
Pour aller plus loin, il est
indispensable de décrire très sommairement le fonctionnement d’un
DFDR (Digital Data Flight Recorder). Il enregistre 209 paramètres
sur A.320. Ces données sont numériques et recueillies par une bande
magnétique de ¼ de pouce de large (6,35mm) qui se déplace à
0,917cm/s.
La bande DFDR fait environ 136 mètres
de long. Elle est livrée déjà enroulée en continu par le
constructeur FAIRCHILD, c’est à dire que les deux extrémités sont
collées selon un procédé particulier au constructeur, et ce collage
s’appelle le « Slice ». Elle est installée ainsi dans la
platine électronique du DFDR, mais pour la retirer, il faudra la
couper. Les règles de l’art veulent que cette coupe soit effectuée
une dizaine de centimètres après la tête d’enregistrement, pour
sauvegarder à coup sûr les derniers instants du vol.
Il y a 6 pistes en parallèle sur la
bande, d’une durée de 4h10 chacune, soit 25 heures totales.
L’enregistrement efface toutes les données précédentes et on garde
donc en mémoire les dernières 25 heures du vol.
Les paramètres sont enregistrés toutes
les secondes ou avec un intervalle plus long, selon leur importance
Cette bande comporte quatre endroits
très particuliers :
- la coupure de la bande,
qui est indispensable pour pouvoir la sortir de l’enregistreur dans
lequel elle tourne en continu. Cette coupure fut effectuée au CEV et
consista à couper la bande DFDR environ 8 cm après la tête
d’enregistrement, de façon à sauvegarder les derniers instants du
vol accidenté.
- le « stripper »
qui est un nettoyeur de têtes comme on en trouve sur les
magnétoscopes perfectionnés, pour éviter l’encrassement des têtes
par des débris de bande. Cet endroit sur la bande se traduit par une
portion de 16 mm environ, un peu rugueuse, et qui va donc frotter
toutes les 4h10 sur les têtes d’enregistrement et de lecture,
puisque la bande effectue son tour complet dans ce laps de temps.
- le « sticker »,
fenêtre de changement de piste. Il offre une fenêtre de 4 mm de
longueur de bande dépourvue d’oxyde magnétique et qui déclenche le
changement de piste. Ce dernier s’effectue lorsque la bande a fini
de parcourir les 4h10 d’une des six pistes, la 1 par exemple ; et le
passage du sticker devant une fenêtre optique se traduit par un
ordre électronique de passer sur la piste suivante, la 2 dans cet
exemple.
- le « splice »,
qui est l’endroit où le constructeur de l’enregistreur a collé en
usine les deux extrémités de la bande, avant que celle-ci ne
soit montée dans la platine de l’enregistreur.
Pour pouvoir lire les paramètres de la
bande, il faut passer par un banc d’exploitation, dont est
notamment équipé le CEV de BRETIGNY où il est appelé
« Réséda ».
Croquis de la bande et de ses
points particuliers
Une preuve de la falsification est apportée par un
changement des amorces de la bande DFDR, qui n’a reçu aucune
explication.
On aura eu beaucoup de temps pour
exécuter cette falsification puisque l’enquête a établi que du 17
août 1988 au 6 juin 1989, les enregistreurs et les bandes vont
rester entre les mains de l’expert AUFFRAY.
Les experts VENET et BELOTTI
constateront que, soit durant cette période, soit durant celle où la
bande DFDR a été chez le juge d’instruction, des amorces
nouvelles ont été posées sur la bande DFDR, différentes de
celles posées par le CEV le soir de l’accident, selon les
déclarations des techniciens de ce centre.
Ces amorces new-look de la bande
DFDR conservée par M. AUFFRAY font 60 cm au lieu de 100 sur celles
qui étaient posées par le CEV. Elles sont opaques et non pas
blanches et collées du côté des paramètres avec un colle définitive,
alors que le CEV les colle du côté support de la bande, avec une
colle qui permet le démontage.
Le changement des ces amorces
témoigne d’une utilisation de cette bande, dans une procédure non
officielle.
Or , c’est à la demande d’AUFFRAY
que la bande originale lui a été confiée, le 13 juillet 1988. En
complète illégalité, il la prêtera 23 jours à AIR FRANCE, qui ne
pourra l’utiliser faute d’interface informatique adaptée. Les
experts AUFFRAY et BOURGEOIS n’observeront aucun changement
d’amorces lorsqu’AIR FRANCE restituera la bande le 17 août 1988.
C’est donc durant cette période de
dix mois, pendant laquelle M. AUFFRAY détenait les enregistreurs et
les bandes, que les amorces de la bande DFDR ont été changées. Cela
implique que des interventions ont été faites sur cette bande et
elles n’ont pu être que frauduleuses, puisqu’effectuées hors la vue
de la Justice.
