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Le
B737-800 MAX du vol ET302 d'Ethiopian Airlines qui reliait Addis-Abeba
(Éthiopie) à Nairobi (Kenya) s'est écrasé dimanche matin 10 mars
2019 avec ses 149 passagers et ses huit membres d'équipage près
de Bishoftu, à 62 km au sud-est d'Addis-Abeba.
Six minutes après le décollage, l'aéroport avait «perdu le contact»
avec l'appareil. |
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Edito de l'auteur de ce site
Le B737
MAX a subi 2 crashs à moins de 6 mois d'écart, qui plus est
selon un scénario quasi similaire: 346 morts! Depuis les accidents du "Comet",
(
http://www.crashdehabsheim.net/autre%20crash%20comet.htm)
cela n'était pas arrivé.
Même si
les enquêtes ne sont pas terminées, il apparait évident qu'a
chaque fois, le contrôle en vol de l'avion a échappé aux
pilotes.
Il y a une
autre évidence qui touche le 737 MAX, c'est le fruit d'une
nouvelle conception d'avions qui veut sécuriser le vol en
donnant la priorité à l'informatique au détriment de l'homme
jugé
faillible!
Airbus
était déjà passé par là dès la conception de l'A320: corriger
l'erreur humaine, celle des pilotes en l'occurrence, en donnant
la priorité aux systèmes automatiques de contrôle de vol.
Résultat garanti, l'avion décidait des limites de l'enveloppe de
vol à la place du pilote même si pour éviter le décrochage, il
emplafonnait la montagne. A Habsheim, l'A320 a choisit
d'atterrir dans la forêt plutôt que d'obéir au pilote.
Depuis
quelques années, des experts en comportements humains ont
dénoncé le désengagement des pilotes de la boucle de pilotage,
de plus en plus habitués à confier la trajectoire de leurs
avions aux automatismes. Ils désapprennent alors leur métier et
les compagnies aériennes engrangent des économies en limitant
leur formation.
Boeing, 30
ans après Airbus est tombé dans le même piège: confier la
priorité de la sécurité des vols aux automatismes. Cette
tendance mortifère aurait pu être atténuée en augmentant et
améliorant la
formation des pilotes, mais tant pour Airbus que pour Boeing
aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Airbus a caché certaines
caractéristiques de ses logiciels aux équipages et a refusé de
former les pilotes à sortir d'un impossible décrochage, selon le
constructeur.
Et Boeing
a "oublié" d'indiquer précisément le moyen de déconnecter le
MCAS (système qui empêche le décrochage en faisant piquer l'avion) en
cas de caprice du logiciel ou de fausses informations fournies
par les sondes d'incidence.
Erreurs
graves fatales. Airbus et Boeing sur le même plan!
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Des détails du crash de "Lion
Air" :
http://www.crashdehabsheim.net/autre%20crash%20Lion%20Air.htm
Une excellente analyse du crash de
Lion Air de notre ami Christian Roger:
http://www.jumboroger.fr/crash-dethiopian-airlines-il-y-a-quelque-chose-de-pourri-au-royaume-de-boeing/
Une autre analyse de qualité:
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/boeing-737-max-l-avion-qui-n-213822
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Extrait du
rapport préliminaire de l'accident de Lion Air:
La première [cause]
réside autour d'une erreur potentielle de conception du nouvel
équipement anti décrochage du système de contrôle de vol MCAS (Manoeuvring
Characteristics Augmentation System, littéralement Système
d'augmentation des caractéristiques de manœuvre) du Boeing 737
MAX et d'un manque de communication aux compagnies aériennes
concernant l'utilisation de ce dernier et surtout sur les moyens
de le rendre inopérant.