Durant ce délai confortable, le
changement d’amorces témoigne que M. AUFFRAY a confié la bande
originale à des tiers non identifiés, qui auront tout loisir de
mener à bien des opérations de falsification.
Les faits qu’implique ce
changement d’amorces de la bande du DFDR
- le soir de l’accident , le CEV
installe des amorces bien identifiées sur la bande DFDR.
- les amorces différentes que
l’on retrouve lorsque l’expert AUFFRAY rend les bandes et les
enregistreurs 10 mois après témoignent donc que l’on a utilisé la
bande originale du DFDR pendant qu’elle était sous sa garde.
- s’il s’était agi seulement de
lire cette bande, il n’était point besoin d’en changer les
amorces.
- On peut donc affirmer que la
bande originale a été changée contre une autre, sur laquelle il a
fallu coller des amorces. Cette bande ne peut être que neuve, sans
quoi les faussaires seraient avec une impossibilité de montage que
nous mettrons en évidence ci-après. Les faussaires n’ont pas pensé
que ce changement d’amorces serait mis en évidence.
- la seule justification à
l’utilisation d’une autre bande est celle de modifications
apportées au contenu de la bande originale.
- il n’y avait aucune autre
raison à cette dissimulation que celle d’une défaillance de
l’avion.
Aucune conséquence ne sera tirée
par MM. VENET et BELOTTI de ce changement des amorces de la bande
DFDR ne sera tirée.
Ils constateront sobrement que ce
changement est inexpliqué !
Analyse des accélérations de l’avion par le CEV :
des changements de signe impossibles
Les experts ont menti et trompé les magistrats
A la demande de l’expert BELOTTI, le
CEV a étudié les accélérations de l’avion en valeur absolue et en
signe.
Le rapport du CEV précise que
l’analyse comprend systématiquement « un contrôle de cohérence
globale (valeurs absolues, signes, évolutions) destiné à identifier
les pannes et les anomalies de l’enregistreur. Le contrôle de Jx
(Ndr : accélérations longitudinales de l’avion) nous a convaincus
que ce paramètre présentait des valeurs physiques et une évolution
globalement cohérente ».
Voire !
Un changement de signe
incohérent n’est pas perçu par les analystes du CEV. C’est
impossible
Le DFDR enregistre les accélérations
subies par l’avion dans les trois axes longitudinal, vertical et
latéral. Le listing tiré par les experts à partir de la bande
« officielle » est très surprenant. Lors du décollage vers
HABSHEIM, les accélérations longitudinales enregistrées sont
affichées avec un signe « moins . On devrait retrouver cette
logique de signe tout au long de l’enregistrement, depuis la mise en
poussée jusqu’au crash.
Il n’en est rien.
On constate qu’en accord avec la
logique de signe du décollage, la régression de vitesse de l’avion
se traduit par des signes « plus », puisque la mise en
poussée avait montré des signes « moins . Mais en moins
d’une seconde, cette convention de signe s’inverse dans les 35
dernières secondes du vol, marquant donc une accélération, alors que
la vitesse est et restera en régression constante.
Ce signe inversé persistera jusqu'à
l’impact avec les arbres.
Il sera évident à tous les
observateurs qu’une convention de signe d’accélération ne peut
s’inverser au cours d’un vol, et de plus, par un hasard obsédant,
dans les 35 dernières secondes d’un vol que l’on suspecte, avec
beaucoup de raisons, d’avoir été retravaillé au simulateur ou par
des moyens informatiques.
Tout se passe comme si les faussaires
qui ont refait cette fin de vol, très probablement sur ordinateur,
s’étaient trompés dans le signe à appliquer à une accélération. Ils
ont attribué le signe « moins » à une décélération, sans se
rendre compte que le début du vol comportait une logique inverse
voulue par le fabricant du DFDR.
Les « analystes » du CEV
n’avaient à étudier que le seul paramètre accélération longitudinale
sur un vol de 292 secondes (top décollage-impact des arbres), ce qui
n’est pas sorcier. Il n’a pu donc leur échapper qu’après avoir été
normale pendant 85 secondes, la décélération changeait de signe de
façon insolite 35 secondes avant l’impact sur les arbres.
Pour un spécialiste, cela se voit
comme un nez sur une figure. Il est donc impossible que cette
bizarrerie soit passée inaperçue, d’autant plus que les analystes
ont étudié la décélération précisément jusqu’à cette fameuse seconde
où le signe s’inverse indûment (TGEN 640 ou 1348 sur leur listing)!
D’autre part, en étudiant les toutes
dernières secondes du vol, il ne pouvait non plus leur échapper que
dans cette zone, le signe indiquait une accélération, alors que la
vitesse de l’avion était constamment décroissante.
Surtout si l’on se souvient que cette
anomalie a été signalée par le SNPL dès 1988 !
Le CEV écrit qu’ils
« sont convaincus que le paramètre d’accélération Jx présentait
des valeurs physiques et une évolution globalement cohérente ».
C’est faux et le CEV a dissimulé cette anomalie
en pleine connaissance de cause.
Un signe d’accélération des données d’un vol
restitué par un ordinateur ne peut changer sans qu’il y ait une
intervention humaine
Quant aux experts judiciaires VENET et BELOTTI,
on ne peut comprendre qu’ils n’aient pas perçu cette dissimulation
délibérée d’un changement de signe anormal.
Analyse des bandes magnétiques CVR et DFDR par la
société MICRO SURFACE :
Les experts VENET et BELOTTI ont orienté les Juges
La mission de cette société était de
déterminer si les bandes CVR et DFDR avaient bien tourné dans les
enregistreurs « Tribunal » et vérifier qu’il n’y avait pas
trace de manipulations frauduleuses sur ces bandes. Cette mission
ne portait que sur
l’aspect extérieur des
bandes et excluait l’analyse des paramètres.
Ces investigations du Professeur
ROQUES-CARME et de Mme WEHBI donnèrent des éléments très
intéressants, en montrant notamment que le passage répétitif d’une
bande magnétique sur les têtes d’enregistrement ou de lecture
provoque sur elles l’incrustation de débris d’usure qui se
comportent comme des outils abrasifs. Ces
rugosités provoquent des stries
parallèles le long de la bande, qui sont des invariants pour toutes
les bandes ayant tourné dans un même appareil.
Les conclusions les plus marquantes de
ces experts sont les suivantes :
- « Il persiste une
indétermination, non dépendante de notre fait, sur l’ensemble des
données fournies, fondée sur la mauvaise qualité des pièces à
analyser. Il a été constaté en particulier que les bandes dites
originales présentent des froissements et des pliures dans des
parties où les conclusions doivent présenter une obligation de
résultats. Aucune donnée pertinente n'a pu être relevée dans la
partie froissée des bandes.
- La probabilité pour que la bande
CVR dite originale et la bande CVR test aient fonctionné dans le
même boîtier est très forte.
- La probabilité pour que la bande
DFDR dite originale et la bande DFDR test aient fonctionné dans le
même boîtier est très forte.
- La probabilité pour que la bande
CVR dite originale ait été « modifiée » est quasi nulle.
- La probabilité pour que la bande
DFDR dite originale ait été « modifiée » est quasi nulle.
- Les bandes dites originales et
les têtes des boîtiers ont subi des dégradations certaines qui ont,
d'une part, rendu l'expertise difficile et, d'autre part, empêché
l'accès à certaines informations métrologiquement structurales.
- les parties les plus
pertinentes des bandes, c’est à dire celles qui correspondent à
quelques secondes avant l’accident, sont dégradées.
Nos conclusions n'excluent pas
1a possibilité que les bandes dites originales aient pu être mises
en fonctionnement sur un banc de lecture ou d'enregistrement pour
une durée assez courte. Dans cette éventualité :
- si 1es bandes ont été
seulement lues, 1es conclusions de 1'expertise restent valables,
- si les bandes ont subi un
enregistrement, seule une mesure du décalage temporel des signaux
enregistrés pourra le prouver. ».
(Ndr : c’est nous qui mettons en
gras).
Des conclusions très nuancées de
cette expertise, MM. VENET
et BELOTTI n’ont retenu dans leur rapport final que les phrases :
« la probabilité pour que les bandes DFDR et CVR dites originales
ait été modifiée est quasi nulle » et « la probabilité pour
que la bande DFDR originale et la bande DFDR test aient tourné dans
le même boîtier est très forte ».
Effectivement, ces phrases figurent
bien dans le rapport de Microsurface.
Mais ces deux phrases retirées de
leur contexte laissent à penser que ces conclusions valent non
seulement pour l’analyse en surface des bandes, ce qui était la
mission de l’expertise, mais aussi pour le contenu des paramètres,
que MICROSURFACE n’a pas étudié.
Lorsque l’on met ces deux phrases
soigneusement sélectionnés en comparaison de l’intégralité des
conclusions données par Microsurface et citées ci-dessus, il est
patent que les experts font une conclusion lacunaire, délibérément
orientée dans le sens de la version étatique, alors que leur devoir
d’experts leur commandait de rendre compte des faits constatés.