Il apparait
que dès les manœuvres de taxiage de l'appareil pour gagner la
piste, le manche s'est mis à vibrer pour avertir les pilotes
d'un décrochage. A partir du moment où l'équipage a rentré les
volets aux alentours des 3 000 pieds d'altitude (environ 900 m),
les deux pilotes ont lutté pendant plus de dix minutes contre le
nouvel équipement anti décrochage du système de contrôle de vol
du Boeing 737 MAX qui n'a cessé de modifier l'assiette de
l'appareil avec de forts mouvements en tangage, soit en adoptant
une assiette à piquer -26 fois au total, selon l'enregistreur de
vol- avant que l'équipage ne perde le contrôle de l'appareil. |
Une unanimité quasi mondiale, hors
Etats-Unis pour clouer le B737MAX au sol:
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/interdiction-de-vols-quasi-generale-pour-le-boeing-737-max-810427.html#xtor=EPR-2-[l-actu-du-jour]-20190313
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13 mars 2019 : arrêt mondial total des B737 MAX
Des pilotes américains
avaient déjà signalé des problèmes de commandes de vol fin 2018
sur une base de données anonyme de la NASA, sans résultat. Ce
n'est que 3 jours après l'accident
d'Ethiopian Airlines, 24h après l'EASA (tutelle de l'aviation de
l'UE) puis du Canada, que les USA se décident: « Nous
allons décréter en urgence l’interdiction de tous les vols des
737 MAX 8 et 737 MAX 9 », a déclaré M.
Trump depuis la Maison Blanche, précisant que cette décision
s’appliquerait
«
avec effet immédiat
».
« La sécurité
des Américains, et de tous les passagers, est notre priorité
absolue », a-t-il ajouté.
Cette décision a été prise selon des informations reçues et analysées
mercredi matin qui « viennent
de données satellitaires et suggèrent une similarité dans le
profil du vol de ces deux accidents », a expliqué le
ministre des transports Marc Garneau.
« Les experts ont comparé le
profil des deux vols et constaté
« des parallèles » dans leurs trajectoires et leurs
« variations » qui
« dépassent un seuil de ressemblance quant aux causes
possibles de l’écrasement en Ethiopie » |
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14 mars 2019 : Les "boites
noires" décryptées en France
C'est au BEA (Bureau d'Enquête et
d'Analyse) installé au Bourget que seront analysées les CVR et FDR du B737MAX. Les autorités éthiopiennes ont refusé d'envoyer
les boites noires aux Etats-Unis, constructeur de l'avion, puis
ont essuyé un refus poli des autorités allemandes qui se sont
déclarées incompétentes:
«C'est un nouveau type d'avion avec une nouvelle boîte noire et
de nouveaux logiciels. On ne peut pas faire l'anlyse » a dit Germout Freitag, porte-parole du
Bureau fédéral allemand chargé des
enquêtes sur les accidents aériens (BFU). Le BEA ne
s'est-il pas avancé, n'ayant lui non plus, jamais analyse ces
types d'enregistreurs ?
Mais en tous cas, le BEA ne servira
que de prestataire, la direction de l'enquête restant aux mains
de l'Ethiopie comme l'Egypte pour le crash du vol
EgyptAir MS804 en 2016 dont on
attend toujours les conclusions de l'enquête. Le BEA avait alors
effectué l'ouverture délicate de ces enregistreurs et lancé
l'analyse sans même se souvenir de ce qu'ils faisaient. |
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Séquence émotion, les deux "boites noires"
arrivent au Bourget |
14 mars 2019 : Le BEA reçoit
les "boites noires"
Moment d'émotion au Bourget, le BEA
reçoit une sorte de reconnaissance internationale de ses
compétences en récupérant l'analyse des deux enregistreurs de
vol du B737MAX, au nez et à la barbe des américains, soupçonnés
d'être juges et partie dans cette enquête. Rien à voir bien sûr
avec les enquêtes du BEA sur les crashs d'Airbus, où il n'était
en aucun cas ni juge, ni partie, promis juré, croix de bois, croix
de fer...!
Les médias français ont la mémoire
courte et ne tarissent pas déloges pour la compétence du BEA,
certes indiscutable, mais oublient son regard de Chimène pour
les concepteurs de Toulouse. Actualité éphémère oblige! |
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La photo du CVR diffusée par les éthiopiens. On note la partie
centrale blindée, intacte, contenant les cartes mémoires. |
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14 mars 2019 : Encore un
scoop du NYT
Le New York Times, ah que voilà un
grand journal! Il vient de publier la conversation entre les
pilotes et la tour de contrôle, avant même que le BEA n'est
ouvert le CVR. "Break, break, demande retour à la maison
[...] demande guidage pour atterrir" lance le pilote aux
contrôleurs,
selon les déclarations du quotidien américain sur la base d’une
personne ayant eu accès aux échanges entre l’équipage et ces
contrôleurs. (Présent dans la tour de contrôle ou auditeur de
l'enregistrement des échanges avion-tour?)
Les contrôleurs
observent alors que la trajectoire de l’avion oscille entre des
montées et des descentes de plusieurs centaines de pieds, le
signe que cela se passe très mal, selon ce même témoignage.
Souvenons-nous de
l'accident de
Germanwings dans les Alpes en 2015. Le NYT avait dévoilé les
événements dramatiques du cockpit avant tout le monde, obligeant
même la justice française à adopter ce scénario. |
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15 mars 2019: Boeing cherche
parking
Boeing ne livre plus les modèles
B737MAX 8/9 mais continue de les produire à raison de 52
exemplaires par mois. Où les stocker ? Question cruciale si la
situation dure plusieurs mois, ce qui n'est pas impossible si on
additionne le temps de l'enquête, celui d'étudier les
modifications techniques puis de les tester et enfin de les
industrialiser. |
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15 mars 2019 - Une analyse
de Michel Polacco dans "La Dépêche":
https://www.ladepeche.fr/2019/03/14/michel-polacco-les-ennuis-de-boeing-peuvent-profiter-a-airbus,8068136.php
M Polacco analyse le cas Boeing:
"[...]
Les pilotes d'essais de Boeing se sont
rendu compte qu'après le décollage, lorsqu'ils rentraient les
volets, l'avion se cabrait ce qui pouvait l'amener à décrocher.
Une situation anormale et dangereuse. On a donc installé un
logiciel en forme de « patch », de pansement, pour contrer ce
type de souci en analysant la position de l'avion grâce aux
informations envoyées par l'un des deux capteurs d'incidence. Si
les capteurs disent que l'incidence est trop forte, que l'avion
se « cabre » trop, pour faire simple, le système active le "pusher"
et repousse le nez de l'avion vers le bas."
[...]
Pour
mémoire, voici le cas Airbus:
Lors
des premiers essais en vol de l'A320, les pilotes des compagnies
aériennes qui testaient l'avion se sont plaint que les commandes
électriques installées plaquaient l'avion au sol assez
brutalement et les empêchaient de pratiquer l'arrondi pour
lequel ils avaient été formé. Airbus a alors installé
discrètement un "patch" qui faisait piquer l'avion à basse
altitude, ce qui forçait les pilotes à tirer sur le manche pour
le poser en douceur et exécutaient ainsi un arrondi. Cet ordre "à
piquer" de l'avion était enclenché automatiquement lorsque la
sonde de l'avion détectait une hauteur de 30 pieds (10m).
L'avion était dès lors programmé pour se poser…sur la piste.
Mais
lorsque la piste n'était pas là et que le pilote désirait
remonter?...Comme à Habsheim...
*
Un autre article de Suisse
https://www.illustre.ch/magazine/boeing-346-personnes-mortes-rien
*
Alors que l'instruction pour le
crash du vol AF447 en 2009 se termine,
"Entraide et solidarité AF447", principale
association de proches des victimes, a réagi
dans un communiqué en citant l'exemple du
crash d'Ethiopian Airlines
dimanche. L'association note qu'il s'agit là aussi d'un problème
"de sondes liées à des automatismes informatiques défaillants.
L'avion échappe au contrôle humain, les pilotes en dernier
recours doivent gérer l'ingérable". Mais "l'association déplore
la différence fondamentale de traitement d'une telle catastrophe
entre Boeing", qui admet des dysfonctionnements, "et Airbus". |
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15 mars 2019: Coup de théâtre
chez Boeing
Selon l'AFP, à la suite du crash de LionAir en octobre 2018, Boeing a
aussitôt commencé à
développer un correctif du logiciel MCAS. Il serait prêt depuis
décembre et pourrait commencer à être installé avant la fin du
mois de mars chez les premières compagnies clientes. Il ne
resterait qu'à organiser les mises en place des modifications.