La mission limitative du Professeur
CARME et de Mme WEHBI ne portait que sur l’aspect externe des
bandes et non pas sur leur contenu. Leur expertise ne donnant
aucune certitude sur une éventuelle falsification du contenu
de la bande, ils prennent la précaution de renvoyer à une autre
expertise le soin de vérifier « le décalage temporel des
signaux » pour vérifier si une falsification avait pu être faite.
Encore fallait-il que ces
informations arrivent aux magistrats, qui ont pensé que les
conclusions de cette expertise étaient les seules phrases citées par
MM. VENET et BELOTTI, et quelles s’appliquaient aussi bien au
support qu’au contenu.
En travestissant ainsi les faits
exposés par MICROSURFACE, les experts VENET et BELOTTI ont
contribué à former chez les juges une intime conviction qu’aucune
falsification n’avait eu lieu, alors que cette expertise attirait
leur attention, à mots couverts, sur le fait que justement elle
était possible et qu’il convenait d’approfondir.
De plus, ils se trompent ou
mentent !
Non contents de faire un résumé
délibérément lacunaire de deux phrases sur un rapport de 100 pages,
MM. VENET et BELOTTI n’ont aucunement hésité à écrire dans leur
rapport que « Microsurface n’a jamais écrit que les parties les
plus pertinentes sont dégradées », alors que cette mention
figure en page 14 du rapport ROQUES - WEHBI. Par cette phrase, ils
répondaient à Me AGRON, l’avocat de M. ASSELINE, qui leur avait
signalé cette remarque du rapport de MICROSURFACE. Ce faisant, ils
présentaient donc cet avocat comme un menteur et ils affermissaient
la thèse d’une non-falsification.
L’expertise du DFDR aux USA montre qu’il marche
parfaitement, alors que la bande « originale » témoigne de trois
pannes différentes !
Aucune leçon n’en fut tirée par MM. VENET et BELOTTI de
cette preuve de falsification
MM. VENET et BELOTTI se sont déplacés
en Floride en janvier 1991 chez FAIRCHILD, fabricant des
enregistreurs, où ils ont été reçus par M. HARMAS, expert de cette
entreprise.
M. HARMAS a constaté deux anomalies
sur la bande DFDR dite « originale » :
- de façon anormale sur cette bande,
on constate des retours d’enregistrement intempestifs sur la piste
N°l, appelés « sauts de piste », alors qu’ils auraient dû
être enregistrés sur d’autres pistes.
- de plus, d’autres pistes sont
anormalement vides d’informations, partiellement ou totalement,
résultant d’une panne d’arrivée des données. Ceci indique une
deuxième panne, différente, les données normales étant
remplacées par l’enregistrement de tops tous les 100 millisecondes.
Les tests qu’effectue Mr HARMAS sur le
fonctionnement de cet enregistreur montrent qu’il marche
parfaitement!
« Le DFDR examiné a satisfait à
toutes les exigences applicables aux DFDR neufs expédiés à nos
clients américains . »
« Après une absence de données ou
la réception de données erronées pendant 64 secondes, le système
envoie au cockpit une alarme qui allume un voyant OFF ou FAULT
pendant 4 secondes. Cette séquence est répétée aussi longtemps que
les données vers l’enregistreur DFDR sont mauvaises. ».
Ceci implique que si le DFDR
avait enregistré réellement cette panne, elle aurait été signalée
aux pilotes d’AIRBUS ou d’AIR FRANCE qui ont volé sur cet avion
avant sa livraison.
Mais aucune panne de ce genre ne
fut signalée.
« Mon seul souci ici est celui de
la sécurité des vols. Le DFDR est destiné à conserver les données
avion des dernières 25 heures de vol et sur cette bande DFDR,
l’historique de ces données n'a pas été enregistré correctement.
J'ai attiré l’attention de Messieurs Venet et Belotti sur ce
problème. »
« J'espère que ce constat ne
constitue pas un problème, mais j’ai cru de mon devoir de faire
rapport à ce sujet ».
A mots couverts et beaucoup de
précautions vis à vis d’experts qui lui amènent un enregistreur
bon pour la livraison et une bande qui implique trois pannes
différentes, M. HARMAS s’efforce de faire comprendre qu’il y a
anguille sous roche.
Selon le rapport des experts, ce DFDR
fonctionne parfaitement jusqu’au 23 juin 1988 et ce n’est qu’à
partir de 3 jours avant l’accident que se produisent des sauts de
pistes si opportuns. Ce n’est pas de chance, pour un appareil
déclaré impeccable par son fabricant après l’accident!
Mais à toutes choses malheur est bon
puisque le choc de cet accident ramène le DFDR dans le droit chemin.