On comprend mieux la
confiance du constructeur en poursuivant la fabrication du
737MAX, presque comme si de rien était. |
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16 mars 2019 : Parole d'expert
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Le capitaine Chesley B. Sullenberger III, reconnu aux États-Unis
comme un héros national après avoir fait atterrir avec succès un
avion de ligne sur la rivière Hudson en 2009, a critiqué la
mauvaise conception de l'avion Boeing
737 MAX 8, l'incapacité de
la société Boeing à réparer ses erreurs et l'extrême
insuffisance de la formation des pilotes, essentielle selon lui
pour faire face aux cas imprévus
«Selon les médias, le premier pilote n'avait que 200 heures
d'expérience de vol, […] ce qui est absolument insuffisant pour
quelqu'un se trouvant dans le cockpit d'un avion de ligne»,
a-t-il poursuivi. |
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17 mars 2019 : autres crashs
Etrangement, nul expert aéronautique
ne s'interroge sur deux autres accidents de B737: Flydubai
(B737-800) en 2016 à Rostov-sur-le-Don et Tatarstan (B737-500)
en 2013 à Kazan. Les deux ont eu lieu en Russie, ce qui explique
peut-être le peu d'intérêt des occidentaux pour ces crashs. Les
enquêtes avaient conclu à des fautes de pilotage même si des
questions restaient posées à propos de la gouverne de
profondeur, celle-là même qui est en cause avec le logiciel MCAS
de LionAir et Ethiopian.
Les deux avions se sont cabrés puis
ont perdu brutalement de l'altitude jusqu'à l'écrasement.
Crash de Tatarstan à Kazan
Crash de Rostov-sur-le-Don
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17 mars 2019 - Le BEA
communique:
Les
données contenues dans le CVR ont été téléchargées avec succès
par le BEA et remises à l’équipe d’enquête éthiopienne
(communication en leur nom) Le BEA n’a pas écouté les
fichiers audio. Des techniciens éthiopiens, de Boeing, du NTSB,
de l'AESA et de la FAA assistent aux travaux qui se poursuivent
sur le FDR.
Dès dimanche matin, le BEA
précise que les données contenues dans le FDR ont été
téléchargées avec succès à leur tour et remise à l'équipe
d'enquête éthiopienne.
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17 mars 2019 - les "boites
noires" parlent
"Lors de l'enquête sur
l'enregistreur des paramètres (FDR - Flight data recorder), des
similarités claires ont été notées entre le vol 302 d'Ethiopian
Airlines et le vol 610 de Lion Air", a déclaré la ministre
éthiopienne des Transports Dagmawit Moges au cours d'une
conférence de presse dans la journée de dimanche. La ministre,
interrogée à plusieurs reprises par des journalistes sur la
question, n'a pas précisé quelles étaient ces similarités.
Il y a quand même de quoi s'interroger
sur la vitesse avec laquelle les données du FDR (plusieurs
centaines de paramètres) ont été décryptées et analysées par les
éthiopiens dans la journée de dimanche puisque le BEA a déclaré,
la main sur le cœur, ne pas avoir examiné les paramètres après
avoir pu les extraire d'un FDR en mauvais état dimanche matin et
les avoir remis aux autorités éthiopiennes. C'est peut-être un
journaliste du NYT qui passait par là et qui a travaillé plus
vite que son ombre. |
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18
mars 2019 - Quelques infos complémentaires
Le MCAS est un
système nouveau sur la famille des moyens-courriers
737 MAX, dernière version du B737-100 lancé il y a
plus de 50 ans et relooké plusieurs fois pour
améliorer ses performances, en particulier sa
consommation en carburant. |
Boeing 737-100 |
Mais le B737 avait
un défaut majeur, la garde au sol de son train
d'atterrissage, trop courte. Il avait dès lors fallu
avancer la fixation du moteur et ovaliser le capot
moteur sur les modèles 300/400/500, puis avancer
encore la fixation des moteurs pour les versions
600/700/800/900 renommés B737NG avant de lancer la
Série B737MAX 8/9/10 avec ses moteur projetés plus
encore vers l'avant vu leur important diamètre et
leur poids. (Voir photo d'un B737 MAX 8 d'Ethiopian en tête de
cet article)
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Boeing 737-300 |
A chaque étape,
l'avion a vu ses ailes ou son empennage modifiés
sans jamais que l'étude d'un nouvel avion ne soit
entreprise. Airbus avait pris les devants sur le
marché avec les A320/A321 puis A320NEO et Boeing lui emboitait le
pas avec un temps de retard, accumulant les
"rustines" en repoussant sans cesse depuis
2006 le lancement d'un nouvel avion inspiré du "Dreamliner".
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Sondes AOA |
Revenons au MCAS, un
programme qui mesure l'angle d'attaque de l'aile à
l'aide de deux sondes AOA placées à l'avant du
fuselage ("Angle of attack"- AOA) Il met l'avion
en piqué en agissant sur le trim qui modifie l'angle
d'attaque de l'empennage pour éviter un décrochage de l'appareil. Ce
système est censé ne se déclencher qu'en cas de
cabré intempestif et donc de sortie du domaine de
vol, mais semble néanmoins prendre aussi les
commandes de l'avion quand il est dans les limites du
domaine de vol en raison de mauvaises indications reçues
par au moins une des deux sondes. Les pilotes mal
informés du système sont confrontés sans comprendre
à un effet "yoyo" en tentant de contrer le piqué de
l'avion.
Les pilotes sont perdants
dans ce combat car le trim commandé par le MCAS agit
sur la grande surface du PHR (plan horizontal
réglable) alors que le manche des pilotes n'agit que
sur les gouvernes, plus petites.
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Une vidéo explicative de Amine
Mecifi, alias Aldo Sterone:
https://www.youtube.com/watch?v=eVaKyjxuGm8 |
Du côté de la FAA
(organe de certification US) la certification du
B737MAX 8/9 et de son système MCAS pose question.
Les autorités de l'aviation américaine se sont-elles
un peu trop reposés sur les seules informations du
constructeur au lieu de procéder à des essais plus
poussés ?
Prenant pour excuse un
manque de ressources, la FAA,
au fil des années, a délégué de plus en plus de
missions à Boeing dans le processus de certification
de ses propres avions, comme l'écrit le "Seattle
Times". Et, selon des techniciens de la
FAA, au fur et à mesure
que le temps passait, on les pressait
“d’accélérer le processus [...] Le
développement du 737 MAX
avait neuf mois de retard sur son rival, l’Airbus
A320neo. Chaque seconde
comptait pour Boeing”, ajoute le "Seattle
Times".
*
Airbus a installé 3
sondes AOA sur ses appareils, mais lorsque les trois
se trouvent bloquées ou givrées, le pilote
automatique et les ordinateurs de bord, qui en
reçoivent les paramètres, ne savent plus faire et
l'avion, livré à lui-même, devient très
difficilement pilotable voire pire encore. Un
exemple du sauvetage d'un A330 par le sang froid du
pilote:
http://henrimarnetcornus.20minutes-blogs.fr/archive/2018/02/26/saga-aoa-saison-1-episode-10-941475.html
Sans vouloir
jouer les troubles fêtes, personne n'a l'air de se
souvenir qu'en 1987, au moment de la certification
de l'A320, de laquelle découle celle de tous les
modèles d'Airbus, la DGAC se serait (un peu, beaucoup?)
reposée sur les affirmations des ingénieurs de
Toulouse, n'étant elle-même pas encore rodée aux
nouvelles technologies. |
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18 mars 2019 - chute en
bourse
L’action Boeing a perdu plus de 12%
depuis l’écrasement de l’appareil d'Ethiopian Airlines. À
l’opposé, le cours d’Airbus a touché un plus haut historique:
+1100% en dix ans.
Ne nous réjouissons pas trop vite. Les
américains ne vont pas laisser démolir un des plus beaux
fleurons de leur économie, qui plus est, stratégique sans réagir
violement.
Chacun a pu constater ces dernières
années l'instinct prédateur de l'Uncle Sam vis à vis des
fleurons économiques étrangers, français en particulier, or
Airbus traine en ce moment quelques casseroles. C'est devenu une cible
facile. Attendons nous à une offensive de grande envergure de la
justice US pour venger Boeing pour ...."tuer" Airbus. |
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19 mars 2019 - La crise - Boeing et la justice US
montent en ligne
Le patron de Boeing, Dennis Muilenburg, a publié le 18 mars un
long message écrit et en vidéo pour tenter de rassurer ses
clients et leurs passagers sur l'engagement du géant de
l'aéronautique en matière de sécurité aérienne.
*
Parallèlement, la justice américaine s'en mêle et a décidé de
faire la lumière sur les relations entre Boeing et les autorités
fédérales chargées de certifier ses appareils 737 MAX. Elle a
assigné au moins une personne impliquée dans le développement du
programme 737 MAX à fournir des documents, incluant des lettres,
des courriels ou d'autres messages.