Il guérit tout seul et se trouve aux normes de livraison après avoir
tant fauté. Passe encore si le vol avait eu lieu à LOURDES, mais en
ALSACE !
Si l’on ne croit pas aux
miracles, la seule explication à cette guérison est celle d’une
falsification de la bande du DFDR.
Ces pannes ont été créées pour
permettre une modification des données sur un ordinateur et qui ne
soit pas trop complexe à réinsérer sur une bande magnétique (voir
processus de falsification ci-après).
Quant aux experts VENET et BELOTTI,
ils ont constaté ces faits, mais n’en n’ont tiré aucune conclusion
sur ce qu’elles impliquaient
La preuve de la falsification de la bande vidéo officielle
est irréfutable
La preuve en est
apportée sur le terrain par la disparition de commentaires faits par
haut-parleurs, qui ont été tout simplement supprimés de la bande
vidéo officielle retenue par le Juge d’instruction et qui fut prise
par la société KARSENTY .
Les commentaires du
présentateur du meeting ont été diffusés par des haut-parleurs
disséminés sur le terrain d'HABSHEIM. Ils étaient parfaitement
audibles de la tour de contrôle sur laquelle se trouvait le
cameraman KARSENTY, puisque l’on entend ces hauts parleurs sur la
bande son de cette vidéo, qui fut retenue par la Justice comme
moyen de preuve.
Ces commentaires furent
également enregistrés par un cameraman amateur, qui vendit son film
à FR3. Ce film fut capté par M6 lors de sa transmission hertzienne
sur PARIS et diffusé immédiatement.
Il est donc possible de
vérifier très facilement s'il y a concordance ou pas entre ces deux
enregistrements.
Bande dite « M 6 »
On peut diviser les commentaires
enregistrés sur la bande son du film M6 en 3 séquences: A, B, et C
- la séquence A,
commence pendant le dernier virage de l'avion pour s'aligner sur
l'axe de passage . Elle est constituée des paroles suivantes :
« Oh la, regardez ça, quelques dix
mètres du sol, superbe! ».
- la séquence B,
entre la fin du virage et l'arrivée dans les arbres :
« 150 passagers à bord aussi,
précisons-le, des passagers qui doivent être ravis, écoutez ce
silence surtout...(bruit sourd)...je crois qu'il y a des
applaudissements, regardez les arbres...SUPERBE (fort)! ».
- la séquence C,
commence après l'émergence de la colonne de fumée :
« Nous demandons aux personnes qui
ont des films...... ».
Bande officielle « KARSENTY »:
On retrouve les
séquences A et C, mais la séquence B a purement et simplement
disparu !
Il n'y a plus une seule
trace du commentaire de cette séquence, le mot SUPERBE pourtant
prononcé fortement est absent. Comment expliquer cette disparition,
alors que le message qui a disparu était prononcé d’une voix forte ?
A la place, on entend
un bruit de moteurs au ralenti, se terminant par une montée en
régime avant les arbres. Ce bruit a pu être celui enregistré par un
micro placé devant n'importe quel avion effectuant un passage
moteurs au ralenti, suivie d’une remise en poussée.
L’absence de la
voix de ce commentateur prouve que la bande son du film qui a
servi de support à la commission d’enquête a été falsifiée, selon
toute vraisemblance pour mettre en place une montée en régime des
moteurs conforme à la version officielle.
Bien que cette
falsification qui ait été signalée au Juge d’instruction par la
défense, cette bande truquée a servi de référence pour une expertise
spectrale, qui voulait prouver une reprise normale des moteurs de
l’avion !
D’autres analyses
spectrales comparatives demandées par la défense ont été refusées
par le magistrat instructeur.
Il eut été du devoir des experts VENET
et BELOTTI de prendre acte de la falsification avérée de cette bande
vidéo, de l’écarter de leur enquête et de demander la recherche des
auteurs de cette fraude.
Les données du DFDR dépouillé par AIR FRANCE sont
différentes de celles officielles
Cette information fut dissimulée par MM. VENET et BELOTTI
L’original
de la bande DFDR a été prêté illégalement à AIR FRANCE par l’expert
AUFFRAY du 26 juillet au 17 août 1988. La compagnie n’ayant pas les
moyens de traitement de cette bande, le CEV lui fournit une copie de
cet original sur un format informatique adéquat.
Ce traitement par AIR FRANCE a
permis de mettre en évidence une manipulation. Le responsable
informatique de la compagnie qui a traité ce dossier a signalé
par lettre aux experts VENET et BELOTTI que dans les paramètres
tirés à partir de la bande informatique fournie par le CEV, il
n’a été trouvé trace, ni de l’immatriculation de l’avion, ni de
l’heure.