L'affaire "prend un tour entièrement nouveau avec l'enquête
criminelle", a réagi Scott Hamilton, expert aéronautique chez
Leeham Company. "Contrairement à la France où les enquêtes
criminelles sont habituelles quand il y a un accident d'avion,
c'est très, très rare aux Etats-Unis", souligne-t-il, se
souvenant d'un seul précédent, celui de ValuJet. Le 11 mai 1996,
un DC-9 de cette compagnie s'était écrasé en Floride faisant 110
morts. L'accident était due à une violation de la procédure dans
le transport de marchandises.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vol_592_ValuJet
*
La FAA autorise Boeing à
dispatcher les B737 MAX produits vers d'autres sites de stockage
pour éviter l'asphyxie des parkings de la zone de production.
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Les boîtes noires du Boeing 737
MAX d’Ethiopian Airlines seront analysées par le bureau
d’enquête éthiopien à Addis Abeba en collaboration avec les
enquêteurs américains du NTSB et français du BEA ainsi que
des représentants de la FAA et de Boeing. Contacté par
l’AFP, le Bureau français d’enquêtes et d’analyses (BEA) a
confirmé cette organisation et l’envoi d’une équipe de trois
enquêteurs qui se rendra sur place dès le
21 mars.
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22 mars 2019 - Annulation de
commande
La compagnie indonésienne Garuda a
annoncé renoncer à une commande de 49 Boeing 737 MAX 8 , une
première annulation de contrat pour le constructeur américain
qui pourrait en appeler d'autres.
« Nous avons envoyé une lettre à
Boeing demandant l'annulation de la commande », « les
passagers de Garuda ont perdu confiance » dans le 737 MAX et
ne veulent pas voler sur cet avion, a déclaré à l'AFP Ikhsan
Rosan, porte-parole de la compagnie indonésienne. |
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22 mars 2019 - Gratuit ou payant
Les B737MAX vont tous être doté d'un
signal d'alerte lumineux pour avertir l'équipage de tout
dysfonctionnement du système MCAS. Rien de nouveau en fait
puisque ce voyant existait déjà mais seulement en option
payante. Désormais, il sera gratuit et monté en série.
"American Airlines" et "Southwest",
les deux compagnies américaine les plus grosses utilisatrices du
B737 MAX avaient acheté cette option, mais pas "Lion Air" ni
"Ethiopian Airlines". Histoire de gros sous probablement.
L'équipage de Lion Air ne
connaissait même pas l'existence du MCAS sur son avion. Il
n'avait donc aucune raison de déconnecter un système dont "on
avait oublié" de le tenir informé. |
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25 mars 2019 - Le MCAS modifié sur les B737MAX
Boeing a présenté les modifications de son système MCAS aux
compagnies aériennes clientes. Elles ont été approuvé
"provisoirement" par la FAA. Le « nouveau » système MCAS va
d'abord être testé chez le constructeur américain sur
simulateur. Le "Wall Street Journal" précise que la
certification ne surviendra ensuite qu’après des essais
en conditions réelles, prévus cette semaine.
La mise à jour « adoucirait » les interventions du
logiciel MCAS,
l’empêchant de surpasser les ordres des
pilotes. Le MACS ne serait plus basé sur les informations d’une
seule sonde AOA mais des deux installées et des alarmes
préviendrait l’équipage en cas de dysfonctionnement d’une des
deux sondes.
Enfin, la formation des pilotes de 737 MAX détaillerait
clairement les conditions de déclenchement du MCAS et
expliquerait comment le déconnecter.
Les compagnies utilisatrices du
B737 MAX restent toutefois très prudentes et ne prévoient pas la
remise en service de leurs avions avant plusieurs mois, jusqu'en
septembre même pour certaines.
De leurs côtés, l'EASA et
"Transports Canada" ont prévu de réaliser une expertise
indépendante de la FAA.
Restera à
convaincre les passagers de remonter à bord des B737 MAX qui ont
acquis une réputation déplorable. |
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25 mars 2019 - Lobbying de
Boeing
Selon "The Washington Post", en 2018,
Boeing a dépensé 15 millions de dollars afin de faire du
lobbying auprès du Congrès, de la Federal Aviation
Administration (FAA) et d'autres agences fédérales pour se
soustraire à leur contrôle.
C'est
à cause de cela, poursuit le journal, que quatre semaines avant
l'accident en octobre dernier de l'avion de "Lion Air", le
Congrès n'avait adopté que des «dispositions discrètes» qui
octroyaient en fait davantage de pouvoir à Boeing. |
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25 mars 2019 - Ethiopian, une
preuve d'amour ?
Malgré son accident et la délicate
campagne de réconciliation avec ses passagers, Ethiopian
Airlines annonce qu'elle garde sa confiance en Boeing alors
qu'elle a encore 29 appareils MAX en commande. Alors, preuve
d'amour ou sens aigu de business aéronautique ?
Restons pragmatique! Airbus ne peut
pas livrer plus d'avions, Boeing a orienté ses chaines vers la
version MAX et ne peut que très difficilement revenir vers les
versions antérieures plus grandes consommatrices de carburant.
Bon gré, mal gré, et le temps aidant, ce sont les B737MAX qui
vont équiper les compagnies aériennes pour une bonne part avant
que Boeing ne lance son successeur d'ici à plusieurs années. Les
compagnies qui renoncent à leurs commandes de MAX, où vont
manquer d'avions ou vont devoir se rabattre sur des modèles
périmés. Garuda a décidé avec son cœur plutôt qu'avec sa tête.
Elle risque de le payer!
Oui, les dirigeants d'Ethiopian
Airlines ont le bon sens des hommes d'affaires et marquent un
bon point vis à vis de Boeing qui traverse une passe délicate.
C'est justement dans les périodes
difficiles que l'on compte ses amis, dit un dicton plein de bon
sens. Probable que Boeing saura s'en souvenir.
Souvenons nous qu'Airbus, Douglas ou
De Havilland ont tous eu des passages difficiles dans leur
existence. |
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26 mars 2019 - Le nouveau
MCAS est arrivé
Devant 200 pilotes, dirigeants et
régulateurs, Boeing a présenté son "nouveau MCAS".
Le
correctif du logiciel prévoit d'empêcher que le système de
prévention des décrochages MCAS soit activé plus d'une fois et
qu'il soit complètement désactivé si les relevés des deux
capteurs sont trop divergents.
Il ne
sera désormais activé qu'une seule fois pour chaque événement
survenant en vol, plutôt que d'imposer des corrections répétées
comme celles qui auraient provoqué le crash de l'avion de Lion
Air et peut-être celui d'Ethiopian Airlines.
En outre, le MCAS sera désactivé lorsque les capteurs qui
mesurent l'angle d'attaque - un paramètre qui détermine le
risque de décrochage aérodynamique - divergent trop.
Que du bon sens! Mais
cela suffira-t-il pour calmer les appréhensions des compagnies
aériennes et surtout des passagers?
*
Après la série noire des
accidents du "
Comet", l'un de ses concepteurs osa dire devant les juges:
"Cet accident est du à l'esprit
aventureux et précurseur de notre race. Bien sûr, nous avons du
donner des otages au destin, mais il n'y a rien, dans toute
cette affaire, dont on puisse avoir honte". Espérons que nul
chez Boeing ou à la FAA n'émette la même idée. |
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Derrière les ennuis de Boeing, le leadership américain en péril
?
(Selon une étude de "Reuters")
Ces
vingt dernières années Boeing a dépensé davantage pour le
lobbying au Congrès que toutes les autres compagnies de
l'industrie militaire ou aéronautique. Rien qu'en 2018, les
frais de lobbying du géant aéronautique s'élevaient à 15,1
millions de dollars.
Le
plus grand bénéficiaire de cet argent était le Fonds républicain
de leadership au Sénat, créé par le sénateur Mitch McConnell
dont l'épouse, Elaine Chao, est secrétaire aux Transports et
supervise à ce titre la FAA.
Courant mars, le directeur par intérim de la FAA (Federal Aviation
Administration), Daniel Elwell, a déclaré aux journalistes que la
décision de la FAA concernant la certification des avions Boeing
MAX a été prise «suite à des consultations permanentes avec
Elaine Chao».
Aujourd'hui, les experts et les médias sont unanimes, la
communauté aéronautique ne fait plus confiance à la FAA. Cela
risque de retarder considérablement le redécollage du Boeing 737
MAX, ainsi que de perturber tout le calendrier des livraisons
d'avions aux clients et de fragiliser pour longtemps le géant
industriel américain.
Ce
sont les Chinois qui accablent le plus les constructeurs
américains. Le site progouvernemental chinois "Guncha" a publié
un grand article au titre moqueur: "La domination des USA s'est
effondrée, comme Boeing[…] Si les Américains étaient assez
intelligents, ils verraient que l'incident du Boeing n'est pas
une simple catastrophe aérienne mais clairement un signe que les
États-Unis risquent de perdre leur domination mondiale" |
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Le contrat
chinois, un marché de dupes ?