Alors que cette bande informatique
était sensée être la copie rigoureuse de la bande originale du
DFDR !
En informatique, deux lectures de la
même bande ne peuvent fournir que des paramètres identiques, à moins
d’intervention humaine. Or, sur les listings
diffusés par le CEV dans les jours qui
suivirent l’accident, avant la remise à AIR FRANCE,
l’immatriculation de l’avion n’apparaissait pas mais l’heure était
portée.
D’autre part, ces paramètres figurent
bien sur la bande officielle qui apparaît en Justice un an après
l’accident.
On en déduit donc que
l’immatriculation et l’heure qui auraient dû figurer dans la bande
fournie à AIR FRANCE ont été volontairement effacées, sans doute
parce qu’à ce moment de la falsification, ces éléments devaient
être incohérents. Ils ont été réintroduits sur la bande dite
« originale » postérieurement au prêt à AIR FRANCE .
MM. VENET et BELOTTI n’ayant pas
fait mention de cette anomalie signalée par AIR FRANCE, ce
témoignage essentiel ne pouvait donc qu’échapper au Juge d’Instruction
et aux magistrats, à moins pour ceux-ci de lire en détail toutes
les pièces du dossier (17.000 pages !).
Ces experts étaient parfaitement
informés de l’indice supplémentaire de falsification
qu’entraînaient ces anomalies.
Les experts n’ont fait aucune recherche sur les anomalies
des listings
Les experts VENET et BELOTTI n’ont
fait aucune enquête sur les anomalies et désynchronisations de
paramètres que présentaient les premiers listings de l’accident.
Quand la défense protesta contre cette carence, les experts adjoints
CEV-SCHLUMBERGER répondirent : « il n’entre pas dans notre
mission d’expertiser les raisons des désynchronisations ayant
affecté les listings provisoires ».
On notera que les expertises
avaient pour objet de pallier les lacunes de procédure judiciaire
pour rechercher les traces d’une falsification ! Vouloir ignorer
délibérément les débuts de l’enquête durant laquelle s’était
justement joué une éventuelle falsification n’était assurément pas
le moyen d’atteindre ces traces de fraude.
Mais cette indifférence était un
moyen sûr pour être certain de passer à côté !
MM VENET et BELOTTI ont considéré qu’il était de droit de
voler avec des passagers sur ce vol de meeting
C’était faux !
Pour l’analyse de cette présence de
passagers à bord, les affirmations des experts judiciaires VENET et
BELOTTI et du Juge d’instruction ne furent pas plus pertinentes que
celle d’AIR FRANCE.
Tous déclarèrent que l’arrêté du
5.11.1987, qui réglementait l’emploi des avions de ligne, ne
prévoyant pas d’interdiction de passagers lors de vols de
présentation, on ne pouvait prohiber ces vols !
C’est la défense du Cdt ASSELINE
qui dut rappeler l’existence d’un arrêté daté du 19 juin 1984, qui
interdisait les vols de présentation avec des passagers à bord.
Si cet arrêté avait été respecté,
les seules personnes qui auraient dû se trouver à bord auraient été
les deux pilotes. Il n’y
aurait eu ni passagers, ni équipage commercial lors de ce meeting
aérien et l’on aurait évité la mort de trois passagers, et les
blessures de 50 autres.
Même le Procureur de la République
fut trompé par les écrits de MM. VENET et BELOTTI.
Si les experts judiciaires avaient
lu le préambule de cet arrêté de 1987, qu’ils ont publié dans leur
rapport, ils auraient pu constater que la liste des arrêtés rendus
caducs par la publication du texte de 1987 ne mentionnait pas
l’abrogation de l’arrêté du 19 juin 1984 prohibant les passagers en
meeting.
Ce texte restait donc toujours en
vigueur lors de l’accident, car tant qu’il n’est pas explicitement
abrogé par un autre texte de rang au moins équivalent, un texte
administratif reste en vigueur.
Il ne fut abrogé qu’en avril
1996 par le biais d’un
arrêté réglementant les manifestations aériennes.
Le Tribunal Correctionnel a bien
pris acte de cette interdiction de passagers à bord lors d’un
meeting aérien. Il a rendu le Directeur des Opérations d’AIR FRANCE
responsable de cette présence de passagers.
Cette responsabilité a été
confirmée en Cour d’appel.
Les experts n’ont donné aucune explication à une
impossibilité aérodynamique
Michel ASSELINE avait choisi de faire
un passage à une vitesse faible, à ce que l’on appelle les grands
angles d’incidence de l’aile.
L’incidence d’une aile d’avion est
l’angle qui existe entre le plan médian de l’épaisseur de l’aile et
la direction d’écoulement des filets d’air sur cette aile. Si la
vitesse de l’avion diminue, cet angle augmente ainsi que le
coefficient de portance de l’aile. Mais comme toutes les choses ont
une fin, une fois passée par un maximum, la portance de l’aile
s’écroule. Il y a alors perte de sustentation quasi totale et
décrochage en dessous de cette vitesse. L’avion chute et le
rattrapage demande de la poussée et entraîne une perte d’altitude. A
cette vitesse de décrochage, l’incidence est de 21° sur A.320.
Sur A.320, les commandes électriques
savent détecter l’approche de cette vitesse de décrochage et, dans
certains cas, remettent de la poussée comme nécessaire et
éventuellement font piquer le nez de l’avion si cela ne suffit pas.
AIRBUS a installé une protection du
vol à une vitesse située 6% au-dessus de cette vitesse de décrochage
et cette vitesse a été appelée « Alpha Max », correspondant à
l’incidence maximale à laquelle l’avion peut être effectivement
piloté, à la main ou à l’aide du pilote automatique.
A HABSHEIM, on constate que
l’avion aurait volé à la vitesse de décrochage de 113 kt, selon
le DFDR « officiel », mais que l’incidence n’a jamais
dépassé 14,5°, alors qu’elle aurait dû être de 21°!
A l'incidence de 14,5° correspond
une vitesse de l'avion de 128kt et une seule, et pas de 113kt!
Il y a donc là quelque chose de
très troublant, car en
aviation, à une vitesse ne peut correspondre qu’une seule
incidence.
Il est à signaler qu’à aucun
moment, MM. VENET et BELOTTI ne se sont saisis de cette
incompatibilité entre l’incidence et la vitesse. Ils ont posé à
Airbus 141 questions, mais pas celle-ci :
« Comment peut-on se trouver
simultanément à la vitesse de décrochage et à 14,5°
d’incidence au lieu de 21°»
Contrairement aux affirmations de MM. VENET et BELOTTI, le
vol à Alpha Max n’est pas un vol en situation d’urgence
Sur la foi de ce que leur disaient
leurs experts, les magistrats reprochèrent à M . ASSELINE de s’être
mis dans une situation d’urgence en envisageant d’aller jusqu'à la
vitesse d’Alpha max. Cette affirmation ne correspond pas aux règles
d’emploi des AIRBUS A.320.
Dans l’aéronautique civile, le terme
« situation d’urgence » définit des situations critiques qui
nécessitent des actions très précises qui sont toujours associées
à des check-lists d’urgence. Il y a les check-lists
correspondant aux procédures normales et celles concernant les
procédures d’urgence.
A l’évidence, l’usage du domaine
normal de vol ne peut faire l’objet d’une check-list d’urgence,
qui n’existait pas au moment de l’accident, pas plus qu’aujourd’hui.
L’argument des experts VENET ET
BELOTTI est donc erroné.
LES AUTRES ELEMENTS DE LA BANDE DU DFDR QUI TEMOIGNENT D’UNE
INTERVENTION FRAUDULEUSE
Des trajectoires Radar et
DFDR gravement divergentes
L’enregistrement de la trajectoire
radar est une donnée essentielle qui sert de support légal dans
toutes les enquêtes officielles internationales d’accidents d’avion
lorsqu’elle se trouve disponible.
Ce relevé radar est aussi utilisé
même s’il n’y a pas d’accident, en cas d'écart de trajectoire au
décollage et à l'atterrissage, pour les Commandants de Bord qui
auraient « débordé » de la trajectoire prévue par les fiches
d’informations des aérodromes ; conduisant même à des amendes ou à
des sanctions délivrées aux compagnies. C’est dire que partout, on
attache de l’importance à ces enregistrements radars.
La précision réglementaire minimale
des radars est de 1/10 de mille nautique, soit 185 mètres et aucune
information aux équipages utilisant l’aéroport de Bâle-Mulhouse ne
fut diffusée signalant que le radar n’était pas dans ces normes.
La trajectoire enregistrée par le
radar est donc considérée dans tous les pays modernes comme un moyen
important d’enquête, sauf par MM. VENET et BELOTTI en France, qui
ont pu écrire dans leur rapport qu’ils ont écarté la trajectoire
radar, sous le prétexte « qu’ils n’avaient pu obtenir de
trajectoire radar assez précise. »
A aucun moment, ils ne signalent
les éléments qui leur ont permis d’apprécier « l’imprécision »
de ce radar.
Il reste que cette pièce existe. Elle
a été publiée au Journal Officiel dans le rapport de la commission
d’enquête administrative et les experts ne donnent aucune
justification qui pourrait permettre de prendre leur affirmation au
sérieux.