On
nous annonce que la
chine vient de commander 300 Airbus dont 290 A320 NEO mais
seulement 10 A350 long-courriers lors de la visite du Président
chinois à Paris.
N'oublions que la vente à une compagnie chinoise des 10 A350 a
déjà été annoncée au "Salon
de Farnborough" et
qu'un "pré accord" signé l'an passé faisait déjà
état d'une vente de 184 avions A320.
Il n'y
a donc que 116 nouveaux appareils, pas 300.
La
totalité de ces 300 avions sera livrée sur 10 ans, soit 30/an
alors qu'Airbus produit cette quantité chaque quinzaine dans ses
usines. Et celle de Tianjin en Chine en produit déjà 4 /mois
(bientôt 6) pour les besoins chinois et asiatiques, soit plus
que la commande récente ne le nécessite.
Que
reste-t-il alors de ce contrat pour les ouvriers de Hambourg,
Toulouse et leurs sous-traitants, à part les pièces envoyées à
Tianjin pour le montage final, comme d'ailleurs à Mobile en Alabama?
Boeing, en 2017, avait vendu à la Chine 260 B737, mais aussi et
surtout 40 B777/787 d'une plus grande valeur que le contrat
Airbus. Mais l'Empire du milieu avait par la suite rogné sur ces
chiffres.
Actuellement, les Chinois mettent au point leur C919, le frère
jumeau de l'A320 et futur concurrent des B737/A320. Même si aux
mêmes problèmes répondent le plus souvent les mêmes solutions,
il serait étonnant que les ingénieurs chinois ne se soit pas
inspiré sans guère de vergogne des Airbus A319/320 fabriqués sur place sachant que les
chinois imposent toujours des transferts de technologie pour
chaque contrat. |
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29 mars 2019 - L'enquête
avance
Selon le "Wall Street Journal",
le rapport préliminaire des enquêteurs montre que le logiciel
MCAS (Maneuvering Characteristics Augmentation System)
était activé avant que le 737 MAX 8 de la compagnie éthiopienne
ne s’écrase.
Ainsi les similitudes entre les crashs
de Lion Air et Ethiopian Airlines se multiplient à mesure de
l’avancement de l’enquête.
Il est à noter que les informations
sur les causes de ces accidents, qui intéressent la planète
entière, proviennent d'indiscrétions vers la presse et non pas
des instances officielles dont c'est pourtant la mission de
rendre compte de l'avancement de leurs enquêtes. |
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2 avril 2019 - La FAA refuse les modifications
proposées par Boeing
Les
modifications apportées par Boeing à son système MCAS (Maneuvering
Characteristics Augmentation System), n'ont pas été
approuvées par la FAA (Federal Administration Agency): "la
FAA ne va pas approuver le logiciel pour déploiement tant que
l'agence n'est pas satisfaite" de la mise à jour qui lui est
soumise et qui dit attendre maintenant de recevoir un nouveau
correctif de Boeing dans les "prochaines semaines".
Une
grosse déception pour Boeing qui répond: "Nous allons adopter
une approche méthodique pour développer et tester la mise à jour
pour nous assurer que nous prenons le temps nécessaire pour la
mener à bien".
Et
pendant ce temps, les B737MAX vont-ils continuer de sortir des
chaînes de montage?
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3
avril 2019 - Boeing a accusé l'équipage à tort
Nouvelles
révélations du "Wall Street Journal: Les pilotes ont bien
respecté la procédure d'urgence établie par le constructeur sans
pouvoir sauver l'avion. Les données tirées des boites noires
remettent ainsi en cause les affirmations de Boeing qui avait
accusé l'équipage d'incompétence.
Selon
le journal et ses grandes oreilles bien placées: "Les pilotes,
confrontés à un décrochage de l'appareil, ont suivi les
procédures prévues pour désactiver le MCAS , mais n'ont pas
réussi à en reprendre le contrôle. Ils ont alors tenté de
stabiliser manuellement l'appareil, sans succès, puis ont
rétabli l'alimentation électrique, ce qui a eu pour effet de
réactiver le système anti-décrochage, provoquant ainsi une perte
d'altitude fatale". |
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