Il est très intéressant de comparer la
trajectoire fournie par les paramètres tirés du DFDR à celle tirée
du radar. On constate qu’elles divergent dès le décollage ; celle
du DFDR s'éloigne de la trajectoire radar, en restant à l'intérieur
de plus d'un kilomètre pendant le premier virage.
On constate aussi une autre bagatelle:
le développement de la trajectoire du DFDR est plus court que
celui du radar d’environ 3 kilomètres, ce qui correspond à plus de
30 secondes de vol, sur un vol de 5 minutes!
Concernant la précision des
coordonnées géographiques fournies par le DFDR, nous signalerons que
selon le constructeur des plates-formes à gyrolaser qui fournissent
cette position, l’écart aurait dû être de 150 m au maximum sur un
vol de 5 minutes, et que cette imprécision ne saurait expliquer des
divergences qui se chiffrent en kilomètres.
La mise à l’écart de cette
trajectoire radar par les experts n’était donc pas fondée, dans le
cadre d’une expertise menée selon les règles déontologiques et
objectives qui président dans l’Aviation Civile internationale.
Une alarme GPWS qui
n’apparaît pas sur le DFDR de façon anormale
et inexpliquée
Dans les compagnies soucieuses de
sécurité, les avions de ligne sont équipés d’un GPWS (Ground
Proximity Warning System), qui donne aux pilotes des alarmes vocales
diverses, lorsque la vitesse de rapprochement du sol est anormale.
Cet appareil est devenu obligatoire en France, après que l’on se
soit aperçu que le A.320 crashé au Mont St ODILE n’en était pas
équipé.
Dans le court vol d’HABSHEIM, cette
alarme s’est manifestée 44 secondes avant les arbres. Elle
s’entend très bien sur le CVR, mais elle n’est pas enregistrée
dans le DFDR, alors qu’elle aurait dû l’être.
L’hypothèse d’une manipulation
post-accident des enregistrements s’en trouve confortée. En
permettant une synchronisation plus précise du CVR et du DFDR, cette
donnée aurait contribué à conforter une falsification.
Aucun enquêteur, ni aucun expert
n'a été capable de donner une explication à l’absence anormale et
suspecte de cette information ! Mais elle subsiste.
Des volets qui sortent avant
que le pilote ne les ait demandés
Sur tous les avions, les volets sont
des surfaces qui s’abaissent sur le bord de fuite de l’aile, donc à
l’arrière de celle-ci. Leur but est d’augmenter la courbure de
l’aile, pour permettre à l’avion de voler à basse vitesse en toute
sécurité. Sur le A.320, il y a quatre positions de volets, la
position 4 étant celle d’atterrissage. Pour le passage d’HABSHEIM,
le Commandant avait logiquement choisi la position volets 3, car il
ne devait évidemment pas se poser sur cette piste en herbe.
Les données du DFDR et du CVR publiées
au Journal Officiel montrent que :
- les volets sortent de la position 1
à la position 2 de façon normale par rapport à l’ordre du CdB, avec
un décalage de 3 secondes entre l’ordre et le début du mouvement
(temps de réaction du copilote qui manie ces volets et inertie du
système).
- par contre, le mouvement des volets
de 2 à 3 se produit 1 seconde avant que le pilote ne l’ait
ordonné! Si l’on ajoute un temps de réaction de trois secondes,
comme celui enregistré pour la sortie des volets à 2, on constate
donc que les volets sortent 4 secondes avant que le Commandant
n’ait donné cet ordre au copilote.
Il est inconcevable que le copilote
ait pris sur lui de sortir ces volets 4 secondes avant l’ordre du
Cdt, car il n’y avait aucune urgence et c’est une chose qu’aucun
pilote de ligne ne ferait, à fortiori s’il est chevronné comme
l’était le Cdt Mazières. De plus, s’il l’avait fait, cela n’aurait
pas été de façon sournoise, mais en l’annonçant, et on retrouverait
cette donnée dans le CVR.
Cette anomalie a été passée sous
silence par les experts de la Commission d’enquête administrative,
ce qui montre le peu de sérieux qu’il faut accorder à un rapport
pourtant publié dans le Journal Officiel de la République Française.
Il est cocasse de relier ce fait à la
déclaration de M. BECHET, Président de la Commission d’enquête
administrative, qui avait affirmé « que la corrélation était
assurée au 1/10 de seconde près entre le CVR et le DFDR ». A la
barre du Tribunal Correctionnel de COLMAR, M. BECHET a déclaré
qu’après sa prise de retraite d’AIR FRANCE, il a été nommé
responsable de la sécurité des vols chez ATR, filiale de l’AEROSPATIALE,
poste spécialement créé pour lui